Exclusif : N Vallaud Belkacem : Longuet : Quelle méconnaissance du travail enseignant ! 

« Comment ose-t-on avoir pour discours politique « il faut faire travailler davantage les enseignants » ? »  Interrogée par le Café pédagogique le 9 décembre, la ministre réagit à la publication du rapport Longuet qui prévoit à la fois d’augmenter le temps de travail des enseignants et de leur supprimer les heures supplémentaires. Pour  Najat Vallaud Belkacem, le raisonnement doit s’inverser. « La seule chose qu’il faut faire davantage c’est reconnaître davantage  les enseignants ».

 

 La publication le 8 décembre du rapport Longuet sur le temps de travail et la rémunération des enseignants suscite beaucoup de réactions dans le monde de l’école puisque G Longuet se situe dans l’entourage du candidat F Fillon. Le rapport donne les pistes pour réaliser un objectif du candidat à la présidentielle : réduire très fortement le nombre d’enseignants en augmentant leur temps de travail. Il va au-delà en programmant aussi des pertes de salaire importantes.

 

Interrogée par le Café pédagogique à l’occasion de la Journée de la laïcité organisée au lycée Paul Bert de Paris le 9 décembre, la ministre de l’éducation nationale a pris position nettement contre le projet de G Longuet.

 

« Une fois de plus il révèle la méconnaissance profonde de ce qu’est le travail des enseignants », nous a dit la ministre. « Cette idée selon laquelle les enseignants ne travailleraient pas assez est le point névralgique du débat. Est-ce vrai ? Non.  La réalité, quand on considère l’ensemble du travail des enseignants, pas seulement les cours mais les préparations, les corrections, le travail en équipe qu’on leur demande de plus en plus, le travail de réception des familles, c’est que les enseignants travaillent plutôt 40 heures par semaine ».

 

« La question, c’est plutôt comment reconnaitre tout cela, notamment financièrement avec le PPCR, une revalorisation conséquente, plutôt que rogner davantage sur de soi-disant privilèges », continue-t-elle. Les textes sur le PPCR ont été adoptés par une majorité des syndicats en comité ministériel(CTM) le 7 décembre.

 

« Il y a peu de tâches aussi complexes que professeur quand on voit l’hétérogénéité des classes, la pression sociale pour la réussite des enfants, les différents canaux d’information qui font que le savoir du professeur n'a rien d’évident… Quand on comprend tout cela, comment ose-t-on avoir pour discours politique « il faut faire travailler davantage les enseignants » ? La seule chose qu’il faut faire davantage c’est les reconnaitre davantage, davantage les former, les accompagner davantage. Arrêtons de nous demander ce que les professeurs peuvent faire pour nous. Demandons-nous ce que nous pouvons faire pour les professeurs. »

 

François Jarraud

 

 

 

Par fjarraud , le vendredi 09 décembre 2016.

Commentaires

  • nath69, le 11/12/2016 à 17:53

    Tout comme Maria1958, je réagis aussi sur ces deux éléments: « La seule chose qu’il faut faire davantage c’est reconnaitre davantage  les enseignants » et "Demandons-nous ce que nous pouvons faire pour les professeurs", dit la ministre.

    Il serait temps que madame la ministre reconnaisse le travail monumental effectué par les enseignants avec cette réforme qu'elle a fait passer en force. Certes, il fallait réformer le collège ! Mais comme cela, je ne pense pas.

    Que pouvez-vous faire pour vos professeurs madame la ministre?
    Par exemple, vous pouvez :
    -les considérer autrement en ne leur imposant pas de rénover 3 ou 4 programmes sur 2 cycles différents en un seul été.
    -leur donner les moyens de faire de la différenciation pédagogique dans des classes hétérogènes,  autrement qu'avec de l'AP avec 31 élèves.
    -leur fournir un LSUN qui fonctionne
    Madame la ministre avait-elle une connaissance profonde de ce qu'est le travail des enseignants lorsqu'elle a "pondu" cette réforme? Elle attaque monsieur Longuet sur ce propos mais elle a pour moi fait la même chose de façon déguisée.
    40h par semaine de travail, mais un enseignant aujourd'hui travaille bien plus:  recherche des contenus (savoirs, savoirs faire)  dans cette foultitude de documents qui  débarquent sur Eduscol, continuer à avoir une action de veille sur les différents sites internet (merci d'ailleurs au café péda de nous faire ce tri),  adapter son nouveau mode d'évaluation au nouveau socle (alors que celui d'avant pour ma discipline fonctionnait très bien!) , continuer à faire de la recherche en didactique ....Pourquoi ne pas nous donner 3 ans pour mener à bien cette réforme ? ….ah,  oui, j’oubliais les élections présidentielles approchent !!!
    Alors en conclusion, je pense que madame N Vallaud Belkacem a fait de la politique politicienne, qu'elle a avant tout pensé à elle avant de penser à ses profs, qu'elle a avant tout œuvré pour monter les marches qui l'amèneront rapidement dans un prochain gouvernement socialiste vers un poste de 1er ministre voire vers une candidature aux présidentielles. Madame la ministre avec votre réforme vous avez perdu les prof qui votent à gauche !

  • Viviane Micaud, le 11/12/2016 à 10:45
    "La seule chose qu’il faut faire davantage c’est les reconnaitre davantage, davantage les former, les accompagner davantage. Arrêtons de nous demander ce que les professeurs peuvent faire pour nous. Demandons-nous ce que nous pouvons faire pour les professeurs. »

    Absolument d'accord. Maintenant il faut obtenir que l'encadrement supérieur de l'éducation nationale le fasse.
  • maria1958, le 09/12/2016 à 14:40
    « La seule chose qu’il faut faire davantage c’est reconnaitre davantage  les enseignants » et
    "Demandons-nous ce que nous pouvons faire pour les professeurs", dit la Ministre, avec son aplomb habituel.

    Eh bien, prendre enfin au sérieux ce que les profs disent à propos de la "réforme" du collège, au lieu de passer en force et de refuser de recevoir les représentants de la profession (depuis mai 2015, pas de réponse, ça commence à faire long comme absence totale de reconnaissance ?).

    Ou encore, réunir tout le monde sans attendre autour d'une table sur la carte de l'Education prioritaire, notamment des lycées ? 

    Ou encore, revaloriser les débuts de carrière, payés à 1,1 SMIC depuis que Peillon a aimablement baissé leur indice de début ?
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