JM Blanquer évoque un potentiel retour du redoublement 

Après le "pédagogisme" mis à mort dans Le Point le 25 mai, le nouveau ministre de l'éducation nationale a encore durci un peu ses propos. Sur RTL le 30 mai il a annoncé que le dispositif "devoirs faits" sera imposé dans tous les collèges et qu'il pourrait s'étendre aux écoles. Il s'est prononcé pour l'interdiction du téléphone portable dans tout le système éducatif. Mais il a surtout pris position pour le redoublement qui est "parfois une solution". Pour le ministre l'avenir du décret de 2014, qui a quasi abrogé le redoublement, "fait partie des choses sur la table". C'est un nouveau pan de la politique du dernier quinquennat qui est attaqué.

 

Le redoublement, "une solution"

 

"Parfois le redoublement est la solution. Le moins souvent possible", a déclaré le 30 mai sur RTL, le ministre de l'éducation nationale. "On verra de façon pragmatique ajoute-il."Le problème c'est que des élèves accumulent du retard". Interrogé sur l'abrogation du décret de novembre 2014 qui a fortement réduit le redoublement, le ministre ajoute : "ça fait partie des choses sur la table".

 

Le redoublement était massivement utilisé en France avant 2014. Le décret de 2014 l'a rendu exceptionnel. Le texte a eu un effet immédiat dans les établissements. La suppression du redoublement a été une des décisions les plus importantes prises durant le quinquennat Hollande. Ce pan là aussi des réformes Hollande est maintenant  remis en question par le nouveau ministre.

 

Devoirs faits à l'école et au collège

 

Jean-Michel Blanquer est revenu aussi sur le dispositif "devoirs faits" annoncé dans Le Point le 25 mai.  Il a rappelé que cela concerne le collège mais "dans le futur pourrait s'étendre au primaire". "Il y aura obligation partout de proposer" le dispositif, a-t-il précisé.

 

Le ministre a aussi indiqué qui ferait cet accompagnement. Ce pourra être des enseignants payés en heures supplémentaires, des assistants d'éducation ou des bénévoles d'associations. Evidemment ces 3 solutions n'ont pas le même coût. Elles n'ont pas non plus la même efficacité.

 

Le téléphone portable interdit

 

Tout en rappelant sa volonté de donner plus d'autonomie aux collèges, le ministre a aussi indiqué que "le latin sera restauré dès la rentrée au maximum" et qu'il ferait le maximum pour le rétablissement des bilangues. Le ministre a contesté l'idée que donner davantage d'autonomie aux établissements puisse générer davantage d'inégalités.

 

Interrogé sur l'interdiction du téléphone portable dans les établissements scolaires, un point au programme d'E Macron, JM Blanquer a donné raison au président. "Il faut le faire de façn pragmatique pour tous les élèves".

 

L'analyse de N. Mons

 

C'est à Nathalie Mons que RTL a demandé u avis sur l'annonce ministérielle sur le redoublement. La présidente du Cnesco a organisé en2015 une conférence de consensus sur ce sujet. "La recherche montre que le redoublement pour les élèves en difficulté scolaire n'a pas d'effet positif" , a-t-elle rappelé. "Il faut réfléchir de façon posée", ajoute-elle. "On ne peut pas systématiquement à chaque quinquennat  entamer des politiques différentes". Elle a rappelé les préconisations du Cnesco pour remédier aux difficultés des élèves sans recourir au redoublement comme les cours d'été ou une pédagogie plus différenciée.

 

François Jarraud

 

Sur RTL

La réponse de N Mons

Sur les "devoirs faits"

 

 

 

Par fjarraud , le mercredi 31 mai 2017.

