A quoi sert le service national universel ? 

Quelle sera la part prise sur les vacances et celle prise sur l'année scolaire ? Ce n'est pas encore fixé. Mais le service national universel, adopté en Conseil des ministres le 27 juin, impactera la vie des lycéens de 16 ans dès 2019. Si beaucoup de choses restent à définir, le gouvernement semble déterminé à mettre en place un engagement présidentiel dont les finalités annoncées renvoient largement à celles de l'Ecole. Alors pourquoi créer un service obligatoire d'un mois ?

 

Renforcer la cohésion sociale

 

 "Le service civique doit devenir universel". L'idée avait été lancée par François Hollande le 7 mai 2015 lors d'un rendez vous avec la jeunesse. L'idée avait fait son chemin avant 2017 sans jamais aboutir concrètement. Reprise par Emmanuel Macron lors de la campagne électorale, avec une déclinaison militaire, le service civique devient service national universel (SNU). Un an plus tard le Conseil des ministres du 27 juin décide d'une mise en place à partir de 2019.

 

Pour le gouvernement, le nouveau SNU doit "favoriser la participation et l’engagement de chaque jeune dans la vie de la Nation, valoriser la citoyenneté et le sentiment d’appartenance à une communauté rassemblée autour de ses valeurs, de renforcer la cohésion sociale et de dynamiser le creuset républicain... Le SNU sera un moment dans la vie du citoyen qui lui permettra de partager l’expérience d’une communauté d’âge et de la mixité sociale, et de découvrir les différentes formes d’engagement possibles".

 

Un mois de service obligatoire

 

Le gouvernement n'a pas arrêté les conditions dans lesquelles il sera réalisé. Mais on sait qu'il y aura deux phases. Une phase obligatoire d'un mois "effectuée aux alentours des 16 ans", donc en 2de, "dans le prolongement de l'obligation scolaire". Ce mois de SNU concernera tous les citoyen français des deux sexes. Elle comprendra 15 jours où le jeune sera hébergé en "vie collective". Et 15 jours probablement sans hébergement.

 

Quand aura lieu cette phase d'hébergement collectif et la phase suivante ? Geneviève Darrieussecq , secrétaire d'État auprès de la ministre des Armées, précise "qu'une partie de ce temps sera pris sur les vacances scolaires et peut-être une partie sur du temps scolaire".

 

L'animation de ces périodes devrait être confiée en partie à l'armée, notamment les militaires qui encadrent la JPD. Mais le gouvernement va aussi faire appel aux associations d'éducation populaire et à tous les mouvements qui encadrent la jeunesse.

 

Une seconde phase proposera aux volontaires une période d'engagement allant de 3 mois à un an dans des activités liées à la défense ou la sécurité, ou l'accompagnement des personnes ou encore le tutorat. Visiblement là aussi le gouvernement n'a rien arrêté. Un rapport devrait préciser tout cela d'ici la fin de l'année. Et l'application sera réalisée par étapes entre 2019 et 2021.

 

L'Education face à la commande présidentielle

 

C'est JM BLanquer qui a présenté la mesure à la presse . Elle concerne au premier plan l'Education nationale parce que le ministre a également dans ses attributions la jeunesse, les associations et nommément le service civique.

 

La mesure risque aussi d'impacter son budget. Le coût final du SNU n'est pas fixé. Le groupe de travail gouvernemental parle de 1 à 1.5 milliard mais d'autres estimations doublent cette somme. Pour JM Blanquer "l'intendance suivra" tant la détermination gouvernementale est forte.

 

La question de l'hébergement se pose en premier alors que l'armée n'a plus les installations du temps de la conscription. On voit mal comment héberger 750 000 jeunes chaque année durant 15 jours surtout s'il faut être à cheval sur du temps scolaire et non scolaire ou s'il faut utiliser les seules vacances scolaires. Comme on compte 16 semaines de congés scolaires cela reviendrait à héberger des ensembles de 100 000 jeunes. 

 

Des finalités qui empiètent sur l'Ecole

 

On s'interroge aussi sur les finalités. Qu'est ce que cette mixité sociale de deux semaines ? Le combat pour la mixité sociale est plutôt à gagner dans l'Ecole. Or c'est un domaine où le ministre brille par son absence. Les dédoublements ou la scolarité obligatoire à 3 ans ont peut être une finalité sociale. Mais elles ne changent rien à la ségrégation sociale. Les fameux "campus des métiers" promis par le ministre non plus.

 

S'il s'agit de donner une éducation civique , comme le ministre l'a mentionné, elle est déjà donnée au sein de l'école. Les récents programmes de l'école et du collège ne plaident pas pour une éducation civique "vécue" mais bien plutôt pour une instruction civique à l'ancienne.

 

Le ministre a aussi précisé que les jeunes pourraient faire du secourisme durant ce mois de SNU, comme si cela n'était pas déjà largement enseigné en collège. Si l'on écarte tout cela on ne trouve plus que la volonté du Prince...

 

Aussi les réactions des mouvements de jeunesse ne sont pas favorables. L'Unl SD parle de "recul historique majeur... issu d'une logique du XXème siècle". Pour la Fidl, " alors que les jeunes aspirent à pouvoir s’émanciper dans une société traversée par de nombreuses innovations, le projet de service national universel paraît passablement vieillot dans son inspiration et problématique sur ce qu’il révèle du fond. Vieillot dans son inspiration car venant poser une contrainte contraire à la notion d’engagement que ce dispositif prétend promouvoir."

 

François Jarraud

 

Conseil de sministres

Fidl

 

 

 

 

Par fjarraud , le jeudi 28 juin 2018.

Commentaires

  • Myriam83, le 04/10/2018 à 08:06
    Ce n'est pas seulement les jeunes qui sont concernés mais l'ensemble de la communauté éducative : les dispositifs déjà existants, qui visent à assurer le lien armée éducation au sein de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur (référents Education nationale auprès des Délégation militaire départementale (DMD), trinômes académiques, professeurs des relais, défense des universités, professeurs retraités) vont être renforcés et complétés par de nouveaux : Des membres du Conseil supérieur des programmes (CSP) s'opposent à la manipulation des programmes par le politique (surtout sur le programme d'EMC) et démissionnent ... Ce 03 octobre, les ministres de l’Education et de l’Enseignement supérieur ont présenté un décret "portant modification des modalités de nomination des recteurs" Jusqu’à présent, seuls 6 recteurs sur 30 pouvaient être non universitaires, le décret double ce chiffre à 12. Et la question n'est peut être pas tant de savoir pour qui ? Mais pourquoi ? Il est temps que les syndicats enseignants s’affolent !
  • Bernard Girard, le 28/06/2018 à 09:56
    Des lycéens enfermés dans leurs internats sous surveillance militaire. L'EN se trouve ainsi chargée d'une mission qui était traditionnellement celle de l'armée. A l'heure présente, les syndicats d'enseignants n'ont pas réagi. Ils regardent ailleurs ? 
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