Quel bilan éducatif pour le quinquennat Hollande ? 

A quoi sert le bilan d'un quinquennat ? Au moins à éclairer l'action des successeurs. L'éducation devait être le moteur du quinquennat Hollande, commencé au pied d'une statue de Jules Ferry. Un an après le départ de F Hollande, la Fondation Jean Jaurès ose un bilan qui vise à expliquer pourquoi les projets ambitieux n'ont pas marché.  Si la Fondation apporte un éclairage intéressant, elle omet aussi d'autres facteurs. C'est que l'équipe actuelle a beaucoup à apprendre de l'expérience Hollande

 

 De l'action menée sous Hollande en matière d'éducation, le bilan de la Fondation J Jaurès retient d'abord la priorité donnée au primaire, notamment avec les maitres +. Alors qu’auparavant les réformes du système éducatif s’emparaient en premier lieu du lycée ou du collège, s’attaquer en priorité au primaire " constitue un véritable renversement ", écrit la fondation. " La priorité au primaire dont Jean-Michel Blanquer se revendique aujourd’hui, c’est nous qui l’avons initiée".

 

Autre bilan positif , la lutte contre le décrochage avec une nette baisse des décrocheurs, dont JM Blanquer se garde bien de parler, de 140 000 à 90 000 par an.

 

Du coté des échecs, le rapport souligne celui de la réforme des rythmes, qui n'a pas été pour rien dans la fracture avec les enseignants. Dans une annexe, JP Delahaye détaille comment l'équipe de V Peillon a vécu l'action ministérielle sur ce point.

 

"Les efforts budgétaires ne rencontrent pas un enthousiasme débordant", souligne le rapport. La hausse impressionnante et la priorité réelle donnée au budget de l'éducation aurait du pourtant marquer les esprits.  "La vérité des chiffres n’imprime pas. D’abord, parce que les postes ouverts ne sont pas toujours pourvus par des titulaires, l’Éducation nationale rencontrant des difficultés à recruter, notamment dans le secondaire, faute de lauréats suffisants aux concours. Ensuite, parce que, sur les 60 000 postes revendiqués, plus d’un tiers sont en réalité des postes d’enseignants stagiaires en formation.. Enfin, parce qu’une partie des nouveaux postes est absorbée par la démographie en hausse constante dans les collèges et les lycées... Au final, les enseignants n’ont donc pas senti sur le terrain et dans leur quotidien les effets des 60 000 postes annoncés ". On a probablement là une des raisons du manque de réactivité des enseignants aux budget de plus en plus contraints de JM Blanquer.

 

Un chapitre intéressant est consacré aux classes bilangues. " La suppression des classes bilangues au sein de la réforme du collège – classes qui concernaient 15,9 % des élèves français – n’a pas eu l’effet escompté. Alors que la suppression de ces classes visait un objectif d’égalité, la démarche n’a pas été soutenue sur le terrain. Certains ont dénoncé le risque pour les établissements de quartiers populaires dispensant cet enseignement de voir leur attractivité baisser, et donc leur mixité sociale être remise en cause...Quand on calcule rapidement ce qu’un élève qui bénéficie des classes bilangues a en plus de celui qui n’en bénéficie pas, c’est quasiment une demi-journée à une journée par semaine de cours en plus par rapport à celui qui est en difficulté scolaire. Et donc la démarche n’était pas infondée, mais elle était sans doute mal portée, mal expliquée, mal défendue".

 

Mais bien d'autres raisons, qui ne sont pas citées dans le rapport, expliquent l'échec de la politique éducative de F Hollande auprès des enseignants. D'abord les tentatives de réformer la pédagogie par en haut. Faute de pouvoir lancer un programme de formation continue correspondant aux attentes des enseignants, le ministère a multiplié les injonctions (par exemple sur les évaluations). Le comble de la maladresse a été portée par la réforme du collège avec ses séances d'endoctrinement visant à imposer une réforme pédagogique uniforme à travers le pays comme si c'était possible. Ensuite il y a eu la volonté de tout changer. Au final les priorités de l'action ministérielle sont devenues invisibles. Le temps d'un ministre est court (2 ans) et il est préférable de le consacrer à un seul thème et à s'y tenir. ON peut même se demander si cela ne vaut pas pour un quinquennat. La gauche aurait pu se fixer comme objectif la réduction des inégalités à l'école et ne faire que cela avec obstination. Enfin les ministres ont toujours donné la priorité à l'accueil de leurs mesures auprès de l'opinion. Ils ne se sont jamais positionnés en "ministre des professeurs" alors même que V Peillon venait de leurs rangs.

 

Or sur ces trois points, la leçon de l'échec hollandais n'est visiblement pas perçue. A nouveau il faut tout changer à un rythme qui interdit le changement. Plus que jamais il faut imposer aux enseignants des pratiques pédagogiques. Plus que jamais aussi la gouvernance colle aux sondages d'opinion sans s'interdire le populisme.

 

F Jarraud

 

Rapport

 

 

 

Par fjarraud , le lundi 12 novembre 2018.

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