Commentaires

  • Jean Maurice, le 31/05/2017 à 14:26
    ""La recherche montre que le redoublement pour les élèves en difficulté scolaire n'a pas d'effet positif" , "
    Les réparations sur une voiture dont le moteur est fondu ne servent à rien, on le savait déjà. Ah les formules lapidaires!
    Pourquoi les élèves sont-ils en difficulté scolaire? Ce n'est pas une maladie saisonnière qui s'attrape par mauvais temps scolaire en fonction des différentes réformes.
    Si l'enfant a des difficultés c'est bien parce qu'on lui impose un rythme d'acquisition qu'il ne peut pas suivre. Or le système accompagne-t-il les enseignants dans cette lourde tache qui consiste à offrir les conditions de différenciation? Non non et non. La réponse est toujours débrouillez-vous. C'est vite vu, les enseignants font comme d'habitude: ils ont un niveau donné, s'arment de quelques fichiers et manuels disponibles et se contentent d'appliquer le programme annuel quelles que soient les réponses, les difficultés que renvoient les élèves. Si l'échec est trop lourd, on redouble pour refaire pareil. 
    Mais que font-ils ces stupides pédagogues? Ben, rien d'autre que ce que leur demande leurs formateurs : une pédagogie bien propre, bien lisible pour le supérieur avec des progressions établies de manière péremptoire, des préparations de séquence avec des objectifs ponctuels, un emploi du temps rigoureusement suivi, une répartition horaire calibrée, des comptes-rendus d'activité (cahier journal et autres) et d'évaluation. Voilà on se restreint pédagogiquement à faire des choses très cadrées, à décider de manière unilatérale qui doit apprendre quoi et quand, sans tenir compte du fait que ce ne sont pas des machines qui sont en face de vous mais des enfants avec leurs doutes, leurs élans de bonne volonté, leurs lacunes, leurs points forts.
    La recherche s'appuie sur des statistiques mais ne voit pas les individus dans leur chair. Ne pas envoyer un enfant au cp parce qu'on sait qu'il va y apprendre à détester l'école serait une sage décision dont la statistique se contrefiche. A moins de changer les pratiques pédagogiques et faire classe autrement on n'y arrivera pas. Mais ça demande de l'ouverture d'esprit et et de l'humilité pour agréer que tout n'a pas encore été inventé ou testé sur le terrain de la pédagogie.
  • jackd, le 31/05/2017 à 11:21
    Nathalie Mons, c'est une autre pointure que Banquer : elle étudie les systèmes éducatifs et les compare, le second est un idéologue libéral réactionnaire (on le voit bien avec le latin, le redoublement). Nous avons hérité du pire ministre possible.
  • Viviane Micaud, le 31/05/2017 à 08:43
    Le retour du latin et des bilangues me semble contreproductif. De toute façon, les moyens ne suivront pas.
    Il faut donner à ceux qui ont des facilités des défis intellectuels à leur niveau, les sensibiliser aux formations exigeantes qui leur sont ouvertes pour qu'elles ou ils s'y projettent. Cependant la dotation horaire doit être fléchée prioritairement pour faire progresser ceux qui sont le plus en difficulté. 

    Je suis curieuse de voir, avec quel personnel et quel financement, le dispositif "devoirs faits à l'école et au collège"fonctionnera.


  • Viviane Micaud, le 31/05/2017 à 08:35
    Redoublement: L'analyse de la CNESCO avait été biaisée sur au moins un point. L'impact du départ à la retraite un an plus tard avait été pris en compte. Hors si on redouble, on change le parcours professionnel et rien n'est comparable. Les périodes de chômage sont différentes comme le niveau de rémunération. 
    Ce que l'on sait. Un redoublement ne sert à rien à un enfant qui est déjà dans la spirale de l'échec. Il peut être utile dans le cas où il est accepté par les parents et le jeunes et qu'il y a des lacunes rattrapables. Il ne faut pas oublié que l'enfant perd ses copains, ce qui a une influence non négligeable.Tous les cas sont différents. En tous les cas, le redoublement est indispensable aux paliers d'orientation, quand le jeune n'a pas de solution.
    Sauf cas particuliers et si les parents le souhaitent, le redoublement n'est pas souhaitable jusqu'à la fin de 3ème. Les comparaisons internationales montre qu'il est plus efficace de mettre en place un accompagnement pour rattraper les lacunes. Il est souhaitable aux paliers d'orientation. 
    Les enseignants utilisent parfois le redoublement pour obliger les élèves à faire des efforts: "Travaille où tu vas redoubler!" Mais, ceci participe à la dévalorisation de ceux qui  sont déjà dans la spirale de l'échec, cela ne me semble pas souhaitable. 
    • Jean Maurice, le 31/05/2017 à 14:07
      Vous visualisez le redoublement avec les oeillères d'un spécialiste de collège. Vous réfléchissez uniquement en terme de sanction sur des lacunes et jamais sur une adaptation des échéances et du rythme (le vrai rythme, c'est à dire celui du débit et non des horaires hebdomadaires) d'apprentissage.
      Redoubler quand on a accumulé des échecs, dans une pédagogie déterministe qui ne se base pas sur une progression individuellement rythmée mais sur des programmations figées et communes à tous les élèves d'une classe, est évidemment un non sens.
      J'en ris encore quand je vois un prof faire l'effort d'évaluer par compétence mon fils au collège. Certes, il n'a pas mis de note mais n'a évalué qu'une seule fois chaque item, ce qui revient exactement à la même chose qu'une note compilée dans une moyenne. Une mauvaise note ne s'efface donc jamais en dépit des possibles progrès de l'élève sur la notion considérée. c'est ce que j'appelle la constante macabre, qui n'a rien à voir avec les notes mais seulement avec la planification des apprentissages sur un calendrier prédéfini avec une succession de leçon (items, compétences) qui ne sont jamais relancées, réévaluées, mais juste accumulées sur un répertoire d'archives que l'on appelle bulletin trimestriel.

