Le film de la semaine : « Amin » de Philippe Faucon 

Comment suggérer au cinéma la douleur de l’exil en refusant le chantage compassionnel et l’obscénité misérabiliste ? A quelles formes recourir pour évoquer l’intime déchirure d’un immigré écartelé entre pays d’origine et pays d’accueil ? Depuis « L’Amour » en 1989 jusqu’à « Fatima » en 2015 (couvert de récompenses), Philippe Faucon préserve une démarche singulière, modeste en apparence. Très souvent, il pose son regard, délicat et attentif, sur un personnage fragile, vivant dans les marges, qu’il soit jeune en pleine transformation ou adulte à un moment charnière de son existence. L’esquisse d’un portrait humain, toujours enchâssé dans le contexte social et culturel de la France contemporaine. Avec une prédilection pour l’exploration subtile de notre société dans sa diversité au fil des strates d’immigrations successives et des traces du passé colonial (la guerre d’Algérie, en particulier) dans les consciences et dans les cœurs. Avec « Amin », il aborde, pour la première fois, le quotidien en France d’un travailleur originaire du Sénégal en montrant conjointement les deux territoires de l’exil, géographique –terre natale et terre de travail- et affectif –famille là-bas et rencontre amoureuse ici. A la fois évocation sensible d’une fragilité indicible et tableau choral de la dure condition de travailleurs immigrés sous les effets pervers de la mondialisation, « Amin » résonne en nous comme une œuvre fraternelle, où quelques ‘invisibles’ accèdent sobrement au rang de héros à part entière.

                                                               

« Amin », film de Philippe Faucon-sortie le 3 octobre 2018

Sélection officielle, Quinzaine des réalisateurs, Cannes 2018

 

 

Par fjarraud , le mercredi 03 octobre 2018.

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