Le dernier mot aux parents en fin de 3ème prolongé de deux ans 

L aloi de janvier 2017 sur l'égalité et la citoyenneté a prévu de prolonger pour deux ans l'expérimentation du "dernier mot laissé aux parents" lors de l'orientation en fin de 3ème. Un décret publié au JO du 23 avril met en place cette seconde expérimentation et un arrêté fixe la liste des établissements concernés. Le bilan de la première expérimentation n'était pourtant pas si positif.

 

Une seconde période d'expérimentation

 

Une première expérimentation du "dernier mot laissé aux parents" en fin de troisième a eu lieu pendant trois ans. L aloi de janvier 2017 vient de décider une seconde expérimentation sur les deux prochaines années scolaires.

 

Le décret prévoit que "lorsque les propositions du conseil de classe ne sont pas conformes aux demandes (des parents), le chef d'établissement ou son représentant, avec le professeur principal de la classe, reçoit l'élève et ses responsables légaux afin de leur expliquer les propositions du conseil de classe, de recueillir leurs observations et de proposer un entretien avec un conseiller d'orientation-psychologue dans un délai de cinq jours ouvrables. Si, au terme de ces cinq jours, le cas échéant après une nouvelle rencontre avec le chef d'établissement ou son représentant organisée à la demande de l'élève et ses responsables légaux, ces derniers maintiennent leur choix, le chef d'établissement prononce une décision d'orientation conforme à ce choix".

 

Des résultats nuls ?

 

Une étude publiée par la Depp en décembre 2015 a pourtant montré le peu d'impact de la première expérimentation. " L’observation sur quatre années des taux de passage en second cycle GT et en second cycle professionnel des collèges expérimentateurs ne permet pas de noter de changements directement liés à la première année d’expérimentation", écrivait la Depp. "Au-delà d’une légère baisse du taux moyen de passage dans la voie professionnelle, ces collèges semblent suivre les tendances nationales". Pour la Depp, "les cultures d'orientation des collèges n'ont pas été majoritairement remises en cause à la fin de la première année d'expérimentation". Les taux de désaccord entre familles et établissement tournent autour de 2% des demandes. L'impact sur les flux est donc forcément des plus limités.

 

Un rapport piloté par l'inspecteur général Aziz Jellab se montrait plus critique. "L’expérimentation n’a pas provoqué de changements importants, ni dans les pratiques ni dans les réflexions pédagogiques", notait-il. "Les établissements concernés ayant été choisis dans le but d’éviter des problèmes de flux difficiles à gérer, il n’y a pas lieu de s’étonner que les effets concrets soient restés faibles". Selon lui, tous les chefs d'établissement n'ont pas renforcé le dialogue avec les parents. Les conseils de classe sont restés souvent formels, sans aide au choix. Il sont laissé peu de place aux parents.

 

Pas de transformation des pratiques

 

Pour les enseignants, l'expérimentation suppose un role de conseiller des parents pour le professeur principal. Or cela a posé de sérieux problèmes car cette évolution n'a pas été anticipée. " L’implication des professeurs principaux supposait qu’ils soient accompagnés, par exemple en travaillant la différence entre orientation et affectation, entre informer et conseiller, mais aussi de repenser la relation d’entretien avec les parents. La décision d’orientation revenant aux parents a généré une plus forte demande d’accompagnement de la part des professeurs principaux qui ont vu leur activité de conseil s’amplifier jusqu’à engendrer une surcharge de travail. Cela a d’ailleurs conduit certains enseignants à renoncer, à l’issue d’une année d’expérimentation, à leur fonction de professeurs principaux", explique A Jellab. Il aurait aussi fallu renforcer la liaison collège lycée qui est jugée très insuffisante.

 

Au final, "le travail sur l’ambition des familles n’a pas produit les mêmes résultats selon la manière dont le collège a établi des liens et un dialogue avec les parents", note le rapport. Dans tel collège l'expérimentation est utilisée pour travailler sur les projets des élèves. Dans tel autre elle sert à limiter les ambitions des élèves pour les dissuader d'aller en 2de GT".

 

François Jarraud

 

Le décret

L'arrêté

L'évaluation par la Depp

Le rapport de l'inspection générale

 

Par fjarraud , le lundi 24 avril 2017.

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