Marc Douaire (OZP) : "Ce rapport permet à l'Education Prioritaire de continuer" 

Pour le président de l'OZP, une association d'acteurs de l'Education prioritaire, le rapport de la Cour des comptes ne remet pas en cause la labellisation existante. Il le juge globalement positif.

 

Etes vous d'accord avec le bilan qui est fait dans le rapport sur l'éducation prioritaire ?

 

 Je trouve que la tonalité générale du rapport est plus nuancée que le rapport précédent de la Cour des comptes. On pouvait craindre un rapport liquidateur. Or le rapport place d'emblée l'Education prioritaire (EP) dans son contexte, celui d'une dégradation de la condition sociale des familles.

 

Dans ce cadre, l'EP n'a pas atteint ses objectifs mais a permis de maintenir l'écart avec l'enseignement non prioritaire. Ce n'est pas satisfaisant. Mais était il possible de faire différemment ? Le rapport a finalement un regard positif sur l'EP quand il dit qu'elle constitue le principal outil pour répondre aux failles du système scolaire en terme d'équité.

 

Il se situe aussi dans une perspective exigeante et constructive quand il dit que l'EP est un laboratoire de l'école du socle. On n'est pas dans une vision éradicatrice mais critique et assez juste.

 

Le rapport recommande de remplacer le financement de l'EP avec ses labels Rep et Rep+ par quelque chose de plus progressif. Qu'en pensez vous ?

 

Pour moi ce n'est pas une delabellisation. C'est une distribution différenciée des moyens à parti d'un indice. J'observe que dans les préconisations la Cour continue à parler de Rep et Rep+. A l'OZP on est pour sortir de la situation binaire dans laquelle on est et avoir un système plus graduel ce que propose la Cour. En 2007 JY Rocheix avait déjà montré que pour sortir du système binaire il faut un indice.

 

Affecter des moyens en fonction d'un indice à la place d'un système de droits c'est donner l'opportunité aux recteurs de gérer comme ils veulent ces moyens...

 

La labellisation Rep est déjà de nature rectorale. On peut s'interroger sur la façon dont les recteurs utilisent ces labels. La question du droit à des moyens est une bonne question. Par rapport au mode de calcul proposé par la Cour il faudrait aussi prendre en compte la taille des établissements.

 

En fait il faut une volonté politique forte pour l'EP, pour lutter contre la ségrégation sociale ou inviter le privé à entrer dans cette logique comme le propose le rapport.  

 

Le rapport préconise des établissements locaux "école du socle" avec une large autonomie du chef d'établissement. Qu'en pensez vous ?

 

C'est sensé régler quel problème ? On ne sait pas. Jusque là les réseaux n'ont pas d'existence juridique. Créer une structure juridique pourquoi pas. On peut toujours l'expérimenter.

 

Sur la proposition de recruter des professeurs expérimentés notamment sur postes à profil ?

 

C'est une proposition intéressante mais la Cour ne dit pas comment faire. Dans beaucoup de réseaux on est obligé de faire appel à des contractuels et des néotitulaires.  Sur ce point la Cour se limite à envisager une prime versée  en fonction de li'nvestissement personnel. Or il y a d'autres possibilités pour rendre les postes attractifs : la formation, le suivi des personnels etc.

 

La Cour veut renforcer la mixité sociale. Qu'en pesnez vous ?

 

C'est très bien. Mais là aussi les propositions sont trop courtes. Pour avancer sur ce dossier il faut une volonté politique forte. Le ministre l'a t-il ?

 

Globalement ce rapport est un soutien à JM Blanquer ?

 

Pour moi ce n'est pas un copier coller des idées de BLanquer. J'aurais aimé que le ministre rédige un rapport identique plutôt qu'amalgamer l'EP avec le rural et l'outre mer comme il le fait. Je trouve que ce rapport permet à l'EP de continuer.

 

L'OZP attend déjà l'évaluation de la politique d'EP menée depuis 2014 comme c'était prévu.

 

Propos recueillis par F Jarraud

 

 

 

Par fjarraud , le mercredi 17 octobre 2018.

Commentaires

Vous devez être authentifié pour publier un commentaire.

Partenaires

Nos annonces