"La thèse d’une démission parentale – s’agissant de parents qui ne s’investiraient pas suffisamment dans le suivi et l’encadrement de la scolarité de leurs enfants – est le symptôme d’un vrai problème", explique Jean Pierre Terrail dans "Le magazine de l'éducation", la revue de l'université de Cergy Pontoise. "Visant bien sûr à expliquer l’échec scolaire, elle revient en effet à admettre la difficulté de l’école à assurer par elle-même la réussite des apprentissages dont elle a la charge. Mais la solution du problème est-elle à chercher du côté des parents ?"

"L’examen des conditions de l’échec scolaire chez les enfants de cadres conduit effectivement à incriminer le défaut d’un encadrement parental suffisant... La question se pose tout autrement dans les familles populaires, celles à qui s’adresse en réalité le soupçon infâmant d’un comportement démissionnaire. Disons-le tranquillement : en tant qu’elle vise spécifiquement les milieux populaires, la thèse de la démission parentale a quarante ans de retard", démontre JP Terrail. "La généralisation de l’accès au secondaire a changé la donne : dès 1972, la proportion de parents ouvriers souhaitant pour leurs enfants un parcours scolaire allant au moins jusqu’au bac, qui n’était encore que de 15% en 1965, est passée à 60%. Elle n’a fait que s’élever depuis lors, si bien qu’aujourd’hui cette ambition concerne 9 familles sur 10, exactement comme dans les autres milieux sociaux... Les parents concernés joignent le geste à la parole : d’après les enquêtes « Emploi du temps » de l’INSEE, ils consacrent environ 5H par semaine à l’aide au travail scolaire, là encore autant que chez les cadres".

Pour lui, il s'agit d'une " nouvelle mutation dans le rapport des familles populaires à l’école qui s’engage aujourd’hui, marquée par l’abandon de l’attitude délégataire et l’adoption d’un comportement d’appropriation active des contenus d’apprentissage, sur fond de mécontentement... La conviction d’une démission éducative des familles populaires n’en reste pas moins fortement ancrée à tous les niveaux du système éducatif, qui multiplie les projets d’établissements et les actions cherchant à susciter leur mobilisation".

Le magazine propose un dossier sur les relations parents - éducation nationale avec notamment P Perrenoud et JP Payet.

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