Le numérique peut-il ressusciter les envies ? Il faut croire que oui quand on regarde la frise chronologique réalisée par les élèves d'Emmanuelle Lescène. Une réalisation qui fait travailler  aussi bien l'expression française que le gout de l'histoire.

Enseigner un plaisir égoïste

"Faire ce métier c'est un plaisir un peu égoïste en fait". Emmanuelle Lescène n'a pas toujours été enseignante. Elle est professeure des écoles à Montpellier depuis 15 ans. Mais elle a commencé sa vie professionnelle comme controleur de gestion à préparer des bulletins de paye. "Je ne regrette pas la gestion", nous dit-elle. "Le métier d'enseignant est plus fatiguant. Mais il est beaucoup plus humain, beaucoup plus stimulant sur le plan intellectuel. Enfin les enfants nous apportent beaucoup et beaucoup plus que les adultes".

Emmanuelle est bavarde mais on sent l'émotion la gagner quand elle raconte que les enfants sont épatés quand elle apporte une simple petite balle en plastique pour représenter la lune. "On lit la reconnaissance dans leurs yeux au moindre geste que l'on fait vers eux".  

Du plaisir au travail

Mais revenons au projet présenté par E Lescène. Ses élèves ont réalisé une frise chronologique interactive en y insérant des séquences vidéos accessibles avec une tablette ou un smartphone.

"Faire cela c'est faire vivre la frise chronologique qui orne les murs de toutes les écoles. Les élèves finissent par ne plus les voir. Là les enfants la voient vraiment avec fierté. "Mais le plus important c'est le process qui permet de travailler sur la frise", explique E Lescène. " La frise de classe est un élément un peu incontournable dans une classe d'élémentaire... mais elle devient vite un document qui fait partie du paysage visuel des enfants sans qu'il ne s'y intéressent trop... La rendre en quelque sorte vivante a modifié le rapport des enfants avec ce document qui pouvait, de prime abord, être un peu hermétique pour leur âge. Ils sont heureux et fiers de faire des recherches et avoir leur vidéo "accrochée" à la frise de classe par la magie du numérique", dit-elle.

Les élèves ont un important travail d'écriture à faire. Ils doivent faire parler leur personnage ce qui implique un changement de point de vue et donc une réécriture de leur leçon. Tout cela amène du plaisir à travailler. "Cela rend leur visage pétillant" .

Tout ce travail en français qui double celui réalisé en histoire a valu à E Lescène le prix du public du Forum des enseignants innovants. "J'ai aussi découvert la vraie personnalité de mes élèves", ajoute-elle. Ainsi la grosse voix de Clovis qui évoque ses combats appartient à une petite fille toute timide. Quels comédiens !

François Jarraud