FEI16 : Un MOOC pour le bac de sciences 

Comment faire progresser les lycéens en sciences ? C’est tout le pari d'une équipe d’enseignantes de sciences en poste dans différentes académies. En relation par les réseaux sociaux, Géraldine Bridon, Geneviève Ponsonnet, Virginie Marquet,  Mélanie Fenaert, Claire Lambert et Elisabeth Sélig produisent un MOOC destiné aux élèves de 1ères ES et L pour réviser le bac de sciences. « La force de cet outil : chaque élève construit son parcours de révision ». Découvrez les coulisses d'un projet collaboratif présenté au forum des enseignants innovants 2016.

 

Afin de permettre aux participants d’être accompagnés au moment des révisions du  baccalauréat en 1ere L/ES, une équipe, constituée d’enseignantes géographiquement éloignées, de disciplines variées, dotées de profils complémentaires et d’une motivation commune, ont décidé de mettre en place le MOOC Bac2sciences pour faire réussir au mieux les élèves. Ainsi en s’inscrivant à ce MOOC, les élèves francophones de tout établissement scolaire peuvent réviser pendant 5 semaines sur deux thèmes proposés au bac, et travailler ensemble dans la co-construction du savoir à l’aide d’outils collaboratifs.

 

Comment s’est organisée la mise en place du contenu ? Qui fait quoi ?

 

Étant d’académies différentes, l’utilisation d’outils de communication collaborative pour échanger et construire le projet a été primordial et permis un travail synchrone comme asynchrone.

 

Nous avons d’abord réfléchi sur le niveau scolaire, sélectionné les thèmes, puis élaboré un scénario pédagogique. Une fois qu’il a été calé, nous avons fait la liste des vidéos, des QCM et des sujets de bac à proposer pour chacun des modules. Nous avons également réfléchi à la liste d’outils collaboratifs à mettre en place pour que tous les élèves puissent co-construire leur savoir. C’est ainsi que nous avons sélectionné : Answergarten : création d’un nuage de mots-clés collaboratif sur le thème étudié, Framapad : élaboration d’un glossaire collaboratif et Mindmup : création de carte mentale collective.

 

Utilisant la pédagogie inversée tout au long de l’année, l’idée de la création d’un MOOC est allée de soi.  Nous avons vite réalisé que 4 semaines de MOOC proposées par la plateforme Ecolearning seraient insuffisantes : il fallait aussi inclure une éducation aux médias et à l’information (EMI) puisque le MOOC s‘adressait principalement à des mineurs. De plus, les élèves devaient comprendre comment utiliser la plateforme, et ils avaient à se familiariser avec ce nouveau mode de travail et ce nouvel outil numérique. Cet argument a fait mouche auprès de notre hébergeur. Nous avons eu droit à 5 semaines gratuites.

 

A partir de là, Mélanie, Geneviève, Claire et Virginie ont fait des vidéos avec différents outils (Explee, Movie maker, Imovie). Nous avons toutes réalisé des activités auto-correctrices sur la plateforme Education & Numérique. Géraldine s’est occupée de tous les QCM. Elisabeth a été en charge de la partie Éducation aux Médias. Elle a réalisé un QCM pour que les élèves sachent ce qu’ils avaient le droit de faire ou ne pas faire sur un MOOC. Elle s’est également occupée de l’intégration du jeu sérieux “2025 ExMachina” qui explique aux jeunes les dangers d’internet et des réseaux sociaux. Nous avons aussi reçu l’aide de Souad Tahoune, Eva Guerda et Virginie Bouthors au moment de l’ouverture du MOOC : elles devaient répondre aux questions posées sur le forum.

 

Où le MOOC est-il hébergé ? Comment les lycéens peuvent-ils y accéder ?

 

Le MOOC a été hébergé gratuitement par la plateforme Ecolearning ce qui nous a permis de bénéficier de l’espace de création sur cette plateforme ainsi que d’un soutien technique et pédagogique.

 

Les élèves pouvaient s’inscrire de leur propre initiative. La publication rédigée par le site Geek Junior a favorisé ce genre d’inscription. Sinon, ce sont  les collègues de SVT et/ou physique-chimie qui pouvaient inscrire leurs classes. Cela représente la majorité des inscrits répartis sur 3 continents (Amérique du Sud, Caraïbes, Afrique et Europe). A ce moment là, le MOOC pouvait être utilisé en classe inversée : les élèves réalisaient à distance les QCM et les exercices autocorrectifs après avoir visionné la vidéo puis les collègues réalisaient en classe les sujets du baccalauréat proposés. Le professeur pouvait également aider les élèves à corriger leurs pairs, ce qui n’est pas évident car cela demande de bien connaître le cours, la méthode. Mais cet exercice a été réalisé avec succès pour ceux qui se sont lancés et ce sont ces élèves là qui ont eu 20 le jour du baccalauréat.

