Cnesco : A quoi joue Blanquer ? 

Dans la nuit du 13 au 14 novembre, JM Blanquer s'est opposé au maintien du budget du Cnesco en même temps qu'il a à nouveau confirmé son maintien sous une autre forme. Le ministre donne l'impression de faire des promesses qu'il n'a aucune intention de tenir. A quoi joue Blanquer ?

 

 Créé en 2013, le Cnesco a en charge l'évaluation de l'Ecole. Présidé par N Mons, malgré des moyens limités, il a multiplié les études. Surtout il a renouvelé l'évaluation du système éducatif en proposant de nouvelles formes de colloque qui permettent d'associer les acteurs de l'Ecole et donc de diffuser les travaux des chercheurs. C'est le cas des "conférences de consensus", où chercheurs et praticiens construisent un consensus sur un thème donné, et des conférences de comparaisons internationales, comme celle qui s'est tenue les 8 et 9 novembre sur l'orientation scolaire.

 

Mais le Cnesco semble avoir une tare indélébile pour JM Blanquer. Le Cnesco est un instance indépendante qui mène des évaluations indépendantes. Non seulement il peut tenir un discours décalé par rapport à celui du ministère, ce qu'aucun service du ministère ne peut faire, mais il peut même tenir des conférences sur des politiques ministérielles et mettre en évidence ce qui ne va pas. C'est une situation que le ministre a déjà connu, entre 2009 et 2012, où le HCE, un organe indépendant, avait fortement retoqué les évaluations qu'il avait mises en place.

 

Dans le projet de loi sur "l'école de la confiance", JM Blanquer prévoit le remplacement du Cnesco par une nouvelle instance dont il nommera la grande majorité des membres.

 

Devant le tollé qui a suivi cette annonce, JM Blanquer a du reculer. De nombreux parlementaires, l'opinion, ont bien compris que ce qui se joue c'est l'avenir de l'évaluation de l'Ecole. La France a besoin d'une instance indépendante capable de faire le point des politiques ministérielles et non d'un nouvel organe de propagande.

 

Le 15 octobre sur France inter, JM Blanquer a promis de maintenir le Cnesco en lui donnant un statut universitaire. "Le cnesco est de nature académique. Nous allons créer une chaire indépendante pour aller encore plus loin. Cela nous permettra de faire progresser de manière claire notre école", a t-il déclaré à l'antenne.

 

Le 8 novembre, en ouvrant la conférence de comparaisons internationales sur l'orientation, N Mons a confirmé la déclaration ministérielle et annoncé la création d'une chaire.

 

Le 13 novembre, G Pau Langevin a défendu un amendement visant à doter le Cnesco d'un budget suffisant, à hauteur de 400 000 euros annuels. " Ce que propose le groupe Socialistes et apparentés", dit G Pau Langevin, "c’est que l’on donne au CNESCO les moyens de fonctionner. Dans leur rapport, nos collègues Régis Juanico et Marie Tamarelle-Verhaeghe ont écrit que le CNESCO, « en dépit de moyens limités, est  une instance prometteuse qui, en quatre ans, a réussi à mettre en place une méthode d’évaluation du système scolaire à la fois originale, scientifique et participative ». Cet amendement vise à donner au CNESCO les moyens de fonctionner".

 

La rapporteure LREM de la Commission de l'éducation, Catherine Osson se prononce contre l'amendement du fait de l'évolution du Cnesco. " Je suis en désaccord avec votre amendement. En effet, une réforme d’ampleur du système d’évaluation étant prévue, il ne paraît pas pertinent d’augmenter massivement les crédits d’une institution dont les missions vont sans doute beaucoup évoluer". Autrement dit, contrairement aux propos du ministre, le Cnesco ne devra plus faire d'évaluation des politiques publiques. Et même, sans budget, probablement il ne pourra rien faire du tout.

 

Quant à JM Blanquer, il affirme que "l’objectif n’est pas de supprimer le CNESCO, mais de renforcer son action". Pour lui le Cnesco " est devenu une entité d’expertise sur les politiques publiques, plutôt qu’une entité d’évaluation des établissements et des écoles de notre système scolaire. L’objectif est de prendre ce qu’il y a de positif dans la trajectoire du CNESCO et de lui donner un caractère encore plus académique et plus autonome dans le futur".

 

Mais cela ne l'empêche pas de se prononcer contre l'amendement et donc de couper les vivres au Cnesco au motif que " le budget pour 2019 augmente de 1 million les moyens en matière d’évaluation".

 

On est là véritablement dans le double langage. JM Blanquer doit donner les moyens d'exister à cette institution d'évaluation des politiques éducatives comme il l'a annoncé. A défaut tout le monde aura compris qu'il trompe la représentation nationale pour empêcher toute évaluation indépendante de son action rue de Grenelle.

 

François Jarraud

 

Débat à l'Assemblée

Cnesco : comment Blanquer enterre l'évaluation de l'Ecole

Sur France Inter le 18 octobre

 

 

Par fjarraud , le jeudi 15 novembre 2018.

Commentaires

Vous devez être authentifié pour publier un commentaire.

Partenaires

Nos annonces