Prix de l’évaluation FEI 2016 : Rémi Massé : Quand le jeu de rôles inspire les scénarios de cours 

S’inspirer des jeux de rôles pour créer des scénarios de séquences pédagogiques, est-ce possible ? Est-ce utile ? Professeur d’éducation musicale au collège Jean Monnet à Lalinde, Rémi Massé en tente l’expérience. Il transforme le cours en l'unifiant par un habillage scénaristique, en l'organisant en ilots par rôles de responsabilités, en procédant à une évaluation par sphérier. Des « tambours du trésor maudit » aux « âmes fantômes de Barcelone », de « l'Empire des sons » à « l'Animal intérieur de la Dérobée à l'opéra », les élèves déjouent par leur créativité les énigmes et aventures. Rémi Massé livre des éclairages sur ce projet qui a reçu au Forum des Enseignants Innovants 2016 le prix de l’évaluation du public du FEI.

 

Rémi Massé, vous participez au Forum des Enseignants Innovants 2016. Pouvez-vous, en quelques mots, vous présenter et présenter votre projet ?

 

Je suis professeur d'éducation musicale au collège Jean Monnet de Lalinde (24), membre du collectif #edmus sur Twitter et adhérent à l’association l’APEMu (Association des Professeurs d’Education MUsicale). Mon projet tente de « ludifier » les cours d'éducation musicale.

 

« Ludifier », c’est-à-dire vous inspirer des jeux de rôles pour scénariser vos séances de cours. Comment l’idée vous est-elle venue de lier le monde du jeu et celui de l’école ? Êtes-vous vous-même rôliste ?

 

L'idée du jeu de rôle m'est venue lorsque que j'ai créé un spectacle de chorales interactif sous forme de Cluedo, et en visitant les sites d'autres collègues. La ludification des cours est un principe très ancien. Je voulais tenter en éducation musicale une forme de réflexion composite avec ce qui anime l'essence de ma matière, le jeu. Par ailleurs oui, je suis moi-même rôliste depuis mon enfance, et j’ai également créé nombre de jeux.

 

Que répondriez-vous à quelqu’un qui considérerait que le jeu n’a pas sa place en classe, que le risque est que les élèves portent leur attention davantage sur le déroulement ludique que sur les apprentissages en jeu ?

 

Je n'aurais pas de prétention à dire quoi faire. Je pense que si quelqu'un a trouvé une vérité absolue, il s'en éloigne alors. Concernant le jeu en classe, il apparait, depuis l'usage médiéval du tarot, en passant par l'escrime ou les jeux olympiques, la stratégie militaire ou la répétition artistique. Le jeu est donc, en plus d'être un désir immuable de l'enfance, une activité source d'apprentissage depuis bien longtemps. Mais votre question est, me semble-t-il aussi, rhétorique : pourquoi séparer l'attention d'un mécanisme de jeu qui a vocation à être intégrée rapidement afin de vivre le temps de jeu (qui pense constamment aux règles dans un jeu une fois qu'elles sont apprises et donc intégrées ?) d’avec le contenu ? Les deux sont étroitement liés.

 

Qu’est-ce que ce projet a changé dans votre manière de faire classe, et qu’a-t’il changé dans les apprentissages de vos élèves ?

 

Ce projet a changé bien des choses dans ma pratique: la façon d'envisager des problématiques, la façon d'enchaîner des activités, la perception d'une liberté possible des élèves dans leur conception d'organisation du travail cependant encadrée et contenante, un plaisir d'acquisition par cette pédagogie du détour qui motive les élèves de façon générale.

 

Parallèlement à cette utilisation du jeu de rôle en classe, vous présentez régulièrement sur votre blog d’autres techniques pédagogiques originales : une organisation du travail en groupe que vous appelez « îlots ludifiés », ou encore une fiche d’évaluation appelée le « sphérier ».

 

Comment vous viennent toutes ces « trouvailles pédagogiques » ?

 

Ces trouvailles me viennent avec la nécessité de penser mon cours avec un point de vue de l'élève tout en continuant à essayer de rechercher l'exigence, la diversité et la contenance.

 

Les ilots ludifiés par exemple sont une alternative aux ilots bonifiés de Marie Rivoire, dont je me suis inspiré avec son aimable autorisation. Le sphérier, inspiré d’un jeu de rôle vidéo japonais et d’idées de collègues très estimés, est un système mélangeant le plan de travail avec les badges, proposant une alternative aux ceintures de compétences.

 

Je fais également partie d' #edmus (un collectif d’enseignants d’éducation musicale sur le réseau Twitter), qui sont des profs passionnés et passionnants. Notre intérêt pour chacun, notre bienveillance mutuelle et nos encouragements font qu'il est plus qu'agréable de chercher ensemble de nouvelles idées ou d'approfondir des plus anciennes.

 

Qu’attendez-vous d’un évènement comme le Forum des Enseignants Innovants ?

 

J'attends de cet évènement de découvrir d'autres idées, de découvrir les merveilles de mes collègues !

 

Propos recueillis par Logann Vince

 

Le blog de Rémi Massé

 

 

 

Par fjarraud , le lundi 28 novembre 2016.

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