EPS : Une circulaire sécuritaire sur les Activités Physiques de Pleine Nature  

Est-ce le retour d’une vieille dérive sécuritaire ? Nous l’annoncions il y a quelques jours, la circulaire relative aux activités physiques de pleine nature (APPN) a été publiée au BO du 20 avril 2017. Intitulée : « exigence de la sécurité dans les APPN dans le second degré », elle présente plusieurs principes à respecter, évoque la responsabilité des acteurs locaux et insiste sur le renforcement du pilotage académique. Ce qu’il faut savoir, ce qui change...

 

Après les précautions d’usages rappelant l’intérêt et la place des APPN dans le parcours de formation de l’élève, mais également les textes en vigueur concernant les exigences strictes de sécurité, la circulaire parle de « vigilance renouvelée des enseignants d’EPS ». Le texte insiste sur plusieurs points, en premier lieu « la gradation nécessaire des niveaux d’engagement proposés » : il entend par ce dernier la clarification des principes et règles de sécurité active et passive optimale.

 

La sécurité, une exigence

 

Premier point, la circulaire insiste beaucoup sur la sécurité (49 fois citée dans le texte) et  propose une définition de la sécurité : selon elle, « La sécurité se définit comme l’absence de risque inacceptable pouvant objectivement mettre en cause l’intégrité physique des élèves. Dès lors, l’attachement à cette dernière est une préoccupation centrale de tous les acteurs, surtout dans l’enseignement des APPN où la dimension sécuritaire est prononcée. » Si le texte évoque l’enjeu d’être confronté à « une prise de risque subjective, calculée et réfléchie », il donne surtout l’impression d’un "tout sécuritaire". Ainsi, « l’enseignant doit s’organiser pour garantir de façon pleine et entière une chaîne de sécurité et une chaîne de contrôle fiables. Elles ne peuvent être déléguées. » Même si la responsabilisation de l’élève dans le respect de cette chaîne peut être un procédé pédagogique, le texte précise que « cela ne garantit pas que les élèves agissent sans faire d’erreur d’une leçon à l’autre », et il rappelle « obligation professionnelle de contrôle ». Peut-on ne pas être d’accord avec ces extraits ? Mais le fait de souligner de façon importante et forte la responsabilité des acteurs locaux en premier lieu, l’enseignant mais aussi le chef d’établissement ne risque t-il pas de tendre vers une suppression et une baisse de l’enseignement des APPN ?

 

Différents niveaux d’engagement selon les cadres de pratique

 

Les questions relatives aux APPN dépendent évidemment des cadres de pratiques (enseignement obligatoire, association sportive, section sportive ou autre). Ainsi, différents niveaux sont proposés notamment dans le cadre d’un enseignement obligatoire d’une gestion risque et sécurité au regard des ressources des élèves, ou encore à l’association sportive avec une mise en relation des attentes des élèves pour susciter leur intérêt. L’importance d’effectifs d’élèves réduits est également évoquée et il est mis en relation avec les recommandations préconisées par les fédérations sportives.

 

Renforcement du pilotage académique ?

 

La circulaire insiste sur l’élaboration, l’actualisation et la mise en œuvre de profils de sécurité dans chaque activité, mais également sur la priorité de proposer des plans académiques de formation, des connaissances en matière de sécurité pour l’acquisition de gestes professionnels dans les APPN. Il semble en effet, qu’une des problématiques récurrentes soit la diversité des formations et l’hétérogénéité au sein des équipes de compétences professionnelles vis-à-vis de l’enseignement des APPN.

 

L’escalade pointée du doigt

 

Une activité semble pointée du doigt : l’escalade. En effet, plus que l’activité en tant que tel, ce sont ses lieux de pratiques qui sont questionnés. Que ce soit l’escalade en voie, en bloc, en falaise naturelle ou sur SAE, les contraintes et exigences sont très différentes. Ainsi, la circulaire invite à mettre au cœur des choix d’équipe les modalités de pratique : « le choix des supports d’escalade et de leur adaptabilité aux conditions d’enseignement scolaire est un enjeu majeur ». Des précisions sont apportées, ainsi, l’analyse des accidents  en escalade révèle des problèmes liés à l’encadrement mal confectionné et à un défaut d’assurage. Plusieurs recommandations sont proposées et des principes sont rappelés qui représentent une base importante pour cadrer les enseignements. Naturellement, il va de soi que ces préconisations ne peuvent pas faire l’économie d’une mise en pratique…

 

Des compétences à transmettre : « apprendre à renoncer »

 

Il semble en effet, intéressant de percevoir les compétences à transmettre dans le cadre de l’enseignement des APPN. Toutefois, cela serait intéressant de l’associer avec un « savoir s’engager » évidemment dans des conditions de risques objectifs nuls…

 

Une éducation au risque ?

 

Martinet évoque « la sécurité comme un savoir en relations, un savoir qui se risque, qui s’éprouve » (Martinet in « à quoi sert l’EPS » Dossier EPS n°29, 1996). Peut-être nous pouvons voir dans ce texte le retour d’une vieille dérive sécuritaire (49 fois le mot sécurité est cité contre 11 fois pour le risque) ou au contraire, il pourrait être intéressant d’y voir une progressivité au regard de l’activité de l’élève de la gestion de la contrainte Risque/Sécurité ? Si nous percevons l’importance d’un texte et d’un rappel, il semble que ces questions autour de la gestion des risques doit faire l’objet de réflexion importante pour dépasser les analyses binaires.

 

Antoine Maurice et Benoît Montégut

 

La circulaire

Nouvelles exigences de sécurité dans les APPN

 

 

 

Par fjarraud , le vendredi 21 avril 2017.

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