L'homme providentiel ? 

L'élection d'Emmanuel Macron c'est d'abord un soulagement. Sa candidature a écarté l'hypothèse de l'arrivée au pouvoir de l'extrême droite. La victoire est nette. Pour autant, derrière ce soulagement, il y a des motifs d'inquiétude.

 

La victoire d'Emmanuel Macron tient beaucoup à ses qualités personnelles. Elles sont grandes. On peut penser à sa clairvoyance politique qui lui a fait comprendre que son heure était arrivée. Et aussi à son parcours qui l'a conduit d'une ville de province à la magistrature suprême en un temps record. Cela fait sens pour tous les jeunes du pays qui peuvent penser vivre dans un pays où tout est cloisonné.

 

Il diffuse un message optimiste particulièrement bienvenu dans un pays relativement jeune par rapport à ses voisins, mais le plus pessimiste en Europe.

 

Sa victoire redistribue les cartes politiques. C'est la victoire de la modération. Elle semble apporter un apaisement bienvenu. Mais elle redistribue l'éventail politique entre un parti modéré et des partis extrêmes. Et le problème du grand parti modéré c'est de ne pas devenir modéré à l'extrême...

 

C'est dire que sa victoire n'a rien fait disparaitre. Les extrêmes sortent considérablement renforcés de ces élections et en sont en réalité les grands vainqueurs. La candidature Macron ne leur a pas fait perdre de voix bien au contraire. On ne va pas tarder à le voir aux législatives où les mécanismes qui leur faisaient barrage ne joueront plus. La menace d'extrême droite est toujours là.

 

La République a juste gagné un sursis. L'échec de Macron sonnerait immanquablement la victoire de l'extrême droite en 2022. E. Macron a 5 ans pour réussir ce qui n'a pas été fait depuis plusieurs mandats : transformer l'économie du pays, combattre idéologiquement  l'extrémisme et réduire les inégalités. Et il devra le faire avec une opposition beaucoup plus puissante que ses prédécesseurs.

 

En matière d'éducation, le problème du nouveau président c'est ce qu'on sait de son entourage. Le secret a été bien tenu. Mais on sait qu'on y retrouve les animateurs de l'Institut Montaigne, un think tank libéral. Leurs idées sont présentes dans le programme. Globalement ce sont ces émigrés de la Sarkozie qui risquent de prendre les rênes du ministère. On a vu ce qu'ils y ont fait.

 

S'y ajoutent quelques hauts cadres de l'Education nationale retraités de plus ou moins fraiche date. Quelques soient leurs qualités individuelles, et elles sont grandes, on ne distingue pas de souffle neuf pour l'Ecole. On peut craindre les dérives technocratiques et un certain désintérêt pour les inégalités sociales à l'Ecole.

 

Il y a 5 ans, nous étions aux Tuileries pour accueillir le nouveau président. Il prononçait son premier discours devant la statue de Jules Ferry. Une ère nouvelle semblait commencer pour l'Ecole. On a vu comment l'élan donné par Peillon et Hollande s'est brisé sur le système et s'est coupé du monde enseignant.

 

Il faut souhaiter à l'Ecole qu'elle revienne à quelques vérités fondamentales. On ne changera pas l'Ecole sans les enseignants. On ne l'améliorera pas sans eux. Sur ce terrain un élément clé est de mettre effectivement en place le nouveau management des enseignants issu des accords PPCR et de refuser management libéral. Changer l'Ecole c'est la rendre plus juste. Améliorer l'Ecole c'est la réconcilier avec ses valeurs. L'urgence de l'Ecole c'est la fraternité et la confiance.

 

François Jarrraud

 

 

Par fjarraud , le mardi 09 mai 2017.

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