Lycée : Restrictions sur les spécialités 

Comme nous l'indiquions le 4 septembre, dans l'annonce de JM Blanquer qu'il y aurait " autour de sept spécialités" dans chaque lycée " ou à proximité", il fallait surtout entendre "à proximité".  Selon L'Etudiant, qui rend compte d'une circulaire envoyée aux recteurs les 7 spécialités promises n'existeront à coup sur qu'en réseau "dans un périmètre raisonnable". Avec la réforme du lycée, non seulement la concurrence entre lycées va se renforcer, mais les dotations horaires pourraient bien être revues sérieusement à la baisse.

 

Selon L'Etudiant, une note de service de la Dgesco indique que les 7 spécialités sur 12 promises le 3 septembre pour chaque lycée par JM Blanquer dans un entretien au Parisien ne seront effectives qu'au sein d'un bassin scolaire. La circulaire de la Dgesco précise que ces 7 spécialités "doivent pouvoir être accessibles dans un périmètre raisonnable" et non dans chaque lycée. La note reprend donc l'idée de mettre les lycées en réseaux. Les 7 spécialités seraient histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques ; humanités, littérature et philosophie ; langues, littératures et cultures étrangères ; mathématiques ; physique-chimie ; SVT ; SES selon L'Etudiant. Un élève d'un lycée pourra suivre une spécialité dans un autre voire même au CNED si nécessaire.

 

Les 5 autres spécialités auront une diffusion encore plus réduite. Arts, littérature et LCA, numérique et sciences informatiques, et sciences de l'ingénieur "feront l'objet d'une carte académique, voire nationale" selon la note. Biologie-écologie ne sera proposé que dans les lycées agricoles.

 

La réforme du lycée va être l'occasion d'une redistribution complète des cartes de formation selon une logique gestionnaire.

 

Interrogé par le Café pédagogique, le ministre avait dit que "la réforme n'est pas faite pour des raisons économiques".  Il avait annoncé une réforme sans réduction de moyens.

 

Mais la situation devrait être bien différente. D'abord parce que les nouvelles grilles horaires proposent moins d'heures de cours. Ensuite parce que la disparition des séries a un effet d'aubaine. Les élèves sont mélangés pour les enseignements du tronc commun, là où aujourd'hui il faut prévoir des classes différentes selon les séries. Cela optimise le remplissage des classes...

 

Surtout les textes n'imposent pas une offre scolaire minimum dans chaque lycée, comme nous le remarquions le 17 juillet. Ils disent juste que "les recteurs fixent la carte de ces enseignements en veillant à l’équilibre et à leur bonne répartition dans le cadre géographique le plus adapté au territoire, après avis des instances consultatives concernées". L'offre scolaire va fortement varier selon les lycées et chaque recteur va pouvoir proposer une offre adaptée à sa situation réelle d'effectifs enseignants au lieu de faire le contraire.

 

Selon une logique bureaucratique bien établie, l'offre maximum ira là où les services rectoraux sont certains de la "rentabiliser". Autrement dit on peut prévoir qu'elle sera plus riche dans les lycées de centre ville. Le ministère fait ainsi le choix de la concurrence entre établissements. Surtout la réforme va donner l'occasion de revoir les offres des lycées.

 

François Jarraud

 

Sur L'Etudiant

Sur la réforme du lycée

Blanquer hiérarchisation et mise en concurrence

 

Par fjarraud , le mercredi 05 septembre 2018.

