Les nouveaux programmes bientôt face à un CSE plutôt hostile  

"On ne va pas voter ces programmes". Pour Claire Krepper, secrétaire nationale du Se Unsa, les "ajustements" Blanquer ne "vont pas dans la bonne direction". Une position qui se retrouve aussi du coté de la Fsu. Présentés au CSE du 12 juillet mais déjà largement diffusés par le ministère, les nouveaux programmes Blanquer pourraient cumuler un rejet par les représentants des enseignants et une mise en application de toute dernière minute.

 

Un CSE indépendant ?

 

 "On voit bien que au moins en français et en maths c'est la mise en conformité des projets de programme avec les recommandations déjà publiées il y a quelques semaines", souligne Claire Krepper, secrétaire  nationale du Se Unsa. Une remarque partagée par Francette Popineau, co-secrétaire générale du Snuipp Fsu. "Le CSP était indépendant. On voit que maintenant c'est l'inverse. C'est la voix du ministre. On y retrouve tous ses partis pris comme l'insistance sur la syllabique ou les 4 opérations au CP".

 

Une publication problématique

 

Même prise de position aussi sur le calendrier. "Le calendrier pose problème", nous dit Sandrine Charrier, secrétaire nationale du Snes Fsu. "C'est compliqué de demander aux collègues de prendre connaissance de modifications significatives des programmes en juillet". "Ca laisse rêveur sur le respect du travail mené en équipe pour faire une progression de cycle. Il y a un vrai mépris pour le travail fait dans les écoles et les collèges pour s'approprier les programmes de 2016", estime C Krepper. La méthode pose aussi problème. F Popineau souligne la nouveauté qui consiste à publier les programmes dans la presse avant qu'ils soient passés en CSE. "Visiblement on ne pense pas au ministère que les syndicats puissent avoir une expression utile sur ces travaux", nous dit C Krepper. Elle remarque aussi l'absence de concertation auprès des enseignants à la différence des programmes de 2016.

 

Des approches différentes des contenus

 

Mais les syndicats ont aussi des lectures différentes des nouveaux programmes. Au Snuipp Fsu, Francette Popineau  souligne l'absurdité de certains choix comme pour le passé simple. "Où quelqu'un dit "hier nous chantâmes" ? Même dans la littérature ça n'existe pas. On est aussi méfiant sur les 4 opérations au CP. Les programmes ne sont pas clairs là dessus".

 

Le Snes Fsu est encore en train d'étudier les nouveaux programmes et Sandrine Charrier ne veut pas préjuger de sa position. Mais elle souligne l'absence de repères de progressivité. "On nous avait dit qu'ils seraient dans les ajustements, or ils n'y sont pas". Elle remarque aussi une conception ancienne de la grammaire. "C'est un retour en arrière qui nous ramène loin , avant 1970".

 

Coté Se-Unsa on est plus critique sur les contenus. "En français on met à mal un enseignement vraiment au service de la compréhension et on assiste à un retour à des séquences cloisonnées en particulier en grammaire et en orthographe", explique C Krepper. "Il y a des changements symboliques qui marquent une volonté de retour en arrière et à la tradition comme le retour à la terminologie traditionnelle qui met en difficulté les élèves et les enseignants. Les programmes précédents étaient écrits en pensant à ce que les élèves devaient maitriser. Là on est dans la logique de ce que les enseignants doivent enseigner". C Krepper reconnait aux nouveaux programmes "plus de clarté dans certains passages, une présentation plus aérée". Mais c'est du détail.

 

Un programme semble faire clairement l'unanimité : celui d'EMC. "Sa finalité est plus axée sur l'apprentissage des valeurs que sur la construction d'un esprit critique", explique S Charrier qui dénonce "une rigidification des pratiques". Pour le Se Unsa, "on passe d'un EMC à vivre à un EMC théorique". Francette Popineau juge le programme très descendant. "Il ne faut pas laisser entendre aux enfants que les lois sont élaborées d'en haut mais au contraire leur apprendre que les citoyens produisent les lois".

 

F Jarraud

 

 

 

Par fjarraud , le mercredi 27 juin 2018.

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