Retour sur le rapport terra Nova sur la petite enface 

Autocritique chez Terra Nova. Dans une nouvelle étude, Denis Clerc et Michel Dollé analysent le rapport du thinktank sur la petite enfance publié en mai. Cela nous vaut déjà une critique d'un argument célèbre. " Le rapport débute de manière tonitruante : « à quatre ans, un enfant issu d’une famille défavorisée a entendu 30 millions de mots de moins qu’un enfant de famille aisée – parce que ses parents lui ont beaucoup moins parlé à la maison », affirmation partant « d'une étude célèbre sur le langage parlé et entendu par les très jeunes enfants dans des familles américaines, Hart et Risley (1995) ». Sauf que ce chiffre provient d’une expérience menée auprès de 13 enfants issus d’un niveau social élevé et de 6 enfants de familles relevant de l’aide sociale : ont été enregistrés les échanges verbaux des enfants avec leurs parents, une heure par mois dans un lieu qui n’était pas leur maison, et ceci à partir de 7-9 mois jusqu’à 3 ans. Les 30 millions de mots sont donc une extrapolation de l’écoute d’une heure d‘échanges verbaux par mois pendant un peu plus de 2 ans, extrapolation obtenue par une multiplication par 11 750.  Taille d’échantillon réduite, extrapolation hasardeuse, milieux sociaux très typés et, enfin, univers culturels bien différents : le chiffre de 30 millions est vendeur, mais pas forcément à prendre à la lettre", expliquent D Clerc et M Dollé.

 

Les auteurs ne croient aps dans la politique incitative recommandée  par Terra Nova mais recommandent un vrai service public porté par les communes. " Les modes d'accueil ne doivent plus être seulement considérés dans une optique de « garde » mais s’inscrire dans une finalité de développement global de l'enfant. Cela devrait amener à repenser la logique même de l'intervention publique en régulant autrement ce domaine. Les inflexions souhaitées vers une amélioration de la qualité et une ouverture sociale ne peuvent être obtenues ni par l'appel à la bonne volonté ou à l'exemplarité, ni par les seuls mécanismes de subventionnement ou de primes spécifiques (voie retenue par le rapport Terra Nova)... Bâtir un service public de l'enfance, décentralisé, est possible en structurant les dispositifs existants et en mettant en place un financement principalement national, une orientation générale définie au niveau national, une déclinaison sur le terrain par des acteurs publics ou privés avec la désignation d'un chef de file local. La responsabilité politique face aux familles est en fait portée par les communes beaucoup plus que par les autres collectivités territoriales : la mise en oeuvre de ces politiques de l’enfance est souvent un enjeu dans les élections municipales. C'est pourquoi communes (ou intercommunalités) doivent avoir la responsabilité du développement et de la gestion d’un service public de l’accueil des jeunes enfants. Il faut renforcer la compétence des communes en en faisant une compétence obligatoire".

 

L'analyse de D Clerc et M Dollé

Sur le rapport de Terra Nova

 

 

Par fjarraud , le lundi 02 octobre 2017.

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