Relations parents - école : Les professeurs mis en accusation 

"Non les relations parents école ne sont pas mauvaises partout et toujours". Le rapport des députés Aurore Bergé (En Marche) et Béatrice Descamps (Les constructifs) ne lésine pas sur les lieux communs sur les enseignants et les relations forcément mauvaises qu'ils entretiendraient avec des parents jamais démissionnaires... Présenté devant la commission de la culture et de l'éducation de l'Assemblée nationale le 31 janvier, le rapport invite à former les enseignants et à informer les parents. Il égratigne aussi les associations de parents d'élèves.

 

L'important rapport de 2014

 

La question des relations entre l'école et les parents n'est pas nouvelle. Elle a fait l'objet, en 2014, d'un important rapport réalisé par X Breton et V Corre. En 2018, les députées Aurore Bergé et Béatrice Descamps sont chargées d'observer ce que sont devenues les recommandations de 2014 et de formuler leurs propres observations.

 

En 2014, le rapport Corre Breton avait dressé un constat équilibré des relations parents - profs. Le rapport constatait que 67% des parents ont confiance en l'Ecole, 79% jugent positivement l'école maternelle et 68% l'école élémentaire. Mais il parlait aussi de défiance. Il listait les "irritants", les facteurs qui alimentent cette défiance : les problèmes de carte scolaire (un tiers des réclamations des parents chez la médiatrice), l'accueil des jeunes handicapés, les devoirs à la maison, les sanctions et al discipline, les pratiques pédagogiques.

 

Selon ce rapport, la distance est particulièrement grande avec les familles les plus populaires. "Le rapport avec l’école des parents issus des milieux populaires ou vivant dans la grande pauvreté peut être empreint de méfiance, apprise ou « héritée », voire de rejet. Cette attitude explique « l’absentéisme » de ces adultes dans la vie des établissements", notaient les rapporteurs Xavier Breton et Valérie Corre.

 

Les accusations d'A Bergé et P Descamps

 

L e31 janvier, Aurore Bergé et Beatrice Descamps ont plutôt mis en accusation l'Ecole. "Les familles ne peuvent plus être considérées comme suspectes et le temps de la Convention... a vécu", écrivent-elles.

 

Elles ont dressé un portrait sévère des enseignants accusés de "diaboliser" les parents. Les enseignants sont invités à "mieux expliciter leurs objectifs aux parents en évitant le recours à un vocabulaire qui donne très vite l'image d'une boite noire". Embourgeoisés depuis la masterisation, les enseignants ne connaissent pas les quartiers où ils sont affectés. Ils écrivent des remarques "désobligeantes voire stigmatisantes" dans les bulletins.

 

Les recommandations des deux députés restent pourtant des plus modestes. Elles souhaitent que les enseignants soient formés à la relation avec les parents et que les parents soient informés des attentes des enseignants. Cela passerait par une nouvelle "charte" rédigée dans l'établissement.

 

Elles recommandent aussi des rencontres informelles entre parents et enseignants. Elles constatent que les espaces parents prévus par la loi de refondation sont des plus rares et ne sont pas animés. Elles demandent que l'on s'appuie sur des jeunes du service civique pour faire le pont entre parents et enseignants.

 

Une dernière recommandation vise les associations de parents. Les deux députés recommandent d'attribuer une partie des postes de représentants par tirage au sort. Il s'agit pour elles d'impliquer tous les parents. Mais cela affaiblirait les associations et décrédibiliserait leur élection.

 

Ouverture aux parents et politique de la ville

 

Des députés sont intervenus pour injecter un peu de réalisme dans le débat sans que leurs propositions soient reprises par les rapporteures. Ainsi pour Elsa Faucillon, le passage a la semaine de 4 jours réduit les moments de rencontre avec les parents, par exemple les samedis matins. G Pau Langevin a posé la question de la réduction des moyens de la politique de la ville. Par exemple les cours d'alphabétisation pour les parents qui ont lieu à l'école souffrent de la baisse des crédits de la politique de la ville.

 

F Jarraud

 

Sur le rapport Corre Breton

 

 

Par fjarraud , le jeudi 01 février 2018.

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