Inversion de tendance en éducation prioritaire ? 

L'éducation prioritaire connait-elle "un début de stabilisation des équipes" voire "un début d'attractivité" ?  C'est ce que la ministre a mis en avant le 29 aout et qu'une partie de la