Agnès Florin : Pourquoi il faut prolonger l'action du Cnesco 

Pour améliorer le système éducatif français et réduire les inégalités sociales de réussite scolaire, il faut maintenir une instance indépendante d'évaluation de l'Ecole comme le Cnesco. Psychologue, professeure émérite de psychologie de l'enfant à l'université de Nantes, Agnès Florin a travaillé avec le Cnesco. Elle en connait le fonctionnement et en apprécie l'action. Alors que le projet de loi préparé par le ministre de l'Education nationale prévoir sa disparition, elle explique pourquoi il faut au contraire prolonger son action.

 

La nécessité en France d’une instance indépendante d’évaluation du système éducatif a souvent été mise en évidence par le passé, afin de séparer les fonctions de gestion et d’évaluation, les directions et inspections générales du ministère ne pouvant à la fois être juges et parties.

 

Le Cnesco, créé en 2014, a été largement reconnu comme tel, y compris tout récemment le rapport du Comité d’évaluation et de contrôle des politiques publiques de l’Assemblée Nationale (27 septembre 2018) avec : « une instance productive, indépendante et transparente ». 

 

Cette reconnaissance tient à plusieurs aspects :

- sa composition avec 2 représentants de l’Assemblée nationale, 2 du Sénat, 2 du Cese, et 8 personnalités compétentes en matière d’évaluation, françaises et étrangères, de disciplines variées, et l’inscription de leur activité dans la durée (ils ont été désignés pour 6 ans),

 

- la production dense de documents scientifiques de référence sur des aspects très variés du système éducatif,

 

- et la méthodologie originale que le Cnesco a développé : un modèle collaboratif, réunissant des représentants de l’administration centrale, des chercheurs, des praticiens, avec toujours une place à l’international (chercheurs et responsables de politique éducative venus de différents pays et d’organisations internationales) à toutes les étapes de la démarche sur une question donnée : conception des rapports préparatoires aux conférences publiques, fondés sur les travaux les plus récents et croisant des analyses quantitatives et qualitatives, comité d’organisation de ces conférences, programme des interventions en plénières et des ateliers simultanés lors des conférences, rédaction des recommandations lors des conférences de consensus et des conférences de comparaisons internationales, enquêtes réalisées par le Cnesco, publication en ligne de l’ensemble des documents.

 

Depuis 2014, la variété des thèmes dont le Cnesco s’est saisi, sur le système éducatif, sur les apprentissages scolaires, ou sur la qualité de vie à l’école a également été soulignée, fournissant, à travers les 57 documents publiés, des références aux acteurs de l’éducation et aux formateurs, « contribuant ainsi à la diffusion de la culture de l’évaluation au sein du système scolaire », mais aussi auprès du grand public, comme l’ont souligné les parlementaires.

 

Aussi me parait-il essentiel de s’appuyer sur ces acquis pour prolonger l’action du Cnesco et renforcer les moyens qui lui sont alloués, comme le soulignait d’ailleurs le rapport (trans-partis politiques) de l’Assemblée nationale, afin de continuer à bénéficier des apports d’une instance indépendante d’évaluation dont notre pays a besoin pour améliorer son système éducatif, réduire les inégalités sociales de réussite scolaire, accompagner au mieux les trajectoires des enfants et des jeunes et développer la confiance dans l’école.

 

Agnès FLORIN

Université de Nantes

CREN - EA2661

 

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Par fjarraud , le jeudi 11 octobre 2018.

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