Commentaires

  • Viviane Micaud, le 06/09/2018 à 11:00
    Je pense que l'Education Nationale doit être responsable et appliquer honnêtement les étapes d'un projet de changement.
    Un diagnostic a été fait: il était faux à cause de l'absence de maturité du sujet. La communauté des personnes impliquées dans les problématiques n'avaient pas eu le temps de dialoguer sur ce sujet complexe et il y avait des "dogmes" ou des "mythes" faux qui servaient de diagnostics. 
    Ensuite, des personnes ont pris en compte les contraintes d'emploi du temps et on vu ce qui était possible de faire au mieux. Outre que le diagnostic était faux, promettre 3 choix parmi 11 possibilités cela fait 165 combinaison (aller voir un prof de maths si vous me croyez pas). Il était évident qu'on arrivait à une impossibilité. Le principal problème est encore plus ardu pour les lycées en milieu rural. On peut pas imaginer d'envoyer une partie des élèves à 50 kilomètres. Et c'est souvent des petits lycées avec 5-6 classes de Première.
    Maintenant il convient d'organiser "une revue de projet de changement" par des gens compétents mais extérieurs au projet. Ce qui permettra de conclure que la réforme non seulement ne résout rien mais rajoute des inégalités et des discriminations. Il conviendra de décider d'arrêter la réforme du lycée.
    Le diagnostic est faux car le tri en France se fait sur la capacité d'expression. Le jeune qui n'a pas acquis les automatismes de lecture en CE2, ou qui a des difficultés d'expression à la fin du CM2 se débrouille jusqu'à la fin de la 6ème. Après la 5ème, ils sont devant des devoirs qu'ils ne peuvent réussir à cause de leurs lacunes incrustés depuis 5 ans, et ils sont condamnés à la perte de l'estime de soi et des devoir et à ne pas pouvoir progresser. On ne corrige pas des automatismes mal appris en 1 heure de soutien par semaine... Ben non. 
    Donc, il y a une élimination progressive par le Français en fin de 3ème vers le lycée pro pour ceux qui n'ont pas les acquis pour suivre le lycée GT, puis vers les filières technologiques pour ceux qui n'ont pas les acquis en Français pour la filière générale. La hiérarchie des filière générales s'explique par la suppression des options maths en L et en ES. Si un élève qui veut aller vers HEC avait la possibilité de faire les maths de S en ES, il n'irait pas en S. 
    • Viviane Micaud, le 06/09/2018 à 10:56
      Le diagnostic est faux car l'orientation progressif est une utopie. Il faut la changer par l'orientation par essai-erreur. C'est à dire que le jeune teste une "dominante" qu'il approfondit et si, à la fin il s'aperçoit que ce n'est pas sa voie, il peut rebondir vers un autre projet de "vie". L'orientation progressive est illusoire car le jeune ne peut pas avoir tous les éléments s'il commence sa réflexion en 4ème et donc le choix est forcément à valider par essai. (Blanquer propose de commencer la réflexion en 2nde!)
      Le diagnostic est faux car il nie ce qui fait la hiérarchie des filières. C'est le niveau atteint dans les deux matières structurantes "le Français (et de fait toutes les matières littéraires)" et "les maths" avec sa hiérarchie "maths de L", "maths de ES" et "maths de S".  Pour littéraire, les trois niveaux sont le niveau "bac Pro", le niveau "bac techno" et le niveau "bac général". Je rappelle que la France est le seul pays qui a deux niveaux dans les matières littéraires pour celles et ceux qui ne vont pas en filière professionnelle. 
      Par contre, les tentatives de suppression de plusieurs niveaux en maths au lycée dans d'autres pays a toujours conduit à une catastrophe pour les sciences et les professions techniques. Or, le monde va connaitre des changements sans précédent, ce n'est pas le moment de détruire la capacité de gérer les transformations du pays.
      La seule solution était de déconnecter la dominante (approfondissement littéraire, Sciences économiques et sociales, Sciences, etc...) du niveau choisi en matière littéraire et en maths. Mais, la réflexion des personnes impliquées n'avaient pas eu lieu, et ce n'était pas ce que préconisait les dogmes en vigueur. Les principes de la réforme reproduisaient les mêmes erreurs que les précédentes réformes, bien que ces erreurs avaient toujours conduit à augmenter les dysfonctionnements.
    • Viviane Micaud, le 06/09/2018 à 10:40
      La réalité est que le tri par les maths est une illusion d’optique due à une élimination préalable par le Français de 60% des élèves. Les éliminés par le Français dans les phases précédents au lycée générale n'ont ni tribune ni les mots pour le dire. Ceux qui n'ont pas pu faire le niveau de S en maths sont nombreux parmi les journalistes. Pour moi, qui aurait été une éliminée par le Français si j'étais dans le système d'aujourd'hui, c’est aussi grave que d’éliminer les 60% qui ont la couleur de peau la plus sombre et puis faire tri sur la compétence en course à pied, puis de déclarer que seul le tri par la course à pied existe. C’est d’une hypocrisie !
  • Philippe55, le 05/09/2018 à 08:26

    La mise en œuvre de cette réforme sera extrêmement complexe sur le niveau première compte tenu du calendrier annuel de gestion des moyens. 

