Delphine Ducourtioux et ses élèves Ambassad’Air  

Comment mener un projet de sciences participatives autour de la qualité de l’air ? En lien avec l’association Airbreizh et la Maison consommation environnement de Rennes, Delphine Ducourtioux, enseignante de SVT, propose à ses collégiens de 3ème de mesurer dans l’environnement proche du collège la qualité de l’air à l’aide de capteurs. Dans un second temps, les 3èmes transmettent aux 5èmes leurs découvertes. «Speed’air, tic tac poumon, cigarout, time’s air, mem’air, nerf air” : les productions permettent un échange entre pairs évalué par l’enseignante. « Cet échange permet aux élèves de deux niveaux différents de se connaître et favorise l’estime de soi des 3ème   » explique Delphine Ducourtioux.

 

Quel est ce projet Ambassad’Air mené en classe de 3ème ?

 

Le projet Ambassad’air est un projet de sciences participatives. L’idée est de permettre aux élèves de devenir acteurs face à la qualité de l’air.  Dans un premier temps, Jacques Le Letty de l’association de la maison de la consommation et de l’environnement et Alain Laplanche de l’association Airbreizh ont transmis pendant 1 heure chacun, à leur tour, aux élèves des notions sur l’air et ses polluants, la mesure des polluants et leurs effets sur notre santé.

 

L’heure suivante a été l’occasion pour les élèves de réfléchir en salle à l’aide d’une carte du quartier du collège (capture d’écran du site OpenStreetMap) aux endroits où ils souhaitaient réaliser lors de la séance suivante leur capt’air dans Rennes. Deux mesures fixes de 5 minutes devaient être effectuées afin de pouvoir comparer les mesures obtenues dans les cinq classes de troisième.

 

La capt’air a duré 50 minutes. Chaque groupe était accompagné d’un adulte dont Adrien Roland stagiaire en service civique. Cette capt’air a été réalisée à chaque fois avec 15 élèves répartis dans trois groupes. Chaque groupe avait à sa disposition un capteur et la carte du parcours choisi.

 

Les élèves ont eu connaissance des résultats des mesures des différents groupes à la maison de la consommation et de l’environnement, l’occasion pour eux de découvrir un nouveau lieu.  Il ne leur restait plus qu’à devenir les Ambassad’air auprès des cinquièmes du collège !

 

Comment les élèves de 3èmes transmettent-ils leurs informations aux 5èmes ? Quelles sont leurs productions ?

 

Les élèves pouvaient transmettre leurs informations en utilisant le support qu’ils souhaitaient (diaporama, jeu…). La seule « contrainte » était le temps et l’espace à leur disposition. Je leur ai expliqué lors de la première heure qu’afin de ne pas se retrouver à 60 dans une classe, tous les élèves seraient répartis dans deux salles communicantes. Dans chaque salle allaient se trouver 5 groupes de troisièmes. Les élèves de troisième resteraient à leur place alors que les élèves de cinquièmes se déplaceraient toutes les 10 minutes. Nous avons convenu ensemble qu’il était également préférable de ne pas avoir plus de deux activités identiques afin de donner du rythme à la séance.

 

Les troisièmes ont ensuite réfléchi en groupe à la production qu’ils souhaitaient présenter puis nous avons effectué une mise en commun.

 

Les productions sur la qualité de l’air et la santé ont donc été très diverses : diaporamas « classiques », une capt’air dans Zola ou encore jeux inspirés de ceux avec lesquels ils ont pu jouer ou voir à la télévision. (dioxygène drop, speed’air, tic tac poumon, cigarout, time’s air, mem’air, nerf air, mots mélés, badge-it, jeu-débat…). Des élèves ont également choisi d’utiliser un serious game sur l’asthme (asthmaclic).

 

Dans certains groupes, un travail collaboratif entre classe a eu lieu puisque les élèves avaient choisi les mêmes productions. Tous ont utilisé les diaporamas utilisés lors des deux premières heures et déposées sur le Wikirennes Ambassad’air. Tous n’ont pas eu le temps en deux heures de finaliser leur jeu en cours et l’ont donc terminé à la maison.

