Les nouvelles évaluations Blanquer ne convainquent pas les syndicats 

"Inutiles", "de très mauvaise qualité, "utilité douteuse", "on ne voit pas à quoi ça sert". Le Snuipp et le Se-Unsa sont pour une fois d'accord. Tous deux réagissent négativement aux nouvelles évaluations de CP et 6ème qui leur ont été présentées le 28 août. Voulues par JM Blanquer, elles sont perçues au mieux comme inutiles, au pire comme nuisibles. Les syndicats n'ont pas oublié les évaluations Blanquer de 2009 et cela aussi nourrit leur méfiance. Le Se -Unsa demande le report à 2018 de l'évaluation de CP.

 

Les enseignants vont avoir à gérer trois évaluations nationales en 2017-2018, deux en cours préparatoire (CP) et une en 6ème. C'est une des décisions prises par JM Blanquer pour cette rentrée. Le ministre voit dans ces évaluations un moyen de vérifier ses choix politiques, notamment les dédoublements en CP. Les évaluations nourrissent aussi l'image de pragmatisme que JM Blanquer se donne.

 

Les évaluations au CP

 

Le ministre a décidé d'instaurer deux évaluations en CP, une évaluation diagnostic passée par tous les élèves dans la première quinzaine de septembre et une évaluation de fin d'année proposée seulement à un panel d'élèves.

 

L'évaluation diagnostic de début d'année rient en trois cahiers : un cahier de français, un autre de maths et un cahier de consignes pour l'enseignant. L'évaluation de français propose de reconnaitre des lettres, des sons, du vocabulaire.

 

Cette évaluation est la plus critiquée. "On évalue très peu la compréhension", nous a dit F Popineau, secrétaire générale du Snuipp. "Il s'agit d'une évaluation syllabique, pour voir s l'enfant repère les lettres et les syllabes, pas s'il comprend. On ne laisse pas la possibilité au maitre d'adapter le test à ses élèves en fonction d ece qu'ils ont vu en maternelle". Le vocabulaire est parfois inadapté comme par exemple le mot "épouvantail" repéré par F Popineau.

 

"Ca apporte quoi aux enseignants", s'interroge-t-elle. "L'enfant qui entre en CP n'a pas besoin de savoir qu'il est en échec au bout de 15 jours et sa famille non plus", dit-elle. "Les élèves en difficulté grave, on ne sait pas ce qu'on va en faire. Rien n'est prévu". F Popineau souligne aussi l'inversion du comportement de l'institution : "on était dans l'évaluation valorisante maintenant on évalue les échecs".

 

Stéphane Crochet, secrétaire général du Se Unsa, n'est pas plus positif, bien au contraire. "L'évaluation est de très mauvaise qualité, avec des exercices stéréotypés et ne sera pas un outil pédagogique pour les enseignants", dit-il. "Elle risque de générer du stress chez les familles. Elle n'a pas réellement d'intérêt. Si le ministère veut un outil de pilotage il n'a qu'à utiliser un panel. Cette évaluation ne sert qu'une intention politique :le ministre veut montrer qu'il prend à bras le corps les problèmes du Cp". "L'effet évident d ece type d'évaluation, explique-t-il, c'est que les enseignants de grande section de maternelle vont y préparer les élèves".

 

Les deux organisations dénoncent aussi des évaluations faites sans concertation. Le Se Unsa demande leur report à 2018.

 

L'évaluation sur panel en CP

 

La seconde évaluation de CP aura lieu dans 200 écoles seulement et permettra d'évaluer l'effet du dédoublement. Elle sera passée sur tablette et portera sur le lire écrire compter et aussi le vécu de l'enfant à l'école . Mais le contenu précis n'est pas encore disponible. Elle aura lieu en fin de CP.

 

Les évaluations de 6ème

 

En 6ème, les élèves passeront tous en novembre une évaluation en français et maths sur support numérique. "Elle aussi interroge", estime S Crochet. "Les équipes n'auront pas attendu décembre pour faire le diagnostic des élèves. Donc on doute de leur utilité. Et puis les enfants qui entrent en CP ou en 6ème n'ont pas besoin qu'on leur mette de la pression avec un examen. Cela pénalisera d'abord les élèves et les familles fragiles". 

 

"D'une manière générale, le ministère conçoit ces outils d'évaluation sans discussion avec les enseignants", estime F Popineau.

 

Le souvenir des évaluations de 2009

 

Et puis les deux syndicalistes n'ont pas oublié l'épisode des évaluations Blanquer de 2009. De 2009 à 2012, les enseignants ont du faire passer des évaluations en fin d'année en Ce1 et en janvier en Cm2 en utilisant des protocoles élaborés par le directeur de l'enseignement scolaire (Dgesco) de l'époque : JM Blanquer. Elles sont utilisées pour montrer les "progrès" des élèves. Mais le Haut Conseil de l'éducation de l'époque démontre leur absence de caractère scientifique. En 2015, un numéro d'Education & formations montre que le but final de ces évaluations était de noter les professeurs à travers les résultats des élèves.. N Sarkozy avait demandé cela à L Chatel.

 

"On n'a pas perdu la mémoire", nous dit S Crochet. "Même si le ministre multiplie les appels à la confiance il y a toutes les raisons, au regard du passé, d'être méfiant". F Popineau n'est guère plus confiante. Le ministère promet que les évaluations diagnostic ne remonteront pas rue de Grenelle. Mais les enseignants devront quand même saisir des feuilles Excel et les envoyer à leur IEN. Que deviendront-elles ensuite ?

 

François Jarraud

 

Les évaluations de 2009

 

 

 

Par fjarraud , le mardi 29 août 2017.

Commentaires

  • Jeandoute, le 30/08/2017 à 12:41
    ""On évalue très peu la compréhension", nous a dit F Popineau, secrétaire générale du Snuipp. "Il s'agit d'une évaluation syllabique, pour voir s l'enfant repère les lettres et les syllabes, pas s'il comprend."

    Décidément, l'approche politique de la lecture n'est toujours pas éteinte.
    Rappel : pour comprendre, il faut du vocabulaire, il faut pouvoir décoder. C'est pourtant simple et reconnu par la science, mais pas encore par des pédagogistes qui décidément persisteront dans l'erreur jusqu'au bout. 
  • fjovi, le 29/08/2017 à 13:01
    Quand ferons nous enfin une vraie grève ????

    Aucun mot d'ordre pour la rentrée après le gel de nos salaires, le remise en cause du PPCR, la nouvelle évaluation par nos inspecteurs, la possibilité de recrutement par les chefs.... Qu'attendez nous ????
    • Manuel31, le 30/08/2017 à 16:59
      Qu'attendez-vous ? Que vous fassiez du syndicalisme ! Etant donnée la mobilisation de la profession depuis de nombreuses années, et sur des sujets comme la retraite, le point d'indice, etc. , on peut comprendre que les syndicats hésitent ... Déjà qu'ils sont responsables de la météo de ces vacances ...

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