Budget : La contre offensive de N Vallaud Belkacem 

Intégration des lycées dans les REP, diminution des effectifs élèves... Intervenant devant les commissions des Finances et de l'Education de l'Assemblée nationale le 2 novembre, N Vallaud Belkacem a fait plus que défendre son budget. La ministre a saisi l'occasion de cet ultime tour de piste budgétaire pour démolir avec force le programme éducatif de l'opposition. Finalement elle a amorcé un contre programme pour 2017.

                                        

Du débat à l'affrontement

 

 "Croyez vous sérieusement que c'est avec moins d'enseignants que l'on relève les défis éducatifs ?" Mal en a pris, le 2 novembre, aux leaders de l'opposition venus critiquer en commission mixte, Finances et affaires culturelles et éducation, le budget de l'Education nationale. Ce qui devait être un exercice rhétorique classique est devenu une exécution en règle décidée et ordonnée par une ministre particulièrement en verve.

 

En principe tout est joué lors de l'analyse en commission du budget. Les députés posent quelques questions. L'opposition fait part de ses critiques. Le vote est acquis : les deux commissions vont d'ailleurs délivrer au final l'avis favorable au projet de budget. Et le vrai débat a lieu en séance. Le 2 novembre, N Vallaud Belkacem a renversé cet ordre tranquille et transformé le débat en commission en affrontement de séance. Au point d'amorcer un contre programme.

 

Après les interventions , toutes très favorables au projet de budget, des deux rapporteurs, Alain Fauré et Pascal Demarthe, une vingtaine de députés sont intervenus sur le budget de l'Education nationale. Les spécialistes de la droite parlementaire ont voulu porter leurs critiques habituelles.

 

"La décomposition des apprentissages au collège"

 

 "Le gouvernement s'entête dans une hausse des effectifs enseignants alors qu'on sait qu'ele est inopérante et qu'il n'y a pas d'amélioration du système éducatif", affirme Frédéric Reiss (LR). Il dénonce "7 milliards dépensés de manière inefficace" et "une énorme facture pour les successeurs". "Vous annoncez la fin des notes chiffrées", dit-il pour dénoncer "un nouvel égalitarisme". La réforme du collège lui semble "guidée par l'idéologie égalitariste.. Tous les symboles de l''excellence et du gout de l'effort sont remis en cause".  Pour F Reiss, les EPI symbolisent cette glissade décadente : "le vivre ensemble prend le pas sur les savoirs". D'ailleurs "dès l'école primaire on n'exige plus rien des enfants". Rudy Salles (UDI) dénonce de son coté "la décomposition des apprentissages au collège". Quant au député LR JL Lurton, il conteste les orientations de la réforme : "ce problème de ségrégation sociale (à l'école) reste à démontrer" dit-il.

 

Annie Genevard (déléguée nationale à l'éducation LR) s'attaque à la revalorisation des enseignants. Pour elle, "l'isae est une mesure pour ramener l'électorat enseignant... On avait une autre approche avec des heures supplémentaires défiscalisées pour un service accru délivré par des enseignants expérimentés", explique-t-elle.

 

Collège : "Je n'ai pas vu la catastrophe prédite"

 

N Vallaud Belkacem va apporter une triple réponse. D'abord technique. "Il y a deux ans on se réjouissait de ce que le budget de l'éducation nationale était redevenu le premier budget de la nation", dit-elle. "Je suis heureuse de vous confirmer que c'est le cas... C'est moins une dépense qu'un investissement".

 

"La rentrée au collège s'est bien passée", constate-elle. "Je n'ai pas vu la catastrophe prédite".  Elle affirme avoir créé 2000 postes pour cette rentrée au collège. Elle souligne les crédits du plan numérique qui touche un quart des collèges et près de 2000 écoles ainsi que la nouvelle politique d'éducation prioritaire avec 7 600 poste supplémentaires. La ministre met aussi l'accent sur la hausse des fonds sociaux des établissements (+20%)

 

Croyez vous sérieusement que c'est avec moins d'enseignants que l'on relève les défis éducatifs ?