 

Comment se déroule cet échange entre pairs ? Evaluez-vous le projet ?

 

Cet échange permet aux élèves de deux niveaux différents de se connaître. Cela favorise l’estime de soi des troisièmes qui proposent leur production. Les cinquièmes sont ravis que les troisièmes qui ont deux ans de plus qu’eux « s’amusent » avec eux, prennent du temps avec eux. Les cinquièmes apprennent dans la bonne humeur ; je ne suis là que pour aider à la mise en place et à leur rappeler de tourner toutes les 10 minutes.  Les élèves de cinquièmes proposent également plus tard dans l’année aux CM2 de participer aux parcours du cœur. Ils peuvent donc exercer leur sens critique.

 

J’évalue les élèves en utilisant le socle commun des compétences et plus particulièrement :

le domaine 3 :

- La formation de la personne et du citoyen

- Travailler en équipe ou en projet (coopérer, partager les tâches, respecter les délais, respecter l’opinion des autres)

--S’impliquer (faire des efforts, participer, prendre des initiatives) 

Et le domaine 1 : les langages pour penser et communiquer (Comprendre et s’exprimer en utilisant la langue française à l’oral).

 

Quel est le matériel utilisé pour mesurer la qualité de l’air ? Qu’avez-vous remarqué dans vos mesures ?

 

Le capteur que nous avons utilisé pour la capt’air dans Rennes est le capteur Airbeam. Ce capteur envoie chaque seconde (par bluetooth, pendant 10h maximum) des mesures, qui sont affichées sur l’application.

 

Le capteur présenté aux cinquièmes et que nous avons maintenant dans la classe pour réaliser des mesures quotidiennes est le capteur Airmatrix. Il nous permet de réaliser des mesures à la fois de l’air intérieur et de l’air extérieur.

 

Ces deux capteurs mesurent le taux de particules fines PM2.5. L’OMS recommande de ne pas dépasser 25µg/m3 pendant plus de 3 jours par an. Nous n’avons d’ailleurs pas dépassé ce seuil pendant nos mesures puisque nous avons la chance à Rennes d’avoir du vent et de la pluie qui chassent la pollution.

 

Pour le moment, les élèves n’ont remplacé qu’une fois le « macaron » de couleur verte qui se trouve à l’extérieur de la salle. Juste avant les vacances de février, nous avons en effet eu deux jours avec une qualité de l’air moyenne (macaron jaune). Des troisièmes ont d’ailleurs demandé à leur professeur d’E.P.S. de prendre en compte cette pollution ce qu’ils n’avaient jamais fait auparavant.

 

Quels sont les apports des intervenants extérieurs ?

 

Les intervenants extérieurs sont sur le terrain en contact avec d’autres structures en France mais également à l’étranger. Ils peuvent ainsi nous donner des informations actualisées tirées d’études scientifiques.

 

Ils travaillent beaucoup en utilisant les réseaux sociaux (cela a été l’occasion pour moi de m’y intéresser davantage). Nous avons pu également déposer les photos des jeux produits par les troisièmes sur le padlet Ambassad’air. La présence d’un stagiaire en service civique a également donné des idées à des élèves.

 

D’autres ambitions pour l’an prochain ?

 

Peut-être un escape game réalisé par les troisièmes pour les cinquièmes en utilisant les productions de cette année ?  Une collègue de technologie est également partante pour essayer de construire avec les élèves notre propre capteur en utilisant le site luftdaten.info .

 

Mais le projet n’est pas fini pour cette année. Ma collègue d’arts plastiques envisage de réaliser un masque avec les cinquièmes en suivant l’action participative maskbook et nous devrions aller également avec les cinquièmes étudier les lichens dans Rennes avec un spécialiste.

 

Entretien par Julien Cabioch

 

Le projet

Compte officiel de l'opération Ambassad'Air

 

 

 

Par fjarraud , le mardi 03 avril 2018.

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