Rythmes : Pour le Snuipp, la réforme est très massivement rejetée par les enseignants 

Quatre ans plus tard la réforme n'est toujours pas passée. Une très large majorité des enseignants du premier degré rejette la réforme des rythmes introduite en 2013, c'est ce que montre le sondage publié par le Snuipp Fsu le 21 juin.  Les enseignants estiment que la semaine de 5 matinées est négative pour les apprentissages, le climat scolaire et leur vie personnelle. La pause méridienne , réglementée elle aussi en 2013, est accusée des mêmes maux. Alors que le projet de décret sur les rythmes scolaires est présenté ce même 21 juin au Comité technique ministériel, le sondage du Snuipp apporte un appui important au texte ministériel. Après le détricotage de la réforme du collège, c'est celui de l'école primaire qui est avancé.

 

Un rejet massif

 

Avec près de 30 000 enseignants du premier degré , le sondage publié par le Snuipp Fsu le 21 juin fait référence. Or il est sans ambiguïté. Le rejet de la réforme des rythmes est massif.

 

Selon le sondage 85% des enseignants du primaire se déclarent opposés aux rythmes actuels, c'est à dire la semaine de 9 demi journées dont 5 matinées.  Le pourcentage monte à 92% en maternelle. Seulement 13% des enseignants se déclarent favorables à la réforme.

 

Ce que veulent les enseignants c'est le retour à la semaine de 4 jours pour 74% d'entre eux. Parmi eux 21% sont d'accord pour une semaine de 4 jours avec réduction des vacances.

 

Un impact jugé négatif sur les apprentissages

 

Trois enseignants sur quatre jugent les rythmes actuels préjudiciables à l'attention des élèves, contre 13% qui les trouvent positifs. 61% jugent qu'ils dégradent le climat scolaire et 57% estiment qu'ils sont néfastes aux apprentissages. Ce sentiment est plus fort en maternelle.

 

Les enseignants justifient aussi leur opinion négative en mettant en avant un impact négatif sur les conditions de travail et d'exercice du métier. Pour 82% des professeurs des écoles la réforme a eu un impact négatif en ce domaine. "Le mercredi était souvent utilisé pour préparer des leçons chronophages en terme de préparation (ex: expériences scientifiques qui demandent du temps de recherche, de faire des achats, etc.). Il est bien plus difficile de passer du temps à la préparation de ce genre de leçon alors que nous n'avons que le mercredi après-midi (sans compter les animations pédagogiques!!!). Le mercredi après-midi ne suffit pas", déclare par exemple une enseignante.

 

"L'organisation actuelle implique que nous les enseignants n'avons plus de contacts avec les parents. Ce sont les ATSEM ou animateurs qui jouent le rôle de relais ce qui est source de crispations ou de conflits avec les parents car nous ne pouvons plus expliquer correctement les situations", déclare une autre.

 

Pour 77% des enseignants, la réforme a dégradé leur vie personnelle. "On constate une plus grande fatigue chez les enseignants", déclare une enseignante. "Les temps consacrés à la classe, aux réunions et e formation donnent l'impression de ne plus quitter l'école".

 

La pause méridienne rejetée

 

La pause méridienne, imposée par la réforme, n'a pas meilleure presse. Selon le décret Peillon " la durée de la pause méridienne ne peut être inférieure à une heure trente". Le sondage montre qu'en général elle est d'au moins 2 heures. Les enseignants estiment qu'elle a un impact négatif sur l'attention des élèves. " Raccourcir la pause méridienne me parait essentiel : les enfants ne peuvent pas se reposer en collectivité donc ce n'est pas une vraie pause au sens des chronobiologistes", déclare l'un d'eux.

 

Les enseignants rejettent aussi les activités périscolaires jugées souvent de mauvaise qualité et accusées de créer une confusion avec l'école et de prolonger la journée des enfants.

 

Pour le syndicat, les enseignants réclament une réduction du nombre d'élèves par classe, la suppression des APC et le développement des Rased.

 

"C'est une première réponse sans équivoque. La réforme des rythmes scolaires initiée par Vincent Peillon n'a pas eu les effets positifs qu’il en escomptait. Mal pensée, mal préparée, imposée par le haut, elle est aujourd’hui massivement rejetée par les enseignant.es", déclare le Snuipp. " Quels que soient leur âge, leur école ou leur milieu d’exercice, plus de 8 enseignant.es sur 10 rejettent leur organisation actuelle. 75% souhaitent revenir à 4 jours d’enseignement hebdomadaires".

 

Le Snuipp a voté pour le décret Blanquer au Conseil supérieur de l'éducation du 8 juin et au CTM du 21. Alors qu'un nombre croissant de communes demande aussi le retour à la semaine de 4 jours, beaucoup moins onéreuse pour les communes, ce sondage apporte un appui important à la contre réforme lancée par le ministre.

 

François Jarraud

 

Les résultats

Fallait il ressortir la question des rythmes ?

Le rapport du Sénat valide les 4 jours et demi

Delahaye : Pourquoi il ne faut pas changer les rythmes

Les effets pervers des nouveaux rythmes

Le CSE du 8 juin

 

 

Par fjarraud , le jeudi 22 juin 2017.

