Tyrannie du pouvoir, corruption de l’appareil d’état, inhumanité du traitement des réfugiés…Avec « La Lune de Jupiter, son sixième film, le réalisateur hongrois Kornél Mundruczo n’y va pas de main morte pour dénoncer les maux dont souffre son pays. Habitué des sélections cannoises, primé en 2014 pour « White God », un conte noir centré sur la révolte de chiens bâtards contre leurs maîtres cruels dans une société totalitaire, le cinéaste frappe ici à nouveau un grand coup en élargissant son propos. A travers l’enchevêtrement des genres, du thriller au fantastique, du réalisme à la science-fiction, il met en scène une fable sociale à la logique implacable. En dépit de sa noirceur et de son manichéisme, l’histoire miraculeuse d’un migrant doté du pouvoir de lévitation nous confronte aux forces hostiles, au contexte de misère, de violence et d’amoralité dans lequel le personnage se bat pour sa survie. Et, dans la peau d’Aryan, ange du bizarre surplombant le chaos, le récit fiévreux, sous tension, se meut sous nos yeux en une allégorie politique. Un film foutraque, parfois lourdingue, percutant le plus souvent, dont la portée dépasse largement les frontières de la Hongrie.
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