Blanquer, bagarreur dans la bataille du budget 

"Je n'aime pas que perdurent des choses fausses. On ne fait pas d'économies sur l'éducation... Avis défavorable car vous dites des choses fausses et je suis défavorable au mensonge". Rarement on aura vu des propos aussi violents dans la bouche d'un ministre à l'Assemblée nationale. Pour ceux qui s'interrogent sur les conséquences du 12 novembre, il suffit d'écouter JM Blanquer. Rassuré par l'ampleur très modérée du mouvement d egrève, le ministre tire sur les syndicats, proclame le ralliement de la grande majorité des enseignants à sa cause et attaque avec fougue les députés de l'opposition. Quatre sujets se sont imposés dans cette première journée : les postes, la rémunération des enseignants, l'éducation prioritaire et la réforme du lycée professionnel.  

 

A quoi bon créer des postes ?

 

La question des postes est évoquée dans les questions au gouvernement puis par des amendements à la loi de finances. " Hier, pour la première fois depuis 2011, les syndicats se sont unis pour vous dire leur désarroi face à votre politique dévastatrice, avec à leurs côtés la première fédération de parents d’élèves. Monsieur le ministre, votre ministère supporte aujourd’hui plus de 40 % des suppressions de postes dans la fonction publique. Dites-nous combien seront supprimés au cours de l’ensemble du quinquennat, au regard de l’objectif affiché de réduction globale de 50 000 postes de fonctionnaires". Qu'avait dit là S Talmont (PS) ! " Nous voulons que les élèves arrivent en classe de sixième en sachant lire, écrire, compter et respecter autrui. Et je peux vous dire que c’est exactement ce que les professeurs du secondaire attendent", répond JM Blanquer.

 

JM Blanquer lache quelques chiffres sur les suppressions de postes. "La partie significative portera sur les stagiaires (du fait de la baisse des postes mis aux concours). Les postes à temps pleins devant élèves diminueront de 675 à la rentrée". Il calcule à sa façon l'impact de la croissance démographique : 4 élèves de plus  par lycée, 6 par collège.  D'où la conclusion de JM Blanquer : "les professeurs préfèrent un élève de plus dans leur classe,  mais des élèves ayant tous, ancrés en eux, les savoirs fondamentaux".

 

Rémunération

 

Le ministre lie cette question à la rémunération des enseignants. "Les professeurs savent que si on gère bien on saura les rémunérer.  À la fin de ce quinquennat, les jeunes professeurs gagneront 1 000 euros de plus par an qu’à son début. Cela ne s’est pas produit lors du précédent quinquennat. La solution n’est jamais de créer des postes pour en créer, mais de savoir faire des choix qualitatifs", affirme JM Blanquer. Ce qu'oublie de dire JM Blanquer c'est que la hausse des débuts de carrière et le fameux milliard résulte des accord PPCR signés par le gouvernement précédent et que le gouvernement, après un an d'hésitation, n'a pas osé jeter à la poubelle.

 

Faiblesse des syndicats

 

Mais le ministre se réjouit de la faiblesse des syndicats. "Des enseignants manifestaient hier, 10%", dit JM Blanquer. "Il y a la grande majorité qui comprennent ce que nous sommes en train de faire.. Les postes ne sont pas l'alpha et l'omega de la politique éducative sinon ça se saurait avec un million de professeurs pour 12 millions d'élèves".

 

Le même raisonnement est tenu sur la réforme du lycée professionnel, attaquée par exemple par M Ressiguier (LFI). A l'accusation de diminuer les horaires d'enseignement en LP, JM Blanquer répond : "Les lycéens professionnels ont le plus grand nombre d'heures d'enseignement. Si c'était la solution ça se saurait".  Le ministre aime les sophismes : puisque beaucoup d'heures d'enseignement n'apportent pas de très bons résultats , il est sans effet de les diminuer. Puisque créer des postes ne résout pas tous les problèmes de l'Education nationale , supprimons en. "Ne focalisons pas sur les postes qui ne sont pas l'alpha et l'omega de la politique éducative"...

 

La réponse est venue de Jean-Paul Lecoq, député GDR du Havre : "Dans les collèges du Havre, je vous assure qu'on a encore besoin de moyens. On considère qu'on n'est pas au taquet. On a besoin de moyens supplémentaires"...

 

L'Education prioritaire inutile ?

 

Et la droite que faisait elle ? F Reiss (LR) a surtout saisi l'occasion pour une attaque en règle et restée sans réponse de l'éducation prioritaire. "Je voudrais vous interroger sur le diagnostic sévère de la Cour des comptes sur l'éducation prioritaire. Donner plus à ceux qui ont moins permet de se donner bonne conscience mais les résultats sont plus que décevants. Quel sera l'avenir des Rep et Rep+ ?.. La Cour relève que les primes (versées en Rep+)   n'ont abouti ni à attirer des enseignants ni à stabiliser les équipes"...

 

François Jarraud

 

A l'assemblée

 

 

 

 

Par fjarraud , le mercredi 14 novembre 2018.

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