Décrochage : Un demi succès du quinquennat 

N. Vallaud-Belkacem ouvre le 14 novembre un Séminaire national sur le décrochage. Pourquoi parler d'un demi succès ? A moins d'une très grosse surprise la ministre devrait annoncer une réduction du nombre de décrocheurs en 2016, mais en dessous de la promesse présidentielle d'une baisse de moitié. Malgré cela, passé de 140 000 à environ 110 000, le nombre de jeunes sortis sans qualification du système a sensiblement baissé durant le quinquennat, à la différence du quinquennat précédent. Si de nombreux acteurs sont intervenus dans ce dossier, l'Education nationale a fait aussi sa part avec des dispositifs audacieux comme la prime aux décrocheurs ou le droit au retour en formation.

 

Peillon : Une réforme pédagogique

 

Début 2014, Vincent Peillon avait dressé un plan de campagne qui finalement a été suivi après son départ. Le 8 janvier 2014, il donnait ses consignes : " L'idéal c'est de prévenir. Cela suppose la refondation de l'Ecole avec une école bienveillante qui accorde à chacun l'intérêt nécessaire. C'est un changement d'état d'esprit sur l'élève et la pédagogie". Le ministre précisait : "le redoublement n'est nécessaire que dans un quart des cas dans les autres il produit l'échec. On doit apprendre à noter de telle sorte que la notation soit un encouragement pour les élèves et non une occasion de blessure". V Peillon liait ainsi la lutte contre le décrochage à des réformes pédagogiques qui ont vu le jour après lui : la quasi extinction du redoublement, les incitations à une évaluation bienveillante, une tentative de réformer la pédagogie au collège avec une réforme qui a du mal à se concrétiser.

 

Les applications sous N Vallaud Belkacem

 

Le 6novembre 2014 , François Hollande allait plus loin en promettant "que tout jeune pourra avoir une seconde chance", promesse concrétisée en décembre 2014 par un arrêté créant un "droit opposable" au retour en formation. Selon ce texte, " tout jeune âgé de seize à vingt-cinq ans révolus sortant du système éducatif sans diplôme ou ne possédant que le diplôme national du brevet ou le certificat de formation générale bénéficie, à sa demande, d'une durée complémentaire de formation qualifiante qui a pour objet de lui permettre d'acquérir soit un diplôme, soit un titre ou certificat inscrit au répertoire national des certifications professionnelles". La formation peut être dispensée " sous statut scolaire, dans le cadre d'un contrat en alternance ou sous statut de stagiaire de la formation professionnelle." Sous statut scolaire, " la formation qualifiante dispensée sous statut scolaire a une durée n'excédant pas une année scolaire, éventuellement renouvelable en fonction de la durée de formation nécessaire pour accéder au diplôme. Une circulaire publiée en mars 2015 fixe les détails d'application pour la rentrée 2016. Ce texte sera complété par  un autre arrêté pris en aout 2016 créant une prime de 600 euros pour les jeunes raccrocheurs.

 

Enfin un autre décret a institué un droit au redoublement pour les élèves de terminale, avec la possibilité d'un cursus aménagé selon les souhaits de l'élève. Ce texte est lui aussi en application depuis la rentrée.

 

L'Education nationale a aussi créé un "parcours aménagé de formation initiale" depuis la rentrée 2015, généralisé dans les académies en 2016. Il permet de créer un emploi du temps spécial pour des jeunes qui ont besoin de "respirer" et d'avoir des activités extra scolaires.

 

Des dispositifs dispersés

 

Autant dire que l'Education nationale faut beaucoup et n'a pas hésité à remettre en question des pratiques qui semblaient bine installées.

 

Mais l'expression demi succès tient aussi aux limites des efforts gouvernementaux. Une vive critique a été faite par la Cour des Comptes en janvier 2016. Elle parle de "dispersion des dispositifs" et de "prise en charge éparpillée".

 

C'est que le dossier a échappé à l'Education nationale. On a vu l'Elysée s'en emparer en 2014. Matignon aussi est intervenu. Et il y a bien d'autres acteurs avec au premier rang les régions. Un accord a été signé en juillet 2015 avec l'Association des régions de France pour renforcer les plates formes de suivi et d'appui des décrocheurs (PSAD). Interviennent dans la lute contre le décrochage l'Education nationale mais aussi la Ville, l'emploi, les régions, les missions locales, la Défense avec les Epides, des cercles patronaux avec les Ecoles de la 2de chance. Bref tout un éventail d'acteurs qui selon la Cour se coordonnent mal et dilapident les moyens.

 

La Cour des comptes évalue l'ensemble des budgets venant au secours des 480 000 jeunes décrocheurs à environ 2 milliards d'euros. Une somme très importante mais qui est à la hauteur du défi humain et économique du décrochage.

 

Reste que le défi est d'abord pour l'Education nationale. C'est elle qui doit en premier  prévenir le décrochage. Depuis un rapport des inspecteurs Armand et Bisson Vaivre on sait que la prévention passe d'abord par de nouvelles approches pédagogiques.

 

François Jarraud

 

Décrochage : le DOSSIER du Café pédagogique

 

 

   

Par fjarraud , le lundi 14 novembre 2016.

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