Katia Philippe : La collaboration en classe multi-niveaux 

Pas forcément bien vues, les classes multi niveaux ont leurs défenseurs. Katia Philippe en fait partie et elle explique pourquoi. Directrice de l’école maternelle Simone Veil, une école rurale située dans l’arrière-pays niçois à Puget-Theniers, Katia Philippe est convaincue de l’intérêt pédagogique des classes multi-niveaux. Elle a su convaincre ses collègues, Bénédicte Anfosso et Sabrina Morello. Aujourd'hui, les soixante-douze élèves sont accueillis dans trois classes de cycle, PS/MS/GS.

 

Katia a toujours travaillé en classe multi-niveaux. Au début c’est suite à sa première affectation, après sa titularisation, dans une classe unique. « De cette expérience, j'ai gardé l'envie de fonctionner à la fois en multi-niveaux, à la fois en utilisant des outils venant de la pédagogie Freinet ou Montessori que j'adapte en fonction de mes élèves ».

 

Des classes multi-niveaux imposées par les effectifs, au début…

 

Cela faisait un certain nombre d’années que les enseignantes en parlaient, sans franchir le pas. Enseigner dans une classe multi-niveaux, c’est un travail de préparation et organisationnel très important mais pas que… Ce qui effraie, bien souvent, c’est la gestion de classe. Comment accompagner tous les élèves si leur niveau diffèrent tant ? Katia, à l’initiative du projet, a su convaincre et rassurer ses collègues. « J'avais déjà démarré avec une classe de cycle. Le groupe d’élèves qui arrivait en grande section était important, et il fallait absolument séparés nombre d’entre eux. L’idéal était de les mettre dans trois classes différentes. Nous avions aussi une baisse d’effectif importante, « C’était beaucoup plus simple de construire une structure multi-niveaux, sinon les classes auraient très déséquilibrées ». Et enfin, Sabrina, enseignante de la petite section à l’époque, ressentait une forme de lassitude dans ce niveau d’enseignement ».

 

Tous ces éléments réunis ont achevé de surmonter les dernières réticences.  Alors, en effet, chacune des enseignantes a dû repenser sa pratique, mais très rapidement, elles ont ressenti les bénéfices d’une telle organisation, « l’enseignante de petite section avait moins d’élèves en pleurs et surtout moins longtemps. Et puis, toutes, nous constations que nous avions des élèves qui entraient plus rapidement dans les activités et qu’ils faisaient des progrès notables au niveau du langage ». Les parents, inquiets au début, ont été rassurés après la réunion de rentrée et des rendez-vous individuels pour les plus anxieux, mais aussi car eux même ont vu leurs enfants grandir « en s'épanouissant mieux et plus vite ».

 

Un apprentissage par les pairs, et une cohésion d’équipe renforcée

 

Katia est une convaincue de l’intérêt du collectif et de la collaboration entre élèves. « J'aime bien l'idée que les élèves apprennent aussi en dehors de l'enseignant en observant, en essayant d'imiter les autres, en écoutant ce que la maîtresse fait avec un groupe d'élèves plus âgés ou plus jeunes. L'apprentissage entre pairs, la coopération sont des données importantes de la classe multi-niveaux. Cela permet d'instaurer un autre état d'esprit quant au climat de classe : tutorat, responsabilité, entraide, solidarité en permettant à chacun de progresser à son rythme ». Alors en effet, cela implique un travail de préparation important, Katia y passe ses soirées, voire ses weekends. Le travail en équipe est aussi très riche. Obligées de faire évoluer leurs pratiques, les enseignantes travaillent ensemble, s’engagent dans des projets communs.  Elles ont mis en place des outils, sur le modèle de Freinet et Montessori, permettant l’autonomie des élèves lorsqu’elles sont accaparées par leurs camarades. « Pour ma part j'utilise le plan de travail pour les grandes sections dès le début de l'année. Pour les moyennes sections, je l’installe en cours d'année. Concernant les petites sections, cette année Bénédicte et moi nous avons installé des ateliers individuels autonomes. Nous veillons aussi à ce qu’il y ait toujours des moments collectifs autour de l'étude de l'album ou des écoutes d'histoire, des chants, des rituels ». 

 

Les enseignantes se sont aussi engagées dans plusieurs projets communs, comme la lecture de contes traditionnels « nous avons mis en place une lecture de contes traditionnels dans nos classes, nous lisons notre conte le jeudi matin après la récréation d'abord dans notre classe puis les semaines suivantes dans celle des collègues ». Mais aussi un travail sur Narramus, ou encore l’utilisation de l’application « je valide » pour le livet de suivi des apprentissages.  Les idées ne manquent pas à cette équipe dynamique, une professionnelle du théâtre intervient aussi régulièrement dans l’école depuis plusieurs années. La continuité avec l’école élémentaire est aussi préparée dès la petite section finalement, puisque des projets sont communs avec l’école élémentaire. « Les élèves de cycle 3 préparent des lectures à haute voix et viennent les présenter à nos élèves, il y a aussi des jeux mathématiques avec les élèves de cycle 2 ». Et pour clôturer l’année, deux classes partiront en classe de découverte.

 

Passer en classe multi-niveaux, a permis la mise en place d’un réel travail d’équipe, de construire une cohésion, « cela nous permet d'échanger plus au niveau de nos pratiques, des outils que l'on utilise, du matériel à préparer en amont, nous nous partageons le travail ». Alors oui, c’est du travail, surtout au démarrage mais quand on voit la qualité du climat scolaire de cette école, on se dit que cela en vaut sûrement la peine…

 

Lilia Ben Hamouda

 

 

 

 

Par fjarraud , le mercredi 28 novembre 2018.

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