 

En ouverture de séance, le collègue pouvait utiliser les nuages de mots ou le glossaire réalisé de façon collaborative pour discuter avec les élèves des points importants présents ou oubliés. En classe, l’exercice n’est pas facile pour le collègue qui peut se retrouver avec plusieurs parcours d’élèves différents : certains visionnent la vidéo, d’autres réalisent le QCM tandis que certains ont besoin d’aide pour l’évaluation par les pairs. Et tous les élèves peuvent ne pas avoir la même avancée dans le MOOC. C’est la force de cet outil : chaque élève construit son parcours de révision parmi les trois proposés selon ses besoins et il a alors en classe ou à distance l’accompagnement correspondant. La saison 2 va démarrer en mai prochain.

 

Quel bilan tirez-vous de cette première session ? Combien de visites ? Des retours des apprenants ?

 

Nous sommes très fières d’avoir réussi à construire un MOOC et d’avoir réuni autant d’élèves et de professeurs (500 inscrits) venant presque de toutes les régions de France et présents sur 3 continents alors que la publicité autour de ce MOOC a été assez faible.

 

Notre travail collaboratif a été entièrement fait à distance, sans que nous nous connaissions. L’alchimie a bien fonctionné et nous étions très complémentaires, ce qui a permis au projet d’être une vraie réussite !

 

Nous sommes également ravies de proposer un accompagnement gratuit quelle que soit la localisation géographique, le niveau social ou les besoins particuliers des élèves (nous avons eu le soutien des associations Souris Docteur et ANAPEDys).

 

Nous avons eu des retours d’élèves : ceux qui se sont donnés au maximum ont eu 19 ou 20 au Bac. Par contre, les élèves ne faisant que les QCM, ont souvent eu 10-11. Cela pourrait être intéressant de mener une recherche pour mesurer l’impact de cet accompagnement au moment des révisions puisqu’on peut connaitre la note finale obtenue. Proposer un sondage aux apprenants une fois leur résultat obtenus permettrait de connaître l’impact d’un MOOC.

 

Certains collègues nous ont écrit : ils étaient ravis d’avoir un lien avec une équipe car eux-mêmes sont seuls représentants de leur discipline dans leur établissement. C’est souvent valable dans les lycées à l’étranger qui ont des petites structures. Ils ont eu l’impression d’être moins isolés et de pouvoir offrir à leurs élèves la possibilité d’échanger avec d’autres élèves de la même filière. Certains collègues étaient très intéressés de découvrir ce qu’est un MOOC avec un sujet qu’ils maîtrisent.

 

Pour que ce MOOC soit utilisé par le plus d’élèves et donc d’enseignants, avoir un accompagnement par une structure comme le réseau Canopé permettrait de proposer en amont des formations en présentiel pour expliquer aux collègues comment l’utiliser en classe. Cela serait un moyen de démocratiser l’utilisation de cet outil. Ainsi ce MOOC permettrait de réunir des collègues, des élèves de profil différents, de lieux géographiques différents unis par le même défi : réussir au mieux au baccalauréat de sciences.

 

D’autres projets pour cette année ?

 

Bien sûr, c’est le temps qui nous manque ! Nous avons toutes les 5 pleins de projets ! Le niveau scientifique des élèves ne cesse de diminuer. Nous nous retrouvons en classe à revoir des bases simples, à avoir des difficultés au niveau des méthodes tout en gérant des classes de plus en plus hétérogènes. C’est ainsi qu’en classe de seconde, avec 30 minutes de moins que précédemment, nous devons former à niveau très disparate. Le niveau exigé est souvent en dessous de ce qui peut être requis pour un élève de 1ereS. Ainsi, en proposant un MOOC de révision gratuit sur les notions et méthodologies essentielles en fin de seconde, nous pourrions aider les élèves à arriver en début de 1ereS en ayant des bases plus solides.

 

Même chose en fin de 1ereS... et on souhaiterait également mettre en place des MOOC en Terminale S. Mais là il faudrait que l’équipe s’agrandisse. Mais pourquoi pas un projet de plus grande ampleur. Ce qui nous plaît avant tout, c’est le travail collaboratif mis en place entre nous, n’étant pas géographiquement au même endroit. Cette unité nationale, l’ouverture de l’espace classe et la collaboration entre pairs sont trois principes qui nous sont chers.

 

Entretien par Julien Cabioch

 

Le MOOC

 

 

 

 

Par fjarraud , le mardi 29 novembre 2016.

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