Cnesco : Comment améliorer l'éducation à l'orientation ? 

La seconde journée de la conférence de comparaisons internationales réunie par le Cnesco et le Ciep, le 9 novembre, a mis en évidence de nouveaux exemples étrangers : Allemagne, Royaue-Uni, Suise et Danemark. JM de Ketele et Y Dutercq ont tiré quelques conclusions d'une conférence de grande qualité. Il reviendra au jury réuni par le Cnesco d'avancer des préconisations construites en décembre.  Alors que l'orientation scolaire doit passer aux régions au 1er janvier, nul doute qu'elles soient très écoutées par les conseils régionaux, comme témoigne dans cet article un représentant des régions.

 

Des exemples allemand, anglais, suisse et danois

 

Souvent citée en exemple, l'Allemagne devait figurer dans la conférence de comparaison internationale réunie par le Cnesco. Werner Zettelmeier (université de Cergy) a présenté le mode de gouvernance du système d'orientation allemand marqué par la multiplicité des acteurs.  Ainsi il n'y a pas de personnels spécialisés dans les établissements scolaires, le travail d'éducation à l'orientation y étant effectué par des enseignants coordonateurs qui veillent à inscrire le dispositif dans un réseau où agissent d'autres acteurs. Le travail de conseil et suivi des élèves est fait par l'agence locale pour l'emploi qui dispose de personnels spécialisés. Les établissements ont des réseaux d'entreprises pour proposer des stages. Il y a aussi des possibilités de stages vers des établissements supérieurs, dans des formules varies (qui vont d'un cours suivi toute l'année en université à des stages plus ou moins longs de découverte du supérieur).

 

Dans la suite de la première journée, John Storan (Université de Londres Est) est revenu sur les actions de sensibilisation à l'accès au supérieur en présentant un outil cartographique qui permet facilement aux établissements de voir le taux de participation dans leur district et les ressources disponibles. Rappelons qu'un milliard de livres sont consacrées à encourager les aspirations des jeunes vers le supérieur,a vec des interventions dès le primaire.

 

Daniel Reumiller a présenté l'exemple suisse, assez complexe du fait du degré d'autonomie des cantons. Il ya  quand même une coordination inter cantonale pour la formation des conseillers d'orientation et à titre de recommandations pour les structures cantonales. Une plateforme nationale est disponible.  Les écoles ont généralement un responsable de l'orientation par école, mais il n'y a pas de conseiller d'orientation dans les écoles. Bo Klindt Poulsen présente à son tour la gouvernance de l'orientation au Danemark qui au contraire a mis en place un système centralisé .

 

Commencer dès le primaire

 

Il revenait à Jean-Marie de Ketele et Yves Dutercq de faire le bilan respectivement de la 1ère journée et de la conférence. JM de Ketele a posé des bases de réflexion. "Il a y a consensus pour dire qu'il faut commencer dès le primaire l'éducation à l'orientation", dit -il et également pour y associer très tôt les familles. Le rôle des familles dans les choix s'avère déterminant avec, en France, celui de la note scolaire. "Dans un système éducatif tubulaire, la note est le facteur le plus déterminant". Or les établissements ont des pratiques d'évaluation très inégalitaires.

 

De nouvelles compétences pour le socle

 

Importance  de développer des compétences transversales nécessaires au travail d'orientation : synthétiser, organiser l'information, la rassembler, toutes compétences pas assez mises en avant dans le socle. C'est un point repris par Yves Dutercq. Pour lui, il faut encourager les aspirations des jeunes mais aussi construire les compétences qui permettent de d'adapter au marché du travail.

 

Comment lutter contre les réticences des enseignants ?

 

JM de Ketele souligne aussi l'importance des interventions des conseillers d'orientation alors que les enseignants sont nettement moins engagés. Dans sa conclusion, Yves Dutercq revient  sur ce point. "Dans tous les pays, les enseignants sont réticents  à s'impliquer dans l'éducation à l'orientation", souligne-t-il. Cela tient à des raisons organisationnelles mais aussi à des motifs éthiques. On demande aux enseignants d'être juge et partie, de faire du conseil et de décider, de concilier émancipation et aliénation. Pour lui il faut trancher et donner aux profs principaux un rôle de conseil pour l'orientation mais pas auprès des élèves pour lesquels ils décident de cette orientation. Il faut distinguer le role de conseil du conseil de classe.

 

C'est une condition pour que l'Ecole prenne toute sa place dans le processus d'orientation des jeunes. Aujourd'hui c'est la famille qui a le premier role. Et pour Yves Duterc cela favorise le maintien des inégalités car les familles sont socialement inégales dans l'accès à l'information et aux réseaux d'orientation.

 

Le jury de la conférence réuni par le Cnesco devrait faire connaitre ses préconisations sur l'éducation à l'orientation début décembre.

 

Un regard régional final

 

Alors que la compétence d'orientation scolaire va passer aux régions le 1er janvier, celles ci avaient envoyé un représentant pour suivre la conférence. S'il a souhaité rester anonyme, notamment pour ne pas donner un caractère officiel à ses propos, il nous a confié que les régions "s'interrogent beaucoup sur ce qui va se passer dans quelques semaines et ce qu'elles pourront faire".

 

Comment les régions pourront apporter de l'information dans les établissements ? Dans les lycées entrer dans les salles de classe est tout à fait nouveau. Intervenir au primaire est impossible et absent du champ de la loi. Mener des actions dans les collèges également : les régions ne les connaissent pas.

 

La question des personnels se pose aussi. Les personnels des CIO sont compétents mais n'ont aps vocation à être transférés aux régions. On peut imaginer des conventions avec les recteurs en fonction des besoins locaux. Pour les personnels des Dronisep, les régions n'envisagent pas de les changer de poste mais il y aura une mise à disposition transparente.

 

Comment les régions vont-elles gérer l'éducation à l'orientation sans tomber dans l'adéquationnisme ? "L'objectif premier reste l'insertion dans l'emploi des jeunes" et ceux ci sont généralement peu mobiles.

 

La conférence du Cnesco a permis de découvrir lors des ateliers de nombreuses d'actions menées sur le terrain en France par des acteurs publics ou privés (CCI par exemple). Les régions pourraient dans un premier temps les recenser et les cartographier.

 

François Jarraud

 

La première journée de la conférence

 

 

 

Par fjarraud , le lundi 12 novembre 2018.

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