Lycées : Le Se-Unsa demande des moyens ou le report de la réforme 

"On tire la sonnette d'alarme. A ce stade le ministre doit en urgence débloquer des dotations pour la mise en oeuvre de la réforme, créer un comité de suivi des programmes et s'engager à créer une autre spécialité en maths".  Appuyé sur un sondage auprès de 3264 professeurs de lycée (dont 27% d'adhérents Se Unsa) Stéphane Crochet et son syndicat alertent l'opinion et le gouvernement sur "l'échec à venir de la réforme" du lycée. Seulement 4% des enseignants pensent que la réforme va dans le bon sens.

 

Une mise en oeuvre décalée avec les objectifs annoncés

 

C'est un retournement pour un syndicat qui s'était déclaré favorable aux principes de la réforme. Le 27 mars, Stéphane Crochet, secrétaire général du Se Unsa, accompagné de plusieurs enseignants de lycée, a présenté un bilan accablant de la mise en place de la réforme du lycée général et technologique.

 

"La mise en oeuvre de cette réforme apparait en total décalage avec ses objectifs annoncés", estime le syndicat, "provoquant les incertitudes des élèves sur le choix des spécialités en première mais aussi la colère des enseignants face à une réforme opérée dans un contexte de suppressions de postes", écrit le Se Unsa.

 

Seulement 4% des enseignants favorables

 

Le sondage réalisé en mars 2019 par le syndicat auprès de 3264 enseignants de lycée montre que seulement 4% pensent que la réforme va dans le bon sens. 38% jugent l'offre de spécialités insuffisante, un pourcentage qui gonfle à 46% pour les options. 66% des enseignants jugent que le principe du choix des spécialités par les élèves est mauvais, ce qui contredit la position du syndicat. Pour les maths 69% estiment que l'offre n'est pas adaptée aux élèves.

 

Mais le rejet est encore plus fort dès qu'on touche aux conditions de travail. 76% des enseignants sont inquiets des effectifs en classe et 75% prévoient une baisse des dédoublements. 80% des professeurs se jugent mal informés sur la réforme et 86% n'ont eu aucune formation en prévision d'une réforme qui va s'appliquer en septembre.  Les programmes sont aussi jugés sévèrement : seulement 16% les trouvent meilleurs, 75% trop lourds.

 

Les établissements face au case tête des moyens

 

Les enseignants présents, tous responsables locaux du syndicat, décrivent les problèmes auxquels ils doivent faire face. "On voit les effectifs en hausse et la dotation baisser. On ne pourra plus accompagner les élèves de la même façon", explique Sandra Murphy (95). "La réforme est dévoyées", estime Mohamed Attia (59). "La carte des spécialités n'est pas satisfaisante. Par exemple en langues on aurait du lutter contre le tout anglais, ne pas laisser mourir l'allemand. Mais c'est le contraire". Dans la réforme les élèves ne peuvent prendre qu'une spécialité langue donc ils choisissent en général l'anglais. Le "libre choix de l'élève", promis par le ministre, est fortement limité par la réalité des contraintes de gestion des établissements.

 

Annuler les suppressions de postes

 

Le Se Unsa demande au gouvernement d'abonder les DHG  pour pouvoir ouvrir des groupes supplémentaires et un financement des options sur des crédits nouveaux (et non sur la marge de l'établissement comme c'est le cas dans la réforme). Cela veut dire des créations de postes alors que le ministère a prévu 2600 suppressions à la rentrée 2019. Le Se Unsa souhaiterait que les suppressions de postes soient annulées ainsi que la 2ème heure supplémentaire.

 

Le Se Unsa demande aussi la création d'une option complémentaire de maths en première pour les élèves qui souhaitent faire des maths mais pas à au niveau de la future spécialité. Sur ce point le syndicat rejoint une demande de l'APMEP (association des professeurs de maths). Il veut aussi un engagement de mettre en place un comité de suivi des programmes et de réviser les programmes.

 

Le Se Unsa souhaite aussi une carte des spécialités favorisant les établissements peu attractifs. "Le ministre avait annoncé des spécialités dans ces établissements mais on ne les a pas constatées", précise S Crochet. Enfin il demande une indemnité de controle continu, les épreuves du bac, qui étaient rémunérées, étant avancées dans l'année.

 

Un renfort important pour les anti réforme

 

Mais le ministère peut-il à ce moment de l'année trouver les moyens nécessaires ? Pour le Se Unsa, si le gouvernement ne change pas de politique, il faut reporter la réforme.

 

Cette mise au point du Se Unsa intervient alors que , selon le syndicat de personnels de direction Id Fo, 400 lycéens sont engagés dans la contestation ouverte de la  réforme (notes 20/20, démission de profs principaux etc.). La décision d'appliquer la réforme avec des moyens en baisse dans les établissements a révélé ce qui était peut-être l'objectif réel de cette réforme. En tous cas elle en rend l'application plus difficile et plus douloureuse pour les enseignants et aussi les élèves.

 

La nouvelle position du Se Unsa est un appui important à ceux qui contestent la réforme et qui en demandent l'abrogation ou le report. Le ministre semble en capacité de perdre la confiance des syndicats réformistes.

 

François Jarraud

 

 

 

Par fjarraud , le jeudi 28 mars 2019.

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