Marc Bablet : Comment conduire le changement 

"Les notes de service du ministre sur lecture, grammaire, vocabulaire, calcul et résolution de problèmes sont exactement ce qu’il ne faut pas faire : faire croire aux personnels que quelqu’un au ministère sait comment ils doivent enseigner dans le détail de leurs activités. Leur imposer des manières de faire, presque jusqu’à un manuel unique de lecture. La conséquence de cela c’est que l’on va développer le contrôle de leur exécution. Tout le contraire de la confiance dans les collectifs de travail qui a présidé à la refondation de l’école. Tout le contraire aussi de l’autonomie, de l’audace et de l’innovation auxquelles on nous enjoint par ailleurs. Tout le contraire de ce qu’a porté la gauche avec le passage au corps de catégorie A des enseignants du premier degré, il y a quelques temps déjà". Marc Bablet, ancien responsable de l'éducation prioritaire au ministère, réfléchit à voix haute à la conduite du changement dans l'éducation nationale.

 

Il tacle aussi les scientifiques qui se laissent attirer par le pouvoir. "J’aurai plusieurs fois l’occasion d’interroger le discours sur l’école de certains scientifiques remarquables dans leur domaine de spécialité  qui parlent de l’école sans avoir jamais travaillé scientifiquement sur la question scolaire. Il ne suffit pas d’être un grand scientifique pour connaître quelque chose à l’école. On peut même dire cela pour des psychologues spécialisés dans les apprentissages des enfants qui pour autant qu’ils connaissent en laboratoire les mécanismes d’apprentissage ne les connaissent pas quand il s’agit des apprentissages dans le milieu scolaire, car l’école n’est ni la vie ordinaire sur laquelle tous les avis se valent, ni le laboratoire où nous faisons confiance aux travaux conduits par ces spécialistes mais en remarquant que leur champ d’explication du monde est limité à leurs conditions d’expérimentation. Je suis d’ailleurs étonné que des scientifiques s’autorisent à sortir de leur champ de connaissances et de compétences pour énoncer des banalités ou des fausses évidences sur la question scolaire, comme si leurs avis valaient plus que ceux de n’importe lequel des praticiens ou des usagers".

 

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Par fjarraud , le vendredi 12 octobre 2018.

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