Commentaires

  • thais8026, le 22/06/2017 à 15:24
    On accuse les enseignants mais la semaine de 4.5 jours est très fatigante si les enfants ne se repose pas le mercredi. Mais si la demi-journée n'a pas été mise le samedi matin c'est surtout à cause de qui? Des parents. De plus, avez-vous déjà assisté à une pause méridienne à l'école ? Non. Mais pour la mettre de 2 h il faut prévoir une sieste pour les primaires sinon en fait c'est plus fatiguant qu'au chose. Mais pour cela il faut du matériel.
    Alors quand pour le rythme des enfants, le plus important c'est le tourisme puis les parents qui pensent à leur petit confort plutôt qu'au rythme des enfants... . 
    Ils sont mal payé, mal considéré (quoiqu'ils fassent) et vous voudriez qu'ils acceptent de voir leur travail s'alourdir sans rien dire alors que tout le monde se fout des rythmes des enfants. On ne les utilisent que suivant un prisme qui va satisfaire tel ou tel lobby.
  • Michel MATEAU, le 22/06/2017 à 12:45

    Si les choses continuent ainsi, on peut se demander où les syndicats trouveront leur prétexte de grève pour octobre ou novembre…. Si le ministère ne touche pas à l’évaluation des enseignants, leur statut, les horaires…etc.. ça peut marcher….

    Et peut-être y-a-t-il tout simplement derrière cette complaisance une stratégie du ministère : faire des syndicats corporatistes et réactionnaires des obligés.

  • Jeandoute, le 22/06/2017 à 10:28
    Catherine Chabrun et Bernard Girard, nous faisons le même constat étonnant et affligeant : les enseignants pensent à eux d'abord. Pour un enseignant, oser prétendre que cinq matinées de classe sont moins bien que quatre est vraiment impensable.
    Il fut un temps où les instits étaient plutôt du peuple et étaient aussi nombreux en hommes qu'en femmes grâce aux concours séparés. Désormais ce sont des femmes issues des CSP+ et représentant les intérêts des CSP+, pensant surtout à bien s'occuper de leurs propres enfants et désireuses de passer le moins de temps possible à l'école.
    Oui, les intérêts des libéraux et des représentants de ces enseignants-là se rejoignent, contre ceux du peuple.

    "Le Snuipp a voté pour le décret Blanquer au Conseil supérieur de l'éducation du 8 juin et au CTM du 21."
    Rappelons-nous : au moment de la scission de la FEN, deux syndicats se sont créés : le SE des modérés on va dire, et le Snuipp plus mordant. Eh bien les choses ont bien changé...

    Un bon article lu hier : http://www.huffingtonpost.fr/robert-guediguian/avec-macron-nous-vivons-dans-ce-monde-ou-les-concepts-de-gauch_a_22491829/
    • profdu12, le 22/06/2017 à 19:40
      "Catherine Chabrun et Bernard Girard, nous faisons le même constat étonnant et affligeant : les enseignants pensent à eux d'abord."

      C'est complètement faux, les enseignants sont sur le terrain et voit les conséquences de la semaine de 4,5 jours avec le mercredi matin. Certains pensent même que le mieux serait de revenir au samedi matin. Mais il me semble que ce sont les parents qui s'opposent à un weekend rogné...

       "Pour un enseignant, oser prétendre que cinq matinées de classe sont moins bien que quatre est vraiment impensable."

      Vous oubliez qu'il y a aussi les après-midi ! La fatigue s'accumule, le jeudi matin, mes élèves sont soit excités, soit commence à bailler. Le vendredi matin, il est impossible de voir une nouvelle notion avec eux. Et avec une organisation en ateliers sur 2 jours (jeudi et vendredi), les élèves du vendredi sont pénalisés sur les ateliers qui demandent davantage de concentration, je fais un roulement pour compenser mais ça ne change rien à la fatigue.

  • chabrun, le 22/06/2017 à 08:59
    Nous voici de retour à 2008... où nous étions faut dire pas si nombreux à nous insurger contre la semaine de quatre jours (24 heures chrono : https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/27234 ) et les deux heures d'enseignement supprimées.
    Puis,  nous avions proposé une véritable prise en compte du temps de l'enfant dans et hors l'école, notamment pendant la concertation de l'été 2012 initiée par Vincent Peillon... et nous avons été très déçus à la rentrée suivante par les mesures prises qui découpaient la semaine en 9 demi-journées en conservant les 24 heures... sans une vision globale des temps éducatif de l'enfant  (journée, semaine, année) dans et hors l'école et l'assouplissement de la réforme proposée par Benoît Hamon nous a fait craindre le pire (qui s'est réalisé pour certaines communes). L'année scolaire n'est toujours pas en réflexion. 
    Mais là,  revenir à la semaine de 4 jours est un recul important !
    Une certitude : l'intérêt de l'enfant n'est pris en compte que lorsqu'il ne gène pas celui de l'adulte... 
    Articuler temps de l'enfant, temps de la famille et temps des enseignants, est-ce une utopie irréaliste ?

  • Bernard Girard, le 22/06/2017 à 08:18
    On se souvient que le passage à la semaine de 4 jours en 2008 n'avait suscité aucune opposition digne de ce nom de la part des syndicats (d'ailleurs très peu contestataires pendant le quinquennat Sarkozy). Le Snuipp en apporte une nouvelle fois la confirmation : un ministre ultra-conservateur n'a rien à craindre des syndicats. Tant qu'il ne touche pas au statut des enseignants, évidemment...
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