Le Snpden veut un autre bac 

Plus question de "remuscler" ou de "simplifier". Le bac, pour le Snpden Unsa, le premier syndicat des personnels de direction, est "un truc monstrueux qui ne sert à rien". Alors qu'une nouvelle affaire de fuite au bac venait de tomber, Philippe Tournier, secrétaire général,  a dit le 22 juin tout le mal que son syndicat  pense d'un examen perçu comme obsolète et néfaste. Le Snpden veut deux examens distinguant d'un coté la certification de fin d'études secondaires et de l'autre l'accès au supérieur.

 

Bac : Des sujets impossibles

 

"Le coût réel du bac c'est 2 milliards d'euros". Le Snpden arrive à ce calcul en estimant toutes les heures de cours perdues du fait de l'examen. Ou plutôt des heures "volées aux élèves". Pour Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN, on paye pendant plus d'un trimestre les enseignants à fare autre chose que des cours à cause du bac.

 

Mais ces 2 milliards ne sont qu'un apéritif. Le Snpden n'en a pas fini avec les critiques. Le syndicat dénonce la multiplication des épreuves et cite e exemple celle de langues vivantes où d'une épreuve écrite on est passé à 3 épreuves qui occupent les enseignants de mars à juin.

 

Troisième critique , la question des sujets. Le Snpden est irrité par les erreurs "inadmissibles" dans les sujets. D'après le syndicat on en serait à 7 alertes depuis le début du bac. La plupart de ces erreurs, comme celle de l'épreuve de chinois Lv2, sont détectées par les candidats. "Comment se fait-il que personne n'ait rie vu", demande P Tournier.

 

Mais il y a pire. Pour P Tournier , l'évolution des sujets tend au sujet impossible. Il cite en exemple le sujet d'histoire des séries Es et L : "Socialisme, communisme et syndicalisme en Allemagne des lendemains de la Seconde Guerre mondiale à nos jours". Il en a d'autres : le sujet de français de ES et L où le texte de Proust nécessite 7 fiches vocabulaires. Ou ces sujets de bac pro qui font 10 pages. "Il faut arrêter le concours Lépine des sujets hors sol", dit il. Pour lui le résultat c'est qu'on n'évalue plus réellement les connaissances des élèves.

 

Le bac "sert à rien"

 

P Tournier estime que le bac "ne sert à rien" puisque l'orientation des lycéens est faite avant le bac, par APB. "Pour toutes les formations sélectives elle se fait sur dossiers, de façon ni anonyme, ni régulée, ni nationale", relève-t-il. Au final, "85% des élèves obtiennent le bac et 60% échouent dans le supérieur". Le bac ne sert donc ni à l'orientation ni à la préparation au supérieur.

 

P Tournier dénonce le fait que tous les bacs donnent accès au supérieur. " Seul le bac général a été conçu pour la poursuite d'études supérieures longues. Les bacs professionnels n'ont pas été faits pour que les élèves poursuivent dans le supérieur".

 

Ces bacheliers professionnels inscrits dans le supérieur "occupent des places" alors qu'ils seront en échec, souligne -t-il. "Le statut d'étudiant est aussi un statut social", poursuit-il. "Ce qui se joue pour certains c'est leur moyen de survie avec le Crous et les bourses".

 

Créer un examen d'entrée dans le supérieur

 

Le Snpden souhaite donc une réforme totale du bac et sur ce point rejoint le ministre. Il envisage deux épreuves. D'abord un certificat d'études secondaires , simplifié et passé au milieu de l'année de terminale, et ensuite un bac qui évaluerait les compétences nécessaires à la réussite dans le supérieur.

 

"Il faudrait d'autres épreuves qui s'assurent que les élèves savent écrire, parler, exploiter un document, chercher sur Internet", estime-t-il. Des épreuves qui ne se compenseraient pas à la différence du bac actuel.

 

Pour P Tournier, "des forces antagonistes peuvent se retrouver là dessus au conseil supérieur de l'éducation". Il invite donc le ministre à chercher le consensus.

 

APB : Omerta et scandale

 

P Tournier est aussi intervenu sur APB  pour dénoncer le scandale des formations "à pastilles vertes" devenues inaccessibles. Les lycéens avaient l'obligation de prendre au moins une de ces formations qui étaient présentées comme la garantie d'avoir une affectation. Des 169 filières embouteillées , 129 auraient trouvé des solutions, selon le ministère, a précisé P Tournier. Seulement 2000 à 2500 jeunes se trouveront sans affectation en septembre.

 

"On aurait pu anticiper la croissance démographique de 2017 que l'on connait depuis 17 ans", a déclaré P Tournier. "En 2018 on nous promet que tout sera réglé mais il y aura encore 40 000 lycéens de plus".

 

Macron avance son projet

 

Au conseil des ministres du 22 juin, le gouvernement a annoncé un "contrat de réussite étudiant" dès la rentrée 2018, mis en place "après dialogue avec les organisations étudiantes et syndicales". Ce contrat "permettra de donner aux futurs étudiants les clés de la réussite dans l'enseignement supérieur". Le projet de réforme du bac avec réforme d'APB est lanccé.

 

François Jarraud

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Par fjarraud , le vendredi 23 juin 2017.

Commentaires

  • Jeandoute, le 23/06/2017 à 13:30
    La France, c'est l'hypocrisie derrière une devise à faire pleurer tellement elle est humaniste universaliste, c'est la cooptation des CSP+.

    Le bac ne sert à rien : ce sont en effet des millions d'heures d'enseignement perdues, un mois de juin / début juillet sacrifiés pour tous les élèves de lycée, c'est faire croire que tout est possible alors que rien ne l'est, qu'au final le jeune ira de stage en stage et restera comme Tanguy chez papa ou maman, et n'aura à la fin aucune retraite valable.
    Mais pendant le même temps certains tirent parfaitement leur épingle du jeu, ils intègrent les bonnes écoles et sont cooptés pour de vrais emplois de cadres, avec voiture de fonction etc. Sont-ils plus méritants que les autres ? De moins en moins. Ils ont les bons réseaux.

    Mais n'oublions pas le brevet : alors que chacun sait qu'il ne sert à rien non plus, il a été cette année complexifié avec une épreuve orale et de nouvelles épreuves écrites.

    Magnifique France !
  • Viviane Micaud, le 23/06/2017 à 12:04
    Je suis d'accord sur plusieurs points.
    - Seul le bac général a été fait pour la poursuite des études supérieures alors que tous les bacs y donnent accès. C'est la notion de pré-requis pour chaque filière. Trop de jeunes se retrouvent par défaut dans des filières alors qu'ils n'ont pas les bases pour y réussir.
    - Il n'y a plus l'attention nécessaire pour faire des sujets de bac de qualité, sans erreur dans l'énoncé et qui permettent de vérifier des acquis. Pour moi, c'est consécutif à la "perte de sens" du système éducation nationale qui a commencé aux années 1970 et qui s'est accéléré au fur et à mesure que les enseignants bien formés partaient à la retraite. Il faut redonner du sens à l'enseignement:  à l'enseignement du socle, et à la période de diversité des parcours dont le lycée fait parti.
    - Je crois à l'utilité du bac, pour comparer les acquis en fonction des notes d'un lycée. Cependant, il semblerait que les systèmes informatiques permettent des corrections des notes qui ne figurent plus sur les copies. Je suis peut-être dans l'illusion.
    Si le bac est réformé, il faut le faire en même temps que les lycées et l'affectation en filière du supérieur, car tout est lié. Cependant, j'ai l'impression que sur ce point, nous sommes d'accord.

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