L'Etat va mettre fin aux CIO  

Pour ceux qui dénoncent la volonté gouvernementale de réduire les missions confiées à l'Etat, voilà un premier cas concret. Le projet de loi "pour la liberté de choisir son avenir professionnel", qui sera étudié à l'Assemblée à partir du 12 avril, prévoit la fermeture des Centres d'informations et d'orientation et le transfert du personnel des directions régionales de l'Onisep aux régions. La destruction du service d'Etat d'orientation se fait dans la précipitation. Le gouvernement conclue à la hussarde un débat vieux de plusieurs années.

 

L'orientation ce sont les régions, y compris l'orientation scolaire. C'est ce qui découle du projet de loi "pour la liberté de choisir son avenir professionnel" qui arrive en discussion à l'Assemblée.

 

L'article 10 du projet de loi  stipule que c'est la région, et non plus l'Etat, qui "délivre l'information nécessaire sur toutes les voies de formation aux élèves et aux étudiants". C'est donc la région qui "organise des actions d'information sur les métiers et la formation en direction des élèves et des étudiants". Il annonce le transfert aux régions des personnels des directions régionales de l'Onisep, cela dans un délai de 3 mois.

 

Les presque 400 CIO qui maillent le territoire national et permettent aux jeunes de trouver de l'information sur l'orientation vont fermer , leurs directeurs seront repris par les rectorats. Les ex-conseillers de CIO, devenus psychologues option orientation, seront nommés en établissements scolaires. Selon le Sgen Cfdt l'inspecteur général P. Charvet, ancien directeur de l'Onisep, est chargé d'une mission pour faire des propositions de convention entre l'Etat et les régions dans ce nouveau cadre.

 

Sur son blog, Bernard Desclaux, directeur de CIO et formateur, explique que au delà des problèmes de personnel, "des questions fondamentales sur le statut de l’information vont se poser. On peut être certain en particulier que le traitement de l’objectivité de l’information sur les formations et les établissements variera, avec une plus grande ampleur qu’aujourd’hui, selon les politiques locales des régions". Il relève également que les CIO alimentent les établissements scolaires en informations. "Du côté du public, il y aura un rétrécissement de celui-ci aux élèves de l’établissement, et les rencontres se feront aux heures et dates d’ouverture des établissements". Cet abandon du role social de l'Etat pour le public non scolaire est aussi dénoncé par le Sgen Cfdt.

 

Le Snes comme le Sgen appellent les personnels concernés à la mobilisation. Ils soulignent le risque de disparition à court terme des psychologues EN orientation.

 

F Jarraud

 

Le texte du projet de loi

Blog B Desclaux

Orientation : Recadrage entre Etat et régions

 

Par fjarraud , le mercredi 04 avril 2018.

Commentaires

  • Hasni PSYEN EDO, le 04/04/2018 à 12:41
    On assiste peut-être à la disparition d'un service public gratuit et utile. Cela va concerner :

    - Les élèves sans solution, après la troisième ou la terminale (que les CIO reçoivent pendant les vacances scolaires notamment),
    - Les familles désemparées par la détresse d'un enfant en refus scolaire anxieux, accueillies dans ce lieu tiers, 
    - Les élèves pour lesquels l'abondance d'informations ne résout pas nécessairement leur indécision,
    - Les mineurs isolés étrangers, parfois réfugiés de guerre, que nous accueillions et accompagnons dans leur scolarisation,
    - Les jeunes gens actifs concernés par la possibilité d'un "retour en formation initiale", une deuxième chance,
    - Les élèves "décrocheurs" avec lesquels nous tentons d'élaborer, également dans ce lieu tiers, des solutions pour persévérer scolairement, avec nos partenaires, dispositifs relais, MLDS, EPLE, etc.

    Ce projet de loi va également concerner :
    - Les sociétés privées (type coachs) qui factureront (facturent déjà) des "kits parcoursup" à 500 euros ou la lettre de motivation à 150 euros à des familles... qui le pourront (pour une qualité invérifiable).
    http://www.leparisien.fr/societe/parcoursup-on-a-teste-les-lettres-de-motivation-payantes-26-03-2018-7629159.php
    - Les organisations professionnelles qui voudraient, non pas informer les élèves mais organiser la promotion (propagande ?) concernant leurs métiers. Pourquoi pas la fédération des métiers de la propreté, ou l'armée de terre dans les collèges mais pour qui, pourquoi ? Nous savons quel type d'élèves succombe en premier...

    La question de l'information, de l'orientation scolaire et professionnelle est un sujet plus complexe qu'il n'y paraît. Sûr que les Psychologues de l'Education nationale, les agents concernés et peut-être même les enseignants tenteront de défendre cette vision.

    Bonne journée à vous.

  • emeleard, le 04/04/2018 à 09:17
    Encore une décision courageuse après des années de gaspillage d'argent public sans résultat. Tout le monde pensait ça tout bas et rien ne se passait.  Il faut réorganiser tout cela, sans attendre avec une obligation de résultats pour les agents en charge de ce vrai et important  travail. Mais ne serait ce pas un tuteur au sein de l'école, qui connaît l'enfant, le mieux placé pour ça ?
    • Viviane Micaud, le 04/04/2018 à 09:59
      Avant, la généralisation d'internet dans les foyers, je suis allée avec un de mes fils dans un CIO. Comme je n'avais pas de rendez-vous, on m'a dit de me débrouiller seule avec la documentation géré dans des classeurs..
      Aujourd'hui, toute la documentation que je devais consulter seule,  est disponible sur internet.

      La question est le service. Quand la famille ou le jeune, a un rendez-vous, est-ce que ce service sera identique si cela a lieu dans un établissement scolaire et si c'est géré par la région? Je ne peux pas répondre à la question... 
      Mon opinion est cela dépendra de la posture des personnes qui géreront politiquement et fonctionnellement le sujet à la région. Mais à terme, cela fonctionnera mieux.
      Il faut repenser les rôles de chacun dans la réalisation du service
      - par les prof-docs qui guideront les élèves à consulter l'information sur internet,
      - par les profs principaux qui donneront les informations sur les possibilités de réussite de chaque jeune,
      - par les PsyEN qui accompagneront les enfants qui ont besoin de soutien pour se projeter dans l'avenir,
      - par la région qui proposera une animation de la mise en relation avec des professionnels, et gérera des décisions concernant les filières courtes professionnalisantes sur le territoire (en lien avec les possibilités de trouver un travail ensuite). 

      N'oublions pas que ce qui marche le moins bien aujourd'hui est l'affectation en filière professionnelle par un système complètement déshumanisé, basé sur les notes et non pas la motivation de l'élève pour le métier. Comme les familles aisées ne sont pas concernées, on n'en parle jamais. Mais le problème est parfaitement connu par celles et ceux qui s'intéressent vraiment à la jeunesse.
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