Cinq questions à Marie-Aleth Grard 

Marie -Aleth Grard, vice-présidente d'ATD Quart Monde, revient sur la tribune "Pauvreté et ségrégation scolaire, ça suffit !" dont son mouvement a pris l'initiative.

 

Vous écrivez : "les enseignements adaptés reçoivent-ils véritablement le public pour lequel ils ont été créés ?". Que voulez-vous dire ?

 

Les enfants de milieu très défavorisé sont majoritairement orientés vers ces filières alors qu'elles ne sont pas prévues pour eux, mais pour des enfants qui ont de réelles difficultés. Or, les professionnels nous le disent, les enfants de milieu très défavorisé ont le seul handicap de la pauvreté. Ils ont des retards mais pourraient se remettre en route rapidement s'ils étaient réellement pris en compte dans ces sections.

 

Comment expliquez vous cette orientation ?

 

On n'a pas donné les moyens à l'école de savoir comment accueillir ce public. On n'a pas formé les enseignants à connaitre les enfants de ce milieu, ce qu'ils vivent, et à pouvoir dialoguer avec leurs parents. Les enseignants ne savent pas comment répondre aux demandes de ces enfants et de leurs parents. Pour eux la meilleure réponse c'est de le mettre en classe spécialisée ou de les scolariser en temps très partiel.

 

Vous proposez dans cette tribune une expérimentation. Elle concerne qui ?

 

On propose d'expérimenter dans 2 ou 3 lieux, écoles ou collèges en s'appuyant sur la force des partenaires : syndicats, mouvements pédagogiques. On veut montrer qu'une autre orientation est possible et que ces enfants ont la capacité d'apprendre. On en a parlé au ministre. NOus souhaitons démarrer à la rentrée 2019.

 

Cette expérimentation suppose des moyens ?

 

Ou quelques uns. Mais c'est surtout une question de pédagogie et de formation des enseignants.

 

Vous ne craignez pas de jeter le discrédit sur les professeurs de Segpa, une catégorie d'enseignants souvent très impliqués et très inventifs ?

 

Il y a en effet des personnes remarquables qui enseignent en Segpa. On ne veut pas les montrer du doigt ou demander la suppression des Segpa. On dénonce le gâchis humain de scolarités qui ne débouchent trop souvent sur rien. Ce n'est pas normal que seulement 37% de ces élèves obtiennent un CAP, d'ailleurs souvent non choisi. Ce ne peut plus durer. Il y a dans les Segpa des jeunes qui ne sont pas au bon endroit.

 

Propos recueillis par François Jarraud

 

 

Par fjarraud , le mercredi 07 novembre 2018.

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