Menaces : Changement de ton à Paris 

Près de 300 enseignants des écoles parisiennes sont venus accompagner les 6 syndicats qui avaient obtenu une audience du recteur à propos des menaces portées sur les enseignants n'ayant pas fait remonter les évaluations nationales. A l'issue de la rencontre le Snuipp Fsu signale un "changement de ton" et une "rétrogradation des sanctions". "L'académie est dans une démarche de dilaogue", nous a confié Jérôme Lambert, secrétaire départemental du Snuipp Fsu.

 

"On n'accepte pas les menaces"

 

"Il faut alerter les parents que l'école primaire est en danger". Julien, directeur d'une école élémentaire Rep+ parisienne, est venu le 27 mars avec ses collègues manifester devant le rectorat. Il dénonce la suppression des directeurs et le fait que "les remplaçants ne seront plus des titulaires mais des contractuels". Mais s'il est là c'est d'abord par solidarité avec les enseignants menacés. "Des inspecteurs sont arrivés dans mon école. Nombre d'enseignants n'ont pas fait passer les évaluations nationales car elles sont inadaptées aux enfants en début de CP. Ils ont reçu par courrier une obligation de les faire passer sous peine de sanction. On n'accepte pas cela d'autant que les enseignants évaluent tout le temps. La sanction est disproportionnée".

 

Son école va manifester le 30 mars et fait grève le 28 mars. Celle d'Anne, une enseignante de maternelle Rep, fera grève le 4 avril, ce qui n'est pas fréquent chez elle. "On est solidaire avec les enseignants de CP menacés", nous dit-elle. "La loi Blanquer met en cause le système éducatif avec le regroupement des écoles où il n'y aurait plus de directeur. Certains enseignants n'ont aps fait passer les évaluations et des inspecteurs font du zèle et les menacent de sanctions". Pour elle ces évaluations sont inadaptées car trop difficiles et les supports sont différents de ceux que les enfants connaissent. "On n'a pas à adapter les enfants aux évaluations", dit-elle. "C'est elles qui doivent correspondre au travail fait en classe".

 

Changement de ton au rectorat

 

Environ 300 enseignants étaient présents place de la Sorbonne le 27 mars pour soutenir les représentants du Snuipp Fsu, Snudi FO, Se Unsa, Sud Education, CNT Ste et  Cgt Education. Mais c'était juste la partie immergée d'un iceberg de mécontentement. Plus de 200 écoles parisiennes ont signé des motions de soutien aux enseignants menacés. La grève du 28 mars (30 écoles fermées) a été portée par le terrain et n'émane pas des syndicats. La manifestation du 30mars devrait être suivie et on attend encore plus d'écoles fermées le 4 avril.

 

Dans ce contexte le recteur a changé de ton, selon le Snuipp Fsu. "Le recteur a annoncé une rétrogradation des sanctions disciplinaires envisagées puisqu'il n'est plus question de blâme mais d'avertissement qui pourrait n'être qu'oral si le ministère en décidait ainsi", affirme J Lambert. Il nous a précisé que le recteur serait attentif à la façon dont les enseignants sont traités par les inspecteurs et que ceux qui sortiraient du cadre normal seraient condamnés.

 

Selon le rectorat 35% des évaluations n'avaient pas été remontées dans l'académie. Après les visites d'inspecteurs et les menaces, il en manquerait encore 8% qui risquent fort de ne jamais remonter. Près d'un enseignant sur dix serait déterminé à ne rien céder.

 

François Jarraud

 

Menaces : témoignage

 

 

 

Par fjarraud , le jeudi 28 mars 2019.

Commentaires

Vous devez être authentifié pour publier un commentaire.

Partenaires

Nos annonces