FEI16 : Sébastien Franc : L'inspiration vient en twictant 

Sébastien Franc, professeur d'anglais au lycée des Flandres à Hazebrouck dans l'académie de Lille est engagé dans l'innovation, et en particulier la classe inversée. Il a mis en place l’an dernier un projet de travail collaboratif entre des classes, et a, cette année, élargi le projet à des collaborations interdisciplinaires et inter degrés.

 

CR :  Est-ce votre premier projet de ce type ?

 

 SF : L'année dernière j’ai co-créé Flanders Lane avec une collègue, Régine Ballonad-Berthois, une ville virtuelle où ont collaboré mes classes et des classes à l'extérieur, ce qui leur a valu le Grand Prix du Jury au FEI l'année dernière. Cette année la saison 2 de Flanders Lane est plus tournée sur les collaborations avec des enseignants d’autres disciplines et même avec le primaire, avec une scénarisation autour d'îles. On est en train de créer un "écosystème" où chaque enseignant participant à l'aventure apporte son identité pédagogique" au profit de ses élèves, ce qui nous permet de partager des pratiques et de travailler ensemble à distance.

 

Le projet que je présente a pour titre: "#twictools, #TwictIsland #Twictbeacon, des cupcakes pour le Tea Time de la Twictée" car il s'agit de mon détournement pédagogique de la Twictée en anglais. J'ai initié le projet l'année dernière avec mes élèves et ceux de Flanders Lane en inventant la balise #twictools.

 

CR : Comment se passe le travail des élèves ?

 

SF : Les élèves envoient des tweets en anglais lors de communication avec d'autres participants grâce au compte de classe, et chaque élève doit corriger ses erreurs et envoyer un tweet conceptuel en français pour expliquer comment il a  corrigé l'erreur.

 

Tous ces tweets ont été mis en commun dans un Storify afin de donner naissance à un manuel de grammaire/vocabulaire par et pour les apprenants en anglais qui utilisent Twitter.

 

Cr : Comment êtes-vous passé de ce détournement de Twictée à votre nouveau projet ?

 

SF : J'ai présenté mon détournement à Ludovia 13 avec les Twictonautes de la Twictée et ils m'ont suggéré d'aller plus loin et de davantage coller au principe de la Twictée. De là est née #TwictIsland dans ma scénarisation: une ile où il y a des statues-miroirs qui représentent des classes de primaire faisant partie de la Twictée. Le principe est que mes élèves vont entrer en contact avec eux et ils nous enverront des tweets en anglais que l'on corrigera avec des #twictools qu'on leur enverra. Ensuite, à eux de nous les corriger grâce à leur expertise des #twoutils canoniques (des balises de catégorisation d’erreur qui sont les mêmes pour tous, (par exemple #AccordGN, #homophonie) et du vocabulaire spécifique de la Twictée afin que la collaboration soit circulaire.

 

CR : Qu’est-ce que cela apporte aux élèves, les vôtres comme ceux de primaire ?

 

SF : Les apports sont multiples, mais l’essentiel est la collaboration et l’entraide, ainsi bien sûr qu’une réflexion sur la langue. Les élèves de primaire produisent de l'anglais. Mes lycéens les corrigent en adaptant leur discours et en communiquant avec des codes que les plus jeunes peuvent comprendre. Puis les élèves de primaire réorientent leurs corrections en partageant avec eux des codes pour catégoriser les erreurs, les Twoutils canoniques,  afin qu’ils soient plus performants dans leurs corrections lors du prochain échange.

 

CR : Les élèves publient-ils directement ou avez-vous prévu une phase intermédiaire ?

 

SF : Le compte classe est la seule solution envisageable pour pouvoir communiquer sur Twitter sans exposer les élèves de manière individuelle et surtout de garder l'idée d'une identité numérique au projet. Les tweets envoyés ne le sont que pendant le cours, à un moment donné, et donc les élèves n'ont pas accès aux identifiants et au mot de passe du compte. J'ai du aussi expliquer aux élèves que je les bloquerai s'ils suivaient le compte afin de ne pas ouvrir une brèche dans des dangers potentiels.

 

De plus, avec l'aide de mes collègues Fabrice Marrou et Jérémie Goalès, j'ai aussi détourné la Twoutil Machine et la Twoutil Factory afin d'utiliser des formulaires qui permettent de collationner les différents éléments du tweet et qui ne sont publiés que par l'enseignant lui-même au nom du compte Twitter de la classe.

 

CR : Comment se déroule une séance, concrètement ?

 

 SF : Les élèves ont des rôles au sein d’une mission. Par exemple avec un groupe de 3e du lycée français de Vienne où Virginie Marquet a utilisé nos questions sur le virus Zika comme situation déclanchante de son propre cours. Dans la cadre de cette mission, les élèves envoient un tweet à des partenaires/experts. Par exemple dans le cadre de la mission « Zika Virus », mes élèves ont conçu des tweets à envoyer aux « docteurs » de Vienne.

 

Les élèves réfléchissent en groupe à un tweet à écrire. Puis un élève vient à ma table et vient taper le tweet. Je ne dis rien et une fois le tweet écrit, je l'aiguille sur une erreur qu'il a faite et je lui demande de m'expliquer cette erreur et on trouve ensemble une verbalisation possible puis il corrige l'erreur dans le tweet, l'envoie et tout de suite après, y « répond » en tweetant la réflexion sur l'erreur en français. Ainsi les tweets envoyés sont corrects et sans erreur mais agrémentés d'un commentaire qui indique comment l'erreur a été corrigée. Je demande ainsi aux élèves de catégoriser les erreurs avec des #, comme les twoutils canoniques.

 

CR : Qu’est-ce que #Twictisland ?

 

SF : Dans le scénario de Flanders Lane 2, c’est une ile où sont rassemblés  les « classes de primaire » participant à la Twictée. Dans l’Ile, il y a des statues-miroirs. Je suis parti sur l'idée que les classes miroirs allaient être les classes de primaires et que nous allions agir comme une classe scribe.

 

CR : Comment se passe la communication entre les classes ?

 

SF : Après être entré en contact avec les classes miroirs par les comptes des classes, mes élèves vont recevoir des tweets en anglais. Certes ces tweets ne seront pas sans faute. Il s'agit là justement de traiter le tweet comme une phrase à corriger et pas d’écrire un tweet sans erreur.

 

CR : Quelles ont été les réactions des parents ?

 

SF : Il a tout d’abord été difficile de les persuader de l’intérêt pédagogique d’un réseau social mais quand ils ont vu le « livre de grammaire collaboratif » que leurs enfants avaient produit sur Spotify, et l’enthousiasme pour la grammaire que cela a provoqué chez des jeunes qui ne s’y intéressaient  pas auparavant, ils ont vite été convaincu.

 

CR : Finalement, le bilan est très positif ?

 

SF : En effet !  Ce projet m’a permis d'utiliser le tweet comme accroche pour une aide à la production écrite et un suivi personnalisés et d’engager avec mes élèves une vraie réflexion sur l'auto-correction de leurs erreurs. Pour des élèves qui ne lisaient pas les commentaires et ne tenaient pas compte des corrections sur leurs copies, c’est un grand pas en avant : maintenant, c’est eux qui corrigent et commentent les fautes de grammaire, et cette prise de conscience a considérablement réduit leurs fautes : quel progrès !

 

Propos recueillis par Christine Reymond

 

Twictisland sur Genialy

 

 

Par fjarraud , le jeudi 24 novembre 2016.

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