Philippe Cosentino : De nouvelles opportunités en SVT avec EduAnat2  

Quelles sont les nouveautés promises par la nouvelle version d’Edu’Anatomist ? Le successeur de ce logiciel de visualisation d’imagerie anatomique et fonctionnelle permet d’étudier l’ensemble du corps à travers une interface plus intuitive. Philippe Cosentino, enseignant de SVT au lycée Rouvière à Toulon (83) a contribué à la construction d’EduAnat 2. Avec la vue 3D désormais possible, la distinction des 3 axes de polarités et la comparaison de deux images simultanément, l’enseignant revient sur cette nouvelle mouture « issue d’une large collaboration ». En lien avec les nouveaux programmes du lycée, le logiciel est téléchargeable facilement et permet d’éduquer le regard des élèves aux images scientifiques du collège au supérieur.

 

Quelles sont les nouvelles fonctionnalités de cette 2nde version d’Edu’Anatomist ?

 

Concernant ces nouvelles fonctionnalités, parce qu’il y en a, notons :

-          La présence d’une vue 3D qui permet de se repérer plus facilement dans l’espace

-          Des annotations qui indiquent le plan de chaque coupe (coronal, sagittal …) et les 3 axes de polarité (dos / ventre …)

-          La possibilité de comparer côte à côte 2 images différentes dans la même fenêtre

 

Et dans la banque d’images AnaPéda ? Que peut-on y trouver ?

 

Tout d’abord, on retrouve l’intégralité de l’ancienne banque (NeuroPeda) mais convertie au nouveau format, plus moderne (Nifti). De nouvelles images fonctionnelles du cerveau ont été rajoutées, notamment en rapport avec l’audition de sons … et de musique (avec activation des amygdales), afin de coller au nouveau programme.

 

Mais désormais, on trouve aussi des IRM médullaires, des scanners du thorax et de l’abdomen, des IRM de souris, de grenouille, et même un scanner de … pelote de réjection. On se diversifie en quelque sorte.

 

Quelles sont les utilisations pédagogiques que vous conseilleriez aux enseignants en classe ?

 

Dès l’an prochain, le circuit de la récompense apparaît en 2de. Il est possible de réaliser des activités très simples sur ce thème, en montrant par exemple, comment on est passé du paradigme d’un centre unique du plaisir à la notion de « système/circuit de la récompense ». Sans qu’il ait à les nommer, l’élève doit alors montrer qu’il n’y a pas qu’une seule aire cérébrale liée au plaisir, mais tout un « système » impliquant de nombreuses zones.

 

Ensuite il y a le programme de tronc commun de 1ère (enseignement scientifique) où il est attendu qu’on montre qu’écouter de la musique active des aires cérébrales spécifiques. De telles images existent dans la nouvelle banque, et sont très simples à exploiter. On peut par exemple demander à l’élève que contrairement à l’écoute d’un son simple, la musique, si elle est chargée d’un point de vue émotionnel, active également l’amygdale, impliquée dans les émotions.

 

Enfin, il y a le futur programme de terminale, qui je tiens l’information de diverses sources, devrait comporter des neurosciences. Mais pour l’instant il est vrai que nous n’avons aucune information concrète.

 

Peut-on l’utiliser en collège ? Et en post-bac ?

 

Sans hésiter, oui. Son interface est très simple, et peut être utilisée en cycle 4 sans aucune difficulté. L’interprétation des images fonctionnelles est intuitive et ne représente pas un obstacle pour un collégien avec ce logiciel. Et comme il faut montrer que des aires du cerveau s’activent lorsqu’est mise en œuvre une activité sensorielle, pourquoi s’en priver ?

Quant à un usage à l’université, EduAnat2 sera utilisé à l’université de Toulon dès cette année, en licence de biologie. Le fait qu’il fonctionne sous Linux a rendu possible son utilisation sur les ordinateurs des salles de la faculté de sciences, où ce système d’exploitation est le seul installé.

 

Quelles sont les priorités fixées par l’équipe pédagogique dans la construction du logiciel ?

 

L’équipe pédagogique, ce sont 3 professeurs de SVT ayant une certaine expérience du domaine ou de ce type de logiciel. Nous avons très longuement échangé entre nous et avec des chercheurs, informaticiens etc. pour nous mettre d’accord sur ce que nous souhaitions. Notre priorité c’était l’ergonomie. L’objectif était de proposer un outil que l’on peut prendre en main instantanément, sans aucune aide ou fiche technique. De plus, nous souhaitions que ce logiciel soit portable (il n’est pas nécessaire de l’installer) et fonctionne sur Mac, Windows et Linux.

 

Quel regard avez-vous sur les nouveaux programmes de SVT au lycée ?

 

Ils me déçoivent. Je les trouve peu attractifs. Je trouve notamment que la place qu’ils accordent à la physiologie est faible, on ne parle jamais du cœur, des muscles, des reins … à part l’immunologie et la sexualité, il y a finalement peu de place pour la biologie humaine dans ces nouvelles SVT. Je sais que ces parties ont déjà été traitées au collège, mais tout de même … face à des élèves de 2de, de 15 ans, qui n’ont pas forcément d’appétence pour cette discipline, j’aurais préféré traiter des notions qui les motivent davantage, notamment en rapport avec leurs préoccupations (à commencer par leur corps, ou un peu de planétologie, thème qui les fascine à cet âge). Les agrosystèmes, la sédimentologie … j’aurais préféré enseigner ces thèmes à un public plus mûr, en terminale par exemple.

 

Quelle place devrait être réservée aux neurosciences ?

 

Il y a déjà des neurosciences au programme dès le collège et heureusement.  Au moins une fonction sensorielle doit être traitée en détail au lycée, ainsi que la motricité. La dualité de nature électrique et chimique du message me semble incontournable, afin que nos élèves comprennent le mode d’action des drogues sur le système nerveux.

 

Aborder la plasticité permet de prendre un peu de recul, et d’éviter de tomber dans la caricature d’un système nerveux parfaitement comparable à un ordinateur ; de plus cette notion permet d’approcher des fonctions cognitives telles que l’apprentissage. A ce sujet je regrette qu’on n’aborde plus de cognitif, on pourrait par exemple, comme on le faisait jadis, reparler des aires impliquées dans le langage (sans tomber dans la caricature qui limiterait cette fonction à l’activation de quelques aires comme celle de Broca ou de Wernicke), et pourquoi pas, le faire avec un fil directeur épistémologique, tant il s’y prête bien pour cette partie. Et pour le coup, nous disposons d’un grand nombre d’IRM fonctionnelles exploitables en rapport avec le langage, alors croisons les doigts pour les futurs programmes de terminale !

 

Propos recueillis par Julien Cabioch

 

Accéder au logiciel EduAnatomist 2

Décryptage sur le site de Toulon

 

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Par fjarraud , le mardi 22 janvier 2019.

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