 

Mais la ministre passe à l'attaque des critiques de l'opposition en reprenant les projets des candidats au primaire. Les leaders de l'opposition envisagent tous des suppressions de postes de fonctionnaires dont au moins 100 000 pour l'éducation. Pour la ministre cela veut dire le remplacement d'aucun départ en retraite pendant un quinquennat et donc la cloture des concours de recrutement.

 

"Croyez vous sérieusement que c'est avec moins d'enseignants que l'on relève les défis éducatifs ?", dit-elle. "Tous nos résultats sont le résultat de cette politique de suppression de 80 000 postes (menée entre 2007 et 2012). Vous resservez les mêmes recettes qui ont démontré qu'elles ont produit le mal", lance-t-elle à l'opposition. "Croyez vous que c'est avec moins d'adultes que les enfants vont mieux respecter l'autorité ? Pensez vous que la qualité des enseignants va de pair avec la suppression de leur formation ?... Ne venez pas commenter le fait qu'on ne pourvoit pas tous les postes d'enseignants quand on en a 93% aux concours, quand vous vous apprêtez à mettre fion aux concours... Vous avez asséché le vivier des remplacements et vous venez nous faire des leçons sur la façon de remplacer ?".

 

La ministre réagit aussi sur les critiques portées sur le collège. "Lorsqu'on nous dit "sur la réforme du collège j'abrogerai ce qui a été fait ça signifie qu'on va revenir à la LV2 en 4ème" , demande-t-elle ?

 

L'amorce d'un nouveau programme pour 2017

 

Elle conclut sur la revalorisation. "Qu'est ce qui garantit qu'en 2020 le gouvernement mettra les 500 millions restants de l'accord PPCR" lance-t-elle. "Je pose la question. J'espère que vous prendrez l'engagement de poursuivre le PPCR".

 

Dernière étape, N Vallaud Belkacem dessine une nouvelle étape pour l'après 2017. Après avoir rappelé la hausse des fonds sociaux et des bourses, la ministre promet d'aller "plus loin" en faveur de l'éducation prioritaire. "On devra aller plus loin pour réduire les effectifs dans les classes", dit-elle. "Les personnels des lycées (des ex ZEP) ont raison. Il faudra faire cette réforme des lycées d'éducation prioritaire. On a créé une allocation progressive des moyens (des établissements). Il faudra aller plus loin".

 

C'est une véritable invitation au combat sur le bilan de l'Ecole que N Vallaud Belkacem a lancé à la droite le 2 novembre. Le débat en séance pourrait ne pas être consensuel.

 

François Jarraud

 

 

 

Par fjarraud , le jeudi 03 novembre 2016.

Commentaires

  • FERMATH79, le 03/11/2016 à 22:30
    S'il est vrai que Mme Vallaud-Belkacem a raison de mettre en évidence tous les dégâts réalisés par l'ancien gouvernement de Nicolas Sarkozy (qui voue une véritable haine envers les enseignants), il ne reste pas moins vrai qu'en bonne politicienne, elle omet - sans doute volontairement - quelques réalités : Le maintien du niveau du point indiciaire, dont dépend directement le salaire des enseignants, jusqu'au mois de juillet 2016 (+0,6%, soit environ une dizaine d'euros mensuel et + 0,6% en janvier 2017) depuis il est vrai 2010. Tout cela est bien tardif ... ou calculatoire! Le recrutement reste toujours problématique, contrairement à ses affirmations (voir reportage envoyé spécial France2, Elise Lucet). La profession n'attire plus, pourquoi ? Peut-être que les réponses sont gênantes ... En tout cas, le "plus beau métier du monde" a du plomb dans l'aile ... 

Vous devez être authentifié pour publier un commentaire.

Partenaires

Nos annonces