Enseignement professionnel : Une manif contre la malédiction 

"Succès très encourageant" pour les syndicats qui appelaient à la grève (Snuep Fsu, Cgt, Sud, Snalc), la journée d'actions du 27 septembre a mobilisé de 20 à 30% de grévistes selon les syndicats, 14% selon le ministère. A Paris, la manifestation a recueilli plusieurs centaines de professeurs très inquiets de la réforme en cours.

 

"Ils ont donné la rage au chien et ils disent maintenant qu'il faut le tuer". Françoise Lours, PLP au lycée J Macé de Choisy le Roi et militante Snuep, ne décolère pas depuis l'annonce de la suppression du bac pro GA, un des bacs les plus importants. La série GA est née d'une fusion non souhaitée entre deux disciplines tertiaires. Mais selon F Lours, les entreprises s'y sont habitués. Avce la suppression les enseignants vont revivre un nouvel épisode de déqualification. "Je ne sais pas ce qu'on va devenir", explique t-elle.

 

Nathalie Pasquier, professeure au lycée Val de Bièvre de Gentilly refuse la réforme de la seconde. "Le bac pro va se faire en 2 ans et demi (il était en 4 ans il y a peu). Cela avec la partie la plus fragile de la population. On voit mal comment on peut appeler cela une revalorisation".

 

Mariem enseigne les arts appliqués au lycée Guillaumin d'Orly. Elle aussi s'interroge sur les nouvelles secondes. "On réunit des élèves de services à la personne et de services à la vie locale. Mais quels points communs ? Comment adapter notre pédagogie ?". Elle  a fait aussi le calcul des heures avec les nouvelles grilles. "Il y aura des suppressions de postes". Sa discipline qui est présente dans plusieurs bacs de son lycée (coiffure, esthétique, soins à la personne) ne devrait plus être évaluée au bac. "Pourtant elle apporte beaucoup à ces élèves", explique-t-elle. "Des élèves qui n'ont jamais mis le pied à Paris, les emmener voir des expositions sur la mode ou visiter des musées, ce n'est pas rien". Pour elle, la réforme va augmenter les inégalités.

 

Dans le cortège, Sigrid Gérardin, co secrétaire générale du Snuep, jugeait le taux de gréviste "très encourageant" compte tenu de la rapidité avec laquelle la réforme est menée. "On sera reçu au ministère. On espère qu'il entendra la profession et qu'il reviendra sur les grilles horaires. On est clairement dans une logique comptable. La voie professionnelle est instrumentalisée pour atteindre des objectifs de suppressions de postes".

 

FRançois Jarraud

 

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Par fjarraud , le vendredi 28 septembre 2018.

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