Claude Lelièvre : Un précédent ''historique'' de votes sur une ''grève administrative'' 

Lors du congrès du SNES d'avril 1965, aucune décision n'est prise sinon de consulter individuellement les adhérents sur la poursuite de l'action en cours (à savoir une ''grève administrative'' contre la mise en place du système des filières ABCDEFG  voulue par le ministre de l'Education nationale Christian Fouchet)

 

"1ère solution: poursuite de la grève administrative au cours du troisième trimestre.

2ème solution: prolongement de la première étape de notre action (grève administrative qui cesserait le 6 mai) par une seconde étape sur la base des propositions mises au point par le congrès:

- un arrêt national de travail le jour de l'ouverture du débat parlementaire

-une série de grèves successives par groupes d'académies pendant la seconde quinzaine de mai ( période du débat parlementaire)

- une grève sans limitation de durée"

 

Le questionnaire reçoit 27528 réponses: les professeurs approuvent la poursuite de la grève administrative par 8383 voix contre 6856; mais 6328 se prononcent pour la transformation des modalités de l'action et 3564 pour l'arrêt national de travail le jour de l'ouverture du débat parlementaire. (questionnaire publié dans le supplément à l'US , du 26 avril 1965, n°12 bis; résultats publiés dans l'US  du 10 mai 1965)

 

Contrairement à la consultation actuelle décidée par la direction du SNES qui précède - elle-  l'action envisagée, cette consultation ''historique'' s'est faite en cours d'action, une ''grève administrative'' initiée par le Conseil national du SNES dès le 16 décembre 1964.

 

Suite à cette consultation individuelle de ses adhérents , le Conseil national du SNES du 6 mai 1965 décide de poursuivre la grève administrative, et demande qu’ « aucune note de composition ne soit donnée au troisième trimestre, y compris dans les classes d’examens » ; que les enseignants ne participent pas aux conseils de classe, et, pour le BEPC (le  "brevet'') et le baccalauréat, qu’ils ne portent sur le livret des élèves que des appréciations « sans mention de notes ».

Le ministère fait planer la menace de rétorsions financières sévères, voire de réquisitions. Et quinze jours plus tard, le même Conseil national du SNES estimant que la poursuite de la grève « risquait de rendre difficile le maintien de la liaison, déjà délicate », avec les parents d’élèves, décide de « transformer la forme d’action engagée, en demandant aux syndiqués du SNES de reprendre la communication normale des notes et la participation aux conseils de classe ».

Finalement, le 12 juin 1965, un décret instituant des filières A, B, C, D, E, F, G (un décret qui n’était, par ailleurs, d’aucune sorte un décret d’application d’aucune loi, mais totalement sui generis) paraît au Bulletin officiel. 

 

Claude Lelievre

 

 

Par fjarraud , le lundi 08 avril 2019.

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