FEI10 : Fabien Seguin : Découvrir une ville par la réalité virtuelle 

Fabien Seguin, professeur d’histoire et géographie au Collège Jean-Jacques Rousseau de Voujeaucourt dans le Doubs, a choisi d’utiliser une application de réalité virtuelle sur tablette pour superposer un autre niveau d’information sur une image choisie au préalable et permettre à ses élèves de 4ème, et avec l’aide du professeur documentaliste, de découvrir des paysages de l’urbanisation. L'intérêt de ce travail est de montrer qu’un document peut être varié et qu’il peut avoir divers degrés de lecture. Le travail est collaboratif avec l’introduction de nouveaux outils numériques. Cela valorise les élèves en grande difficulté car ils travaillent sur un sujet de leur propre choix, dans un cadre diffèrent de la classe. Le travail interroge sur la source des images, des vidéos et du droit d’auteur sur Internet. Fabien Seguin a participé au Forum des Enseignants Innovants les 2 et 3 février derniers. Retour sur une expérience de classe innovante…

 

Découvrir une ville avec la réalité virtuelle c'est quoi ?

 

Le projet consiste à associer deux niveaux d’informations en réalisant une affiche sur un paysage urbain. À une photo de paysage, vient se superposer une vidéo de la ville de 30s visible sur une tablette grâce à l’application HP Reveal. On appelle cela de la réalité augmentée car d’autres informations viennent s’ajouter au « vrai » support (photo, article, dessin,…). Il n’y a pas d’immersion totale comme dans la réalité virtuelle. C’est un projet sur un temps court, 3 à 4h.

 

Quels objectifs poursuivez-vous ? Quelles motivations pour ce projet ?

 

En 4ème, on veut amener les élèves à comparer les paysages et voir que certains se ressemblent (gratte-ciel, monuments historiques/anciens, maisons individuelles riches ou pauvres de types bidonvilles). On veut qu'ils découvrent que derrière le luxe, la modernité de certains gratte-ciels, il y a une réalité plus inquiétante avec des quartiers très pauvres à quelques kilomètres du centre voire dans le centre même.

 

On souhaite aussi les faire travailler sur les droits d’auteurs sur Internet : en recherchant les images et les vidéos, les élèves doivent s’assurer qu’elles sont libres de droit et certaines réutilisées des dizaines de fois depuis des années. Ce travail se fait grâce à Google images et aux options de recherches. Les élèves sont toujours surpris de voir que les vidéos Youtube ont des droits à respecter et que tout n’est pas « libre et gratuit ».

 

Le numérique est un outil comme un autre car on trouve toutes ces informations ailleurs sur le net ou dans les manuels mais c’est un prétexte pour que les élèves travaillent sur un sujet qu’ils ont choisi, un lieu qui les fait rêver. Essayer de leur donner l’envie de s’intéresser au monde qui les entoure, de le découvrir et de voyager.

 

Quels outils numériques utilisez-vous ? Comment vous êtes-vous formé sur ces outils et comment vos élèves réussissent-ils à se les approprier ?

 

J’utilise 7 tablettes numériques. Je n’ai pas reçu de formation spécifique mais j’ai toujours été intéressé par le numérique, par les possibilités qu’il offrait. Je regarde beaucoup ce que font les collègues sur les réseaux sociaux et je regarde, j’apprends des autres et je m’adapte. Il n’y a rien d’original, cette idée a déjà du être utilisée. Mon inscription au FEI10 était justement dans cette optique, découvrir de nouveaux projets, de nouveaux collègues et pouvoir m’en inspirer et j’ai justement trouvé beaucoup d’idées intéressantes à réutiliser.

 

Pour le projet en réalité augmentée, j’ai vu le même type d’application dans un musée. En scannant, le tableau, on pouvait voir les étapes de réalisation (dessin, encrage, couleur) et voir l’artiste le peindre en réalité augmentée. Je me suis dit : je veux jouer avec cette application en classe.

 

Quelles compétences les élèves acquièrent-ils dans la préparation de leurs exposés ?

 

Travailler en groupes autonomes se mettre d’accord et faire des concessions sont les principales compétences.  Ensuite, la recherche respectant les droits d’auteurs est plus compliquée car ils se sentent limités dans leurs choix.

 

Quels sont les effets attendus et anticipés ?

 

Faire passer des notions en jouant et que les élèves prennent plaisir à montrer une part de leur personne.

 

Quelles réussites ou changements de mentalités avez-vous pu observer ou pensez-vous observer par la suite ?

 

Les élèves travaillent sur un sujet qu’ils ont choisi. Cela permet de toucher les élèves peu motivés ou en difficultés car ils ont l’impression que l’on s’intéresse à ce qu’ils aiment, à un sujet qui les interpelle. Les élèves présentent leur travail ensuite au CDI lors d’une exposition. Ils sont fiers du choix de leur ville et d’expliquer comment fonctionne l’application.

 

Quelles peuvent être les limites de ce projet ?

 

Il faut effectivement des tablettes mais aussi gérer les différents degrés de maitrise des élèves. Certains n’ont jamais utilisé un tel outil.  

 

Je pense reconduire le projet sous la même forme pour l’an prochain et je pense  l’adapter pour d’autres cours notamment en géo. Le but n’est pas de généraliser la réalité augmentée mais de travailler sur l’imaginaire, le ressenti des élèves avec comme question : pour vous, que représentent les Etats-Unis, l’Afrique dans le monde ? Là encore, les réponses dépendent des goûts de chacun comme une série, une musique, un souvenir, un rêve à réaliser. En histoire, je pense l’adapter pour travailler sur les monuments de type avant/après avec une photo du Colisée et une reconstitution en réalité augmentée par exemple ou un paysage de l’âge industriel.

 

Propos recueillis par Alexandra Mazzilli

 

 

 

Par fjarraud , le vendredi 16 février 2018.

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