Accès au supérieur : Remise des travaux de la concertation 

C'est aujourd'hui que Daniel Filatre,  rapporteur général de la concertation sur l'accès au supérieur, rendra compte des préconisations des 11 groupes de travail. Mais les syndicats se désolidarisent déjà des résultats de la concertation et dénoncent sélection et relégation des bacheliers professionnels. Surtout l'analyse du budget donne à penser que la ministre ne peut faire que le choix de la sélection à l'entrée de l'université dès la rentrée 2018.

 

Quels pré requis pour entrer dans le supérieur ?

 

 Daniel Filatre, rapporteur général de la concertation pour l'accueil et la réussite des étudiants, rendra compte ce soir des résultats des différents groupes de travail réunis depuis cet été. Composé d'universitaires, chaque groupe a travaillé sur les pré requis et les questions d'orientation et d'accès au supérieur. Après la remise des préconisations le 19 octobre, la ministre de l'enseignement supérieur devrait faire connaitre ses décisions début novembre.

 

Le 28 septembre, Frédérique Vidal a parlé de pré-requis tout en ouvrant des perspectives . " Pour la rentrée 2018, "les lignes définies par le gouvernement sont nettes : plus de tirage au sort à la rentrée 2018 et la mise en place d’un contrat de réussite pour lutter contre la sélection par l’échec", dit-elle. "Dans cet espace, tout peut être imaginé, toutes les propositions peuvent être examinées, à une seule condition : c’est qu’elles permettent, dès la rentrée prochaine, d’offrir à tous les nouveaux étudiants, des formations qui les mènent vers l’emploi et dans lesquelles ils auront de réelles chances de réussite. Pour cela nous ferons connaître les attendus à acquérir pour une insertion réussie dans une formation, les taux de succès en fonction des baccalauréats et les taux de poursuite d’étude et d’insertion professionnelle de chaque filière".

 

Et la ministre d'ajouter qu'il " faut afficher clairement les pré requis à l'entrée dans une filière et mettre en place des mesures permettant à ces étudiants d'être au niveau. Il faut donc repenser l'organisation de la 1ère année universitaire".

 

L'intersyndicale dénonce la sélection et la relégation

 

Pourtant c'est bien vers la sélection que devrait s'orienter la ministre. C'est déjà ce qu'annonce l'intersyndicale Cgt, Fo, Fsu, Solidaires, Sud, Unef et Unl. Pour elle, " le ministère n’assure pas ses responsabilités, individualise les échecs et renvoie systématiquement les dysfonctionnements de l’enseignement sur les étudiant.es, les jeunes, qui seraient trop nombreux, les enseignant.es qui ne sauraient pas s’adapter".

 

Les syndicats refusent " la mise en place des prérequis pour mettre en place une sélection qui ne dirait pas son nom" et exigent "le maintien du baccalauréat comme diplôme national et 1er grade universitaire, garantissant l’accès de tous les bachelier.es sur tout le territoire aux filières post bac et aux établissements de leur choix". Ils refusent aussi " la création de voies de formation de relégation réservées aux seuls bachelier.es profession-nels". Ils demandent u budget suffisant pour prendre en compte l'afflux prévisible des étudiants.0

 

Des jeunes des milieux populaires sacrifiés par les économies budgétaires

 

Car la clé de la concertation et de son utilisation médiatique par le gouvernement est bien dans le budget de l'enseignement supérieur. F Vidal évoque souvent les 700 millions supplémentaires dont elle dispose. Mais , en fait, l'enseignement supérieur ne voit son budget augmenter que de 111 millions supplémentaires pour faire face à la crise du supérieur. En supposant que les établissements n'utilisent cette somme que pour créer les postes dont ils ont besoin, cela ne permettrait de financer l'accueil que de 10 000 étudiants supplémentaires ou 8 0000 élèves en BTS (un étudiant coute 10 390 €, un élève en BTS 13 760).

 

On est loin du compte de l'afflux vers le supérieur du fait à la fois d'une vague démographique et de la montée des aspirations des jeunes des milieux populaires vers le supérieur.

 

Car ce sont ces jeunes là qui sont au coeur du spectacle ministériel qui nous est donné. On compte aujourd'hui 180 000 bacheliers professionnels dont 115 000 souhaitent suivre des études supérieures. Aujourd'hui seulement 53 000 y trouvent place dont 14 000 en université, là où leur taux de succès est très faible. Ce sont donc 62 000 jeunes bacheliers qui sont exclus du supérieur, 76 000 qui sont mal orientés.

 

Très clairement, le budget de F Vidal ne peut pas répondre à leurs attentes. La concertation avec ses pré requis semble surtout là pour justifier une sélection qui renvoie ces jeunes à leurs insuffisances plutôt que leur donner enfin les chances de la réussite.

 

François Jarraud

 

La ministre entre sélection et adaptation

Seulement 100 millions pour démocratiser le supérieur

 

 

 

 

Par fjarraud , le jeudi 19 octobre 2017.

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