FEI10 : Elèves en labo, profs en réseaux avec Isabelle Bougault 

Isabelle Bougault est enseignante en éducation musicale au collège Jacques Cœur de Lentilly (69) et elle participe, au sein d’un reseau, au projet méta-cours. Elle représente au 10ème Forum des enseignants innovants l’ensemble des acteurs engagés dans le réseau EdMus. Son projet a obtenu le Grand Prix du jury du Forum des enseignants innovants.

 

Pourriez-vous nous présenter ce projet qui est dans sa deuxième année de fonctionnement ?

 

Les professeurs d’éducation musicale, souvent isolés dans leur établissement, ont l’habitude de travailler en réseau. Le collectif #EdMus sur twitter est l’un deux.

 

Une douzaine d’enseignants répartis sur toute la France sont actuellement impliqués dans le projet, avec des élèves de la 6e à la 1ère. Nous avons souhaité étendre cette habitude de travail collaboratif aux élèves : des classes créent des séquences pour d’autres classes.

 

Les classes répondent à des commandes de séquences à partir par exemple d’une problématique, et construisent une séquence complète de cours, dans le respect des programmes d’éducation musicale, depuis sa présentation jusqu’à son évaluation.

 

Quel est l’intérêt premier pour les élèves engagés dans ce projet ? Quelles sont les compétences développées ?

 

Les élèves sont placés dans une double posture. Ils acquièrent bien sûr des compétences disciplinaires, ce qui est indispensable pour nous en tant qu’enseignant. Mais au-delà, le développement nécessaire de la métacognition engage d’autres processus. Les élèves sont en questionnement : que devons-nous apprendre ? comment apprend-on ? comment enseigne-t-on ? Chaque élève est amené à s’interroger sur l’essence même d’un cours, de ses enjeux. Il se questionne également sur ses propres stratégies d’apprentissage. Il devient le créateur, l’inventeur, le metteur en scène d’une pédagogie. C’est un décadrage qui implique un changement de regard sur les situations de cours. L’enjeu premier, aux côtés de celui d’apprendre, est aussi celui de transmettre.

 

Pour vous, qu’est-ce que cela a changé dans le déroulé de vos séances ?

 

Les élèves ont à investir un champ d’autonomie important puisqu’ils doivent eux-mêmes imaginer les outils créés : supports de cours, tâches à réaliser, évaluation … L’utilisation des outils numériques facilite le travail et permet un questionnement concernant les droits et usages des ressources à disposition ou crées. La classe devient un laboratoire de découvertes et de productions.

 

On remarque un développement des situations de collaboration, une nécessité de s’organiser, de prise de décisions collectives.  Les élèves receveurs – et davantage encore s’ils ont été créateurs – font preuve d’une grande motivation pour investir des nouvelles séquences créées par leurs pairs.

 

Comment ce dispositif est-il appelé à évoluer ?

 

A moyen terme, grâce au soutien de l'Apemu, nous souhaitons développer un outil de mise en relation des donneurs et receveurs de cours pour faciliter les échanges. Cet outil serait également ouvert aux autres disciplines. C’est bien là un projet de grande ampleur que nous souhaitons développer afin d’impliquer un grand nombre d’élèves.

 

Vous participez cette année au forum des enseignants. Quel est l’intérêt de ce type de manifestation ?

 

Il est important pour nous de faire connaître cette initiative qui est par nature transposable dans toutes les disciplines. Le forum permet d’élargir le réseau d’enseignants impliqués et de nourrir le projet d’autres expériences de classes.

 

Propos recueillis par Aurélie Badard

 

 

Par fjarraud , le vendredi 09 février 2018.

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