Mixité sociale à l'Ecole : Les recommandations de Choukri Ben Ayed 

"Il n’y aura pas de recette « miracle ». Les expressions que l’on entend encore, notamment en période électorale, d’une « nouvelle sectorisation », n’ont pas vraiment de sens. La mixité sociale relève d’une politique publique complexe qui implique certes des enjeux de sectorisation mais également des systèmes d’accord à construire au sein de la chaîne hiérarchique de l’Éducation nationale (entre le niveau national et local) et entre cette dernière et les institutions locales. Au fond c’est là que les difficultés se sont concentrées". Sociologue de l'éducation, Choukri Ben Ayed travaille actuellement sur les expérimentations en matière de mixité sociale lancée par le ministère. Il se confie dans un entretien donné à l'observatoire de la réussite éducative.

 

" En différents lieux de l’expérimentation ce sont des acteurs et des responsables aguerris qui se sont mis à la tâche, car particulièrement convaincus, et qui ont démontré les potentialités de transformations du système lorsqu’une certaine forme de volontarisme est partagée. Cependant, volontarisme et localisme ont leurs limites", note-il. Pour lui il faut "agir par la loi" et faire de la loi d'orientation "un cadre obligatoire". "Comment réduire les disparités locales si ce n’est par un rôle régulateur de l’État, ceci en cohérence avec l’article 1 de la Constitution selon lequel la République est « une et indivisible » ?"

 

" La loi devrait être beaucoup plus précise sur les modalités mêmes de la politique de mixité sociale à l’école", explique-t-il. "Si la loi d’orientation actuelle a laissé les perspectives ouvertes, nous sommes beaucoup plus informés à présent sur les pistes possibles. L’expérimentation a permis de dégager au moins deux grandes familles de politique de mixité :

a. Mixité par resectorisation « simple », mixité par resectorisation avec fermeture d’établissement, reconstructions, fusion d’établissements, et conjointement renforcement de la qualité de l’offre pédagogique des établissements dans une perspective d’égalisation des conditions de scolarisation

b. Secteurs multicollèges avec affectation critériée sur la base d’un algorithme (qui n’exclut pas non plus d’agir sur l’offre pédagogique). Ces deux grandes familles ne renvoient pas à de simples « process », mais à des choix qui engagent une certaine vision de l’éducation. Si le premier se fonde sur une conception égalisatrice de l’action éducative, le second est davantage adossé à un paradigme concurrentiel de libre choix régulé".

 

" Certains penseront alors que des secteurs multicollèges seraient plus favorables (formulation d’un choix par les familles entre plusieurs d’établissements puis affectation critériée par l’Inspection académique). À la réflexion on peut se demander si cette opposition entre sectorisation et secteurs-multicollèges n’est pas stérile. Dans « secteurs-multicollèges », il y a « secteurs ». Tout part de secteurs élargis. Il s’agit de rompre avec l’idée d’un secteur rattaché à un seul collège et d’élargir l’espace pour contrecarrer les effets de la ségrégation urbaine, ce qui est plutôt pertinent. "

 

Sur le site de l'observatoire

 

Par fjarraud , le vendredi 07 avril 2017.

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