Les repères annuels publiés par le ministère en cycles 2 à 4 ne sont pas compatibles avec la liberté pédagogique des enseignants. Ils défendent une conception pédagogique nuisible aux élèves, affirme l'Apmep, association des professeurs de maths. Elle dénonce " des diktats idéologiques et démagogiques".
"Le ministère vient de publier des « repères annuels de progression » qui auront des incidences négatives et graves sur l’enseignement et sur les apprentissages, tout d’abord à l’école élémentaire, puis progressivement au collège et au lycée", écrit l'Apmep dans une motion adoptée lors de son congrès.
L'association des professeurs de mathématiques dénonce " l’image du métier d’enseignant que donne la démarche ministérielle : celle d’un métier simple dans lequel il suffit de suivre étape par étape un protocole établi. Dans une telle conception, l’apport de la pédagogie et du professionnalisme des enseignants est nié : le métier d’enseignant se réduit au rôle de répétiteur. Or, à l’instar d’un ingénieur (également formé à Bac+5), les enseignants doivent concevoir, tester et réguler des dispositifs didactiques adaptés aux élèves dont ils ont la charge... Leur action est donc inscrite dans la durée, conformément aux programmes rectifiés et ajustés publiés dans le BO du 26 juillet dernier... Le ministère agit à l’encontre de la liberté pédagogique des enseignants, liberté pédagogique inscrite dans la loi, comme si le professeur des écoles ne pouvait opérer de choix, et comme si l’hétérogénéité des élèves dont il a la charge ne gouvernait ses choix".
On arrive là à la seconde remarque de l'Apmep. "Les propositions de progression ne tiennent absolument aucun compte des réels besoins des élèves, voulant, sur ordre, les faire marcher tous au même pas, période par période, dans le plus profond déni des recherches pédagogiques et didactiques françaises et internationales très riches, dans le plus profond déni de toute progression efficiente à terme. Or, les mathématiques, pour être comprises, vécues, appréciées des élèves - et pour abonder le socle commun de connaissances et de compétences - doivent, conformément aux programmes, trouver leurs sources dans la résolution de problèmes et ne peuvent se réduire à une accumulation de sous-savoirs élémentaires, qui ne construisent pas un savoir. Les progressions imposées sont en réalité bien loin de garantir que les élèves soient confrontés à une recherche personnelle, source de questionnement mathématique. Elles prennent comme hypothèse qu’il suffit d’avoir côtoyé certains savoirs, quelle que soit la façon dont ils sont mis en place, pour les maîtriser".
"Nous nous interrogeons sur la stratégie ministérielle", explique l'Apmep. "L’école élémentaire ne peut, du fait de la complexité de l’acte d’enseigner, être soumise à des diktats idéologiques et démagogiques".
L’APMEP demande au ministre "de retirer immédiatement, purement et simplement ces repères de progressions du cycle 2 à la fin du cycle 3 et de faire enfin confiance aux enseignants". En ce qui concerne le cycle 4, l'Apmep demande que les repères soient "non pas prescriptifs mais indicatifs".
Le communiqué