Franck Ramus : Des évaluations pour prévenir les difficultés des élèves 

"Ce sont des « repères » qui ont pour objectif principal d’aider les enseignants à déterminer avec précision les acquis, les besoins et les progrès de chaque enfant de CP et de CE1 dans différents domaines du langage et des mathématiques. L’idée est de pouvoir intervenir au plus vite si un enfant rencontre des difficultés d’apprentissage, afin de mieux l’aider à surmonter ces difficultés". Membre du Conseil scientifique de l'éducation nationale, ayant participé à leur conception, Franck Ramus présente les nouvelles évaluations de Cp et Ce1 dans une sorte de FAQ conçue pour répondre aux inquiétudes manifestées par des enseignants.

 

Des tests liés à des ressources

 

 " L’objectif des évaluations de début CP est de repérer les enfants qui, du fait de faiblesses dans certaines compétences, risquent de rencontrer des difficultés dans l’apprentissage de la lecture et des mathématiques. A l’issue des tests, les résultats de chaque élève seront très rapidement restitués à chaque enseignant, ce qui lui permettra de connaître les compétences et les besoins de chaque élève. Simultanément, la DGESCO mettra à la disposition des enseignants un ensemble de ressources pédagogiques qu’ils pourront utiliser de manière à aider les élèves à travailler les compétences précises pour lesquelles les tests ont identifié des faiblesses", continue-t-il.

 

Selon F Ramus, les évaluations "vont permettre de raccourcir le délai entre détection d'un besoin et le renforcement de l'action pédagogique" sans que l'on comprenne bien en quoi la passation de ces tests, leur saisie et le retour irait plus vite qu'une évaluation diagnostic faite par l'enseignant dans sa classe.

 

Evaluer les enseignants ?

 

" Les évaluations vont-elles servir à évaluer les enseignants ? les établissements ? Non, les évaluations ne serviront à évaluer, ni les enseignants, ni les établissements. Le seul objectif est qu’elles fournissent une image fidèle des compétences et des progrès des élèves – et que ce diagnostic précis soit mis à profit dans les choix pédagogiques des enseignants, avec l’aide des conseillers pédagogiques et des inspecteurs de l’Education Nationale", dit F Ramus.

 

Mais quelques lignes plus haut il explique aussi que " le projet aura également comme conséquence secondaire d’offrir aux enseignants, aux chefs d’établissement, aux inspecteurs et aux recteurs, un état des lieux fiable des compétences des enfants dont ils s’occupent" Et plus bas que les évaluations de Ce1 permettront " de déterminer dans quelle mesure les interventions proposées aux élèves ont atteint leur objectif"...

 

Un point n'est pas soulevé par F Ramus. C'est l'intéret des chercheurs réunis dans le Conseil scientifique. Ils vont collationner une masse de renseignements sur les élèves et les pratqiues dont on n'a pas non plus fini de parler.

 

F Jarraud

 

F Ramus : A qui servent les évaluations de Cp et Ce1 ?

Vers un boycott des évaluations ?

Blanquer met l'évaluation au centre de sa politique

SOS conseil scientifique

 

 

 

Par fjarraud , le mardi 11 septembre 2018.

Commentaires

  • Bernard Girard, le 11/09/2018 à 07:27
    Vraiment fantastique !

    - jusqu'à aujourd'hui, les profs n'ont jamais eu l'idée d'évaluer leurs élèves ; 
    - quand ils en ont l'idée, ils ne savent pas comment s'y prendre ; 
    - quand ils en ont l'idée et savent comment s'y prendre, ils ne savent pas comment corriger les évaluations ; 
    - quand ils en ont l'idée, savent comment s'y prendre et comment corriger les évaluations, ils ne savent pas quelle remédiation mettre en oeuvre pour les élèves.

    Heureusement Blanquer vint, le phare de la pensée, le génie de l'éducation et avec lui un conseil dit "scientifique" (appellation non contrôlée) dont la compétence, la modestie, les qualités d'écoute ne sont plus à démontrer. Et l'échec scolaire fut terrassé...