      Mais on le sait aussi, les problèmes ne surviennent pas à l'adolescence juste parce qu'on n'a plus envie de bosser et qu'on rencontre subitement des difficultés.
      Les causes de l'échec sont antérieures et profondes. Dès les premières classes on sent poindre les problèmes futurs et comme l'école n'a pas mis en place de vraies procédures de différenciation, comme on refuse de tenir compte du développement individuel en se contentant de grouper par âge administratif les élèves d'un même contingent, alors on prépare les échecs à venir et on laisse peu à peu s'installer le sentiment de médiocrité vécu par les élèves peu performants. 
      Pourtant, s'il y a bien un moment pour redoubler sans trop de souffrances c'est bien là où on l'a toujours "interdit", c'est à dire en maternelle. Pour que l'enfant immature puisse affronter un système scolaire peu enclin à développer des stratégies pédagogiques utiles à l'élève - on préfère mettre en place des cadres pour contrôler les adultes - le minimum est de lui laisser un peu de temps avant de se trouver face à des exigences qui le dépassent. La spirale de l'échec ne commence pas à 11 ans. Le redoublement doit être utilisé, oui, mais de manière intelligente. C'est à dire que ce ne doit pas être une sanction mais l'octroi d'un délai d'acquisition supplémentaire lorsque l'écart est trop important avec les copains. 
      J'en connais qui ont redoublé sur le tard et ne se sont jamais lamentés sur leur sort ou sur la perte de leurs camarades de classe, la vie offre des recombinaisons permanentes.
      Interdire le redoublement est stupide.
      L'utiliser à tout bout de champ et pour marquer l'élève du sceau de l'infamie est pitoyable et improductif.
      Il faut donc le conserver et le négocier cas par cas, mais faire simultanément un effort de recherche en pédagogie (et surtout d'ouverture à d'autres solutions pédagogiques que celle massivement soutenues par l'institution) pour trouver les moyens d'assurer une véritable différenciation des modalités et des échéances pour chaque objectif d'apprentissage.
      Le problème étant de trouver un responsable qui a vraiment envie de chercher plutôt que d'affirmer par la force de sa supériorité hiérarchique des poncifs éculés qui n'ont pourtant jamais résolu les problèmes d'inefficacité de notre système scolaire.

      • Bernard Girard, le 31/05/2017 à 15:40
        "L'octroi d'un délai d'acquisition supplémentaire", c'est précisément l'objectif des cycles mis en place par la loi d'orientation et que Blanquer commence à détricoter. Sauf erreur, on n'a jamais vu le redoublement permettre à un élève de rattraper son retard sur ses camarades : l'année est définitivement perdue. Sauf erreur, encore, on n'a jamais vu redoubler un enfant de ministre ou un enfant de prof. Parce qu'il prélude à la sélection précoce des élèves, le redoublement est bien d'abord un outil de sélection sociale. Que les profs, souvent, s'en satisfassent, n'est pas une justification.
        • Jean Maurice, le 31/05/2017 à 23:41
          Naïf ou mal informé?
          Moi fils de prof ai redoublé comme beaucoup d'autres que je connais. Argument infondé.
          Perdre une année c'est aussi une vision stupide.
          J'ai escaladé le Mont-Blanc en 24 heures. D'autres le font en quelques heures, Suis-je définitivement en retard et déclassé ou ai-je atteint moi aussi mon objectif?
          Mettre une année de plus pour atteindre les compétences du socle ne les dégrade pas.
          On a juste du retard sur sa promotion... et alors? Y a-t-il compétition à ce niveau? 
          Les allemands commencent la lecture une année après nous. Sont-ils définitivement en retard sur les connaissances finales?
          Je suis contre le redoublement tel qu'il a été utilisé pour punir je le répète. Je suis pour le redoublement utilisé pour remettre quelqu'un dans le rythme.  Je l'ai utilisé à de très rares occasions (même quand il était autorisé voire encouragé!) Mais ceux qui ont été concernés n'ont pas été otages et en ont chaque fois tiré un bénéfice réel dans leur équilibre psychologique : les critères que j'ai retenus dépassaient largement le seul constat de mauvais résultats scolaires.  
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