Comment le numérique affecte-il le champ de l'orientation ? Quels nouveaux outils , nouvelles démarches imaginer pour mieux aider les élèves dans leur orientation ? Comment le développement de l'intelligence artificielle va-t-elle modifier les outils mais aussi les organismes d'orientation ? Toutes ces questions se sont invitées au colloque international "Orientation et transformation numérique" organisé par l'Onisep le 8 juin. Des intervenants venus de toute l'Europe ont apporté un éclairage pertinent aux questions que pose l'orientation en France.
L'orientation une exigence internationale
"Il nous a semblé utile à l'Onisep de renouer avec la tradition d'encourager les études liées à la problématique de l'orientation". Michel Quéré , directeur de l'Onisep, interrogé par le Café pédagogique, reconnait qu'un tel colloque ne s'était pas vu depuis plusieurs années.
L'Onisep a invité le président de l'Aquisep québécoise, Rens van der Vorst, responsable d'une expérimentation de l'université d'Eindhoven (Pays Bas), Tom Staunton, Derby University, Victoria Johnson, responsable de My Future, un service d'orientation australien, Jean Jacques Ruppert, président de l'Avopp (Luxembourg), Michael Adam , directeur du portail de l'Agence fédérale pour l'emploi allemande, Daniela Cerqui, une anthropologue suisse, et bien sur de nombreux intervenants français comme Claudio Cimelli (DNE) Laurent Lascrou (Erasmus +), Sergfe Ravet (Adpios Open Badges), Michel Muller (ingenierie éducative Onisep), Nicolas Marquès (DREI MEN), Graziana Bosdcato (Euroguidance) ou Eric Mortelette (Mon orientation en ligne, Bordeaux).
Plateformes formelles et informelles
Après une présentation de "l'approche orientante" par Gaston Leclerc, deux tables rondes ont présenté un état des lieux du numérique pour l'orientation. R van der Vorst a montré "Quantify Student", une innovation numérique néerlandaise. V Johnston a évoqué la plate forme My Future et son impact sur le travail des professionnels de l'orientation. Michael Adam a expliqué comment il a pu réunir en une plateforme un outil où se rencontrent les questions du public et les offres d'emploi et de formation en Allemagne.
Serge Ravet, directeur de l'Adpios, a présenté les Open Badges, des outils de validation de compétences tout à fait informels mais aussi tout à fait validés et reconnus. Une initiative sociale particulièrement riche et novatrice qui sort les problématiques de l'orientation de leur cadre officiel habituel.
"La révolution numérique transforme les comportements sociaux", rappelle Michel Quéré. "L'intelligence artificielle sera une étape nouvelle même si aujourd'hui elle n'en est qu'à ses débuts. Elle est encore très ancrée dans des système de règles. Il faudra plusieurs générations pour qu'elle se rapproche d'une forme d'intelligence".
Quel impact des technologies numériques ?
Si l'Onisep a développé de nombreuses applications mobiles destinées aux jeunes, "on est toujours dans une combinaison heureuse entre média numérique, comme le tchat, les mails, les informations en ligne, et l'accompagnement en interaction directe", souligne M. Quéré. Ce lien entre outil numérique et humain lui semble essentiel aujoud'hui.
Le numérique va t-il changer les métiers de l'orientation ?JJ Ruppert a souligné le faible impact attendu de l'intelligence artificielle sur ces métiers. Mais pour M Quéré "ce qui se dessine dans les différents pays, comme l'Australie, l'Allemagne, ce sont des formes de complémentarité entre l'humain et les technologies numériques. On ne dématérialise pas l'orientation. On ne l'externalise pas".
Pour lui, même si on observe des expériences innovantes informelles comme celle des Open Badges, la puissance publique va garder sa place dans le champ de l'orientation. "L'enjeu que constitue la lutte contre la dimension sociale des inégalités scolaires renforce le fait qu'on ait besoin d'une action publique de qualité".
F Jarraud