     

    En effet, sauf innovation exceptionnelle, les lycées devront comme chaque année faire remonter leur tableau de répartition des moyens par discipline (TRMD) avant les congés de février, ce qui implique d’avoir préalablement réalisé une estimation assez précise des enseignements de spécialité, qui pour un lycée moyen de 10 classes de première, représentent un volume de 120 heures, soit 6 ou 7 postes d’enseignants.


    Il faudrait donc que les rectorats aient arrêté, après avis des instances consultatives compétentes, la liste des enseignements de spécialité et des enseignements optionnels pour chaque établissement avant les congés de la Toussaint et que les élèves, préalablement bien informés, aient choisi leurs spécialités avant mi-janvier.

    Ce n’est pas ce qui est prévu par le Ministère, qui envisage d’arrêter la liste des spécialités par établissements en janvier et le choix des élèves lors du conseil de classe du deuxième trimestre, c'est-à-dire bien après la remontée des effectifs, la construction de la structure et la répartition  des moyens !!!
    L’article 3 de l’arrêté  stipule qu’à titre exceptionnel, un élève peut suivre une partie des enseignements dans un établissement autre que celui dans lequel il est inscrit, lorsque ces enseignements ne peuvent être dispensés dans son établissement d’inscription". Cette phrase montre à quel point les rédacteurs du texte méconnaissent la complexité des emplois du temps d’un lycée et le problème des moyens de transport entre des établissements qui ne sont pas tous parisiens.

    L’accompagnement des élèves de seconde au choix de l’orientation pourra-t-il être efficacement mené en si peu de temps ?  L’institution n’aura ni le temps, ni les moyens et encore moins les formateurs  pour former les professeurs principaux de seconde aux subtilités du nouveau lycée, du nouveau bac et des attentes de l’enseignement supérieur dans trois ans. 

    Dans les disciplines concernées par les spécialités, des enseignants pourraient se retrouver en sous service voire sans aucun service en juillet et les établissements en manque d’enseignants. Cette réforme pourrait générer pas mal de difficultés de GRH et quelques réactions syndicales.

    Si les grandes lignes de la réforme sont désormais bien connues depuis mi-juillet, les proviseurs attendent avec impatience  les réponses  à leurs questions sur les modalités techniques d’application.

    La réussite d’une réforme d’une telle ampleur nécessite des explications et des concertations avec les personnels et les usagers. Cela prend du temps et les établissements sont déjà dans l’urgence.  Sans excès de pessimisme, on peut déjà prévoir des conseils d’administration compliqués en janvier, pour la répartition de la DHG sans aucune visibilité sur une part importante des besoins.


    • Viviane Micaud, le 06/09/2018 à 09:47
      La réforme Blanquer promettait 3 choix parmi 11 possibilités. Il suffisait de connaitre un peu les maths pour calculer: Combinaison de 3 parmi 11 = 165. Donc ils proposés 165 combinaisons possibles. Ensuite, il fallait imaginer les contraintes d'emploi du temps. C'est impossible.
      Ce qui est possible de faire est au maximum 7 arrangements par établissements (sur les 165). Pour éviter les délits d'initiés, il faut que le lycée soit lisible donc je propose d'appeler ces arrangement "séries". Bon je suis taquine. Mais, les séries avaient une logique. Ce qui a mis le bazar est la suppression des options maths pour les filières L et ES du lycée général. Et le déni que les deux matières structurantes sont le français (en premier) et les maths (en second) et que pour permettre la réussite futur, il faut mettre des passerelles pour rattraper le niveau non acquis quand il est indispensable pour réussir.
      Cette note montre que le travail de faisabilité a été fait. Maintenant, il faut utiliser les méthodes reconnues pour les projets changement avant de lancer la réalisation et faire une "revue de projet".
      - intérêt du changement, inconvénient du changement, conséquences pour chacune des populations concernées (on dit champ d'acteurs). 
      Le bilan est clair = il faut arrêter la réforme qui s'appuie sur le même diagnostic faux que les précédentes réforme et qui va rajouter des dysfonctionnements.
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