JAINE 2017 met le numérique en expo 

Dans le cadre magique (mais compliqué du fait de la forme des locaux) du centre Pompidou à Paris, la Délégation Académique au Numérique de l'Académie de Paris a rassemblé le 24 mai plus de 1000 enseignants qui, tout au long de la journée ont pu rencontrer leurs collègues usagers du numérique dans leur classe et les écouter présenter ce qu'ils font au quotidien. Ateliers certes, mais surtout témoignages et partages ont été au coeur de cette rencontre pilotée par Philippe Taillard pour la Dane, en lien avec la Cardie. Le recteur de l'académie, M Gilles Pécout, a longuement circulé le matin dans les ateliers et a échangé en toute simplicité avec ceux et celles qui ont accepté de présenter leur travail.

 

Près de 60 séances d'une demi-heure (environ) ont permis, à chacun de faire un large tour d'horizon de ce qui se fait en ce moment. Pour certains enseignants venus voir cela pouvait donner envie mais peut être éveiller un sentiment de désarroi ou de frustration de ne pas pouvoir faire pareil dans leur classe. Ainsi deux enseignantes qui écoutaient la présentation des utilisations d'un TBI s'interrogeaient sur la pertinence d'en avoir un en classe, d'autant plus que l'une d'entre elle disposait d'un vidéoprojecteur qui remplissait la plupart de ses besoins et que l'autre disposait de tablettes qui lui permettaient de mettre véritablement ses élèves en activité. Cette dernière s'interrogeait d'ailleurs sur la place des élèves dans la classe devant un unique TBI, finalement proche d'un tableau traditionnel.

 

Le visiteur pouvait avoir un sentiment de vertige devant cette variété des propositions. Cependant les organisateurs avaient pris soin de thématiser les présentations et de concevoir pour chaque présentation une petite fiche à disposition des visiteurs indiquant le contenu et les coordonnées de l'intervenant(e). Les thématiques présentées sont les suivantes : différencier, accompagnement personnalisé, programmation des robots, activités de collaboration, utilisation des smartphones, ENT et Moodle, TBI/TNI, évaluation, création de vidéos. Ces différents thèmes sont représentatifs de la majorité des usages du numérique en éducation actuellement. Si l'on peut être étonné de ne pas voir le thème de la classe inversée, ce n'est pas qu'il n'en a pas été question, mais c'est qu'elle est intégrée dans différents thèmes, transversale en quelques sortes.

 

Nous avons particulièrement retenu trois présentations : l'une concernant l'usage de padlet, l'autre concernant la réalité augmentée à l'école primaire, la troisième sur l'usage du smartphone en lycée professionnel.

 

L'usage du logiciel en ligne padlet (mais on a pu aussi voir une présentation de framapad, l'équivalent en libre) est particulièrement intéressant pour les enseignants qui veulent favoriser l'écriture individuelle, puis collective des élèves. Chaque élève ou groupe d'élève inscrit sa contribution sur un "mur" commun permettant ainsi à l'enseignant, mais aussi aux autres élèves de voir les productions des uns et des autres. Utilisable pour tous les niveaux ce types de logiciel est particulièrement stimulant pour favoriser les échanges, les synthèses et l'expression individuelle et/ou collective.

 

Le projet qui nous a paru particulièrement riche est celui que présentait Sandrine Gourdon. Autour du thème le handicap et l'art, des artistes (dont l'accordéoniste Marc Perrone) sont venus en classe et ont échangé avec les élèves. A partir de cette expérience, les enseignants ont invité les élèves à approfondir leur connaissance de l'artiste en faisant d'abord des recherches, puis de synthétiser le tout dans un document audio, vidéo ou photo, qui apparaît alors à partir d'une application de réalité augmentée. Lorsque le smartphone oriente son appareil photo vers la photo de l'artiste, l'application Aurasma déclenche alors automatiquement le document réalisé par les élèves. L'objectif est d'inviter les visiteurs à aller au-delà des premières impressions, de la première photo pour découvrir l'artiste. Le thème du handicap, retenu par les enseignants est ici particulièrement intéressant pour l'éducation des enfants, leur permettant ainsi de situer la question du handicap dans une autre perspective que celle qu'ils ont habituellement, car dans l'établissement il y a aussi certains élèves handicapés. Rencontrer un artiste à la carrière bien remplie et pourtant aux capacités contraintes par le handicap est une révélation pour beaucoup. Cerise sur le gâteau, l'équipe enseignante a réussi à faire travailler tous les niveaux de l'école et d'associer les plus grands aux plus petits pour les aider dans la réalisation technique.

 

Les enseignants de lycée professionnels étaient nombreux à présenter leurs manières de faire en classe. Illustrant leur présentation par une vidéo particulièrement illustrative de la vie de leur classe, deux enseignantes de Math-Sciences (en LP les enseignants de matière générale sont bi-disciplinaires) font utiliser le smartphone des élèves pour accompagner les travaux d'expérimentation, de calcul et autres activités de simulation. Pour certains élèves c'est une économie, pour ceux qui n'en ont pas, les enseignants ont à leurs disposition quelques tablettes numériques. Dans la classe, le calme et l'attention sont souvent de mise du fait de l'intérêt des activités proposées. Outre que le smartphone posé sur la table pose moins de problème d'encadrement pour l'enseignant, il est facteur de motivations pour les élèves qui découvrent là d'autres usages potentiels que cet objet qu'ils utilisent de manière habituelle, ne serait-ce que par l'usage de la calculatrice (cela évite d'en acheter), ou encore par des applications spécifiques aux enseignements de la discipline.

 

Richesse, variété, c'est le souhait des organisateurs pilotés par Philippe Taillard, DAN de l'Académie de Paris. Ils ont complété ces rencontres par deux conférences et une présentation en forme de table ronde de travaux réalisés par des étudiants stagiaires de l'ESPE. Laurent Petit, Enseignant Chercheur à l'ESPE, a piloté ces présentations qui ont montré combien les jeunes enseignants peuvent aussi dès leur année de stage s'intéresser aux usages du numérique et le mettre en œuvre dans leur classe.

 

Jean Luc Berthier, proviseur honoraire, a proposé une conférence sur le lien entre sciences cognitives et numérique. On retiendra de ce propos qu'il est nécessaire, aussi avec le numérique, de ne pas oublier les connaissances acquises par les travaux dans ce domaine. Il invite ainsi les enseignants qui utilisent le numérique à ne pas oublier plusieurs des principes connus du fonctionnement du cerveau.

 

Bruno Devauchelle a terminé cette journée en invitant, comme dans son livre "Eduquer avec le numérique" (ESF 2017), les enseignants à prendre en compte le numérique comme un fait social total. Il a mis en évidence les évolutions et propositions en cours autour des machines apprenantes et de l'utilisation des traces pour analyser le comportement des élèves. Sa conclusion peut se résumer à cette citation en direction de l'école : "faire en sorte que les jeunes ne soient pas les marionnettes du numérique mais qu'ils en deviennent les marionnettistes".

 

A l'issue de cette journée les 200 créations des élèves de l'académies réalisées dans le cadre du Festival Ac@art troisième du nom, ont été présentées et les meilleures réalisations ont été primées. Anne Guerrero marraine du festival et présidente du jury a échangé avec les élèves et enseignants présents.

 

Bruno Devauchelle

 

Festival Ac@rt

 

 

Par fjarraud , le lundi 29 mai 2017.

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