Education nationale : Les lents progrès de la mixité  

"Alors que femmes et hommes sont aujourd'hui à parts égales dans la population active, la mixité des métiers a globalement progressé mais à un rythme extrêmement lent", note un nouveau rapport de l'Inspection générale de l'éducation nationale (Frédéric Wacheux) et de l'IGAS publié in extremis le 9 mai. Il y  a plusieurs raisons à cela mais le rapport pointe l'éducation nationale. Elle aussi peine à faire reculer les stéréotypes de genre et à assurer la mixité de ses filières. Le rapport l'invite d'ailleurs à faire des efforts. Et c'est peut-être led dernier message que N Vallaud-Belkacem, ancienne ministre des droits des femmes, voulait faire connaître avant son départ.

 

Des textes officiels non respectés

 

"En terme de formation initiale on constate la persistance de parcours scolaires très différenciés entre filles et garçons", note le rapport. "L'Education nationale peine à faire évoluer la mixité".

 

Ce ne sont pourtant pas les textes officiels qui manquent. La loi de 2005 imposait déjà au système éducatif à permettre cette mixité. Depuis des conventions interministérielle ont renouvelé le message. Mais il semble qu'il ait du mal à passer , recouvert par d'autres urgences.

 

Des parcours scolaires sexués

 

Un des points forts du rapport est dans le constat précis qui est fait des très lents progrès de la mixité filles -garçons à l'Ecole. Le rapport montre que 6 séries du lycée général et technologique sur 10 sont à peu près équilibrées. Mais les autre sont extrêmement déséquilibrées : 80% de filles en St2A et L, 90% de garçons en STI2D par exemple. Dès  les enseignements d'exploration de 2de les écarts apparaissent moins d'un garçon sur quatre optant pour un profil lettres ou langues. Ces déséquilibre sont encore plus marqués en lycée professionnel. Et ils vont se répercuter sur le post bac.

 

Il y a pourtant des progrès. On trouve 33% de filles en S alors qu'elles n'étaient que 26% en 1994. Les filles vont moins en L et en STMG.  Par contre les choix des garçons évoluent peu voire régressent (6% des garçons en L en 1994, 5% aujourd'hui).

 

Le poids des stéréotypes

 

Comment expliquer cette situation ? Le rapport souligne le poids des stéréotypes de genre. La majorité des garçons pense que certains métiers sont plutôt féminins ou masculins. L'opinion des filles est moins tranchée. "Les garçons hésitent davantage à transgresser la norme du genre car choisir un métier "féminin" est dévalorisant", note le rapport. Le poids des stéréotypes parait particulièrement lourd en fin de collège, là où l'identité se construit.

 

Le rapport note aussi quelques progrès sur ce terrain. Par exemple l'idée de privilégier en temps de crise les emplois des hommes est partagée par 25% des plus de 65 ans mais seulement 7% des moins de 30 ans.

 

Une nouvelle stratégie pour l'Education nationale

 

Mais le rapport montre aussi la timidité des efforts de l'institution scolaire. Selon lui les conseillers d'orientation seraient peu sensibilisés à la mixité. Seulement la moitié des Espe forme tous leurs étudiants. En formation continue c'est pire : ce genre de formation capote presque systématiquement.

 

Le rapport invite à une nouvelle stratégie. Et l'Education nationale n'y échappe pas. Les rapporteurs demandent d'inclure le sujet de la mixité dans les questions des concours de recrutement des enseignants et de former en formation continue les cadres, recteurs inclus. Il souhaite aussi renforcer les groupes académiques en les dotant d'un plan précis.

 

En classe, le rapport invite à inclure cette question dans le Parcours avenir. Il souhaite aussi que les enseignants utilisent la réserve civique pour casser les stéréotypes de genre attachés aux métiers dans les interventions en classe.

 

Selon le rapport la ségrégation professionnelle provient pour les deux tiers de la ségrégation éducative et pour un tiers seulement de celle du marché du travail. Le rôle de l'école apparait donc déterminant.

 

François Jarraud

 

Le rapport

Dix conseils pour bien gérer la mixité garçons-filles dans la classe

L'égalité filles - garçons, c'est bon pour les garçons !

 

 

 

Par fjarraud , le jeudi 11 mai 2017.

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