    • Jean Maurice, le 11/09/2018 à 19:08
      Excellent Bernard !!!
      Mais relisons le titre : Des évaluations pour prévenir la difficulté.
      Il ne s'agit  donc pas de remédier mais de préparer le terrain pour encourager une stratégie pédagogique prétendument meilleure. Meilleure que certaines sans aucun doute. Moins bonne que d'autres assurément. Ils pourraient faire preuve de plus d'autoritarisme, mais cela entrave la liberté pédagogique. Alors on agit de manière plus subtile ou... plus sournoise!
      Les exercices de localisation phonémique avec discrimination d'un intrus (avec pièges), ou encore détection d'un phonème commun, sont particulièrement complexes pour les enfants de moins de six ans. Ces derniers ont aussi des développements personnels très disparates et les classes de GS sont très hétérogènes en compétences. Qu'importe, on fait du normatif d'entrée avec quelques traquenards. Evaluer les enseignants au travers de ça? Bien sur que non ! L'idée est de provoquer sciemment des erreurs (cela n'a rien d'une évaluation positive donc) pour faire émerger la solution gardée sous le chapeau : celle qu'on veut imposer sans l'imposer...
      Ils sont sûrs qu'il faut commencer par détecter des phonèmes dans tous les sens pour les "conscientiser".
      Pourtant les enfants apprennent le langage oral sans aucune explication de ce type. Pourquoi vouloir à tout prix s'appuyer sur cette entrée pour lire? Parce qu'ils ne savent pas faire autre chose. Mais il y a bien quelques autres entrées... qui supposent qu'on explique le code plutôt que de se limiter à le décrire assez vaguement. Les méthodes syllabiques n'expliquent pas le code, elles le commentent. Désolé, messieurs.
      Je ne veux pas les blâmer totalement. Après tout, de grands scientifiques ont longtemps accepté que les corps les plus lourds tombaient plus vite (ce qui paraissait évident). J'espère juste qu'on acceptera un jour de reconnaître que, s'il y a bien corrélation entre compétences en détection phonémique (auditive donc) et lecture efficace, il ne s'agit pas d'une relation de cause à effet. C'est une illusion. Seuls certains élèves réussissent les deux. Moi, j'ai souvent observé des enfants qui lisaient parfaitement (dès la GS) sans pouvoir décortiquer les mots à l'audition.  En tout cas pas en dessous de la syllabe. Donc ce lien que l'on veut marteler est une ineptie qui fait perdre beaucoup de temps aux élèves. Un temps que l'on pourrait passer à travailler la compréhension. Attention je ne dénigre pas l'approche syllabique, je dis juste qu'elle est mal faite. Mais pour pouvoir avancer sur ce sujet, encore faut-il que les tenants de ces méthodes acceptent qu'on puisse les améliorer. Cela ne flatte pas leur ego et cela décrédibilise le discours des autorités qui veulent les présenter comme la panacée.
      En math, idem. L'exercice de localisation d'un nombre sur une bande non graduée est une bouffonnerie. Cet exercice figure sur un petit logiciel scolaire très sympa (abacalc), mais jamais mis à jour (on se demande ce qu'ils foutent au ministère pour encourager la création et le développement d'outils pédagogiques numériques?). Après l'avoir utilisé, je me suis aperçu de la difficulté d'un tel exercice. Même en milieu de CP cela reste une approche compliquée : se représenter mentalement des dixièmes et faire une approximation sur la différence entre deux sous-segments dont il faut évaluer le rapport proportionnel de distance aux extrémités. Même savoir si, près du 0, il s'agit du 1 ou du 2 reste une gageure pour un enfant ce CP... Qui plus est, à la rentrée. Ou bien les gens qui ont pondu ça n'ont jamais fait classe (pas surprenant), ou bien ils souhaitent provoquer des erreurs pour encourager l'installation de nouvelles méthodes proposées en remédiation. cqfd
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