"Oui l'Education nationale favorise la créativité de ses agents". JM Blanquer en a fourni la preuve en donnant lui même les prix "Impulsions de la modernisation participative" le 22 novembre. La quasi totalité des 18 projets lauréats concerne des applications numériques, y compris les trois prix. Pourtant une académie a misé sur quelque chose de nettement plus innovant à l'Education nationale : le bonheur.

De la gestion à la pédagogie

 "Ces prix illustrent notre capacité d'innovation". Créé en 2012 pour récompenser des initiatives innovantes prises par des personnels relevant de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur, les prix Impulsions sont décernés dans 20 académies avant la sélection de trois prix nationaux.

En 2018, 300 projets ont été soutenus par des agents et 18 ont été retenus en finale académique. Dans la plupart des cas il s'agit d'applications numérique spour faciliter la gestion ou le fonctionnement des services. "Les cloisons entre la gestion et la pédagogie sont inutiles", explique d'ailleurs le ministre. De meilleurs résultats en gestion se font au final au bénéfice de l'action pédagogique, estime-t-il.

Trois prix pour souligner la communication ministérielle

 Le premier prix revient à une plate forme numérique développée dans l'académie de Toulouse pour faciliter la gestion de Devoirs faits. Ce dispositif de soutien destiné aux collégiens est régulièrement mis en avant par la  communication ministérielle alors que son développement se passe mal. La plate forme permet aux parents d'inscrire en ligne leur enfant à Devoirs faits. Les encadrants (AED ou enseignants) notent l'attitude de l'élève et le contenu de la séance.

Le deuxième prix est remporté par Bac Analytics, une application numérique de l'académie de Nancy-Metz. Les auteurs ont imaginé un algorithme  qui prédit les matières que prendront les candidats admis au second groupe d'épreuve du bac. Elle permet donc de convoquer le nombre précis d'examinateurs nécessaires. Au final elle évite aux élèves d'attendre et aux enseignants examinateurs d'avoir des journées vides ou trop chargées. Elle a été expérimentée au bac 2018 avec succès. Ce projet rejoint un autre axe de la communication ministérielle : l'intelligence artificielle.

Le troisième prix est une simple plate forme de prise de rendez vous avec le service de conseil en évolution professionnelle de l'académie de Reims. Les agents peuvent prendre rendez vous en ligne facilement. Là on est sur un autre axe de la communication ministérielle : la "gestion des relations humaines de proximité" c'est à dire la suppression des cadres nationaux en matière de mobilité et carrière et la gestion des personnels par les cadres locaux. Avec ce projet, JM Blanquer donne un visage humain à un projet qui va bouleverser les statuts.

Et le bonheur ?

 Il y avait pourtant dans les 18 projets retenus, une initiative beaucoup plus innovante à l'Education nationale. Joël Chambertin (IPR d'espagnol) et Gilles Jeanne (chef de division au rectorat) ont porté de la Martinique à Paris l'idée de "managers du bonheur". Concrètement leur projet est tout simple : implanter au rectorat de Martinique un espace de détente où des volontaires accueillent et écoutent, en dehors de tout cadre hiérarchique. Mais symboliquement quelle force ! "Beaucoup de collègues nous ont dit que le mot bonheur n'est pas approprié car c'est l'Education nationale", confie J. Chambertin. Le mot bonheur leur a pourtant semblé la bonne formule, celle qui frappe. Mais une revendication peut-être trop innovante ?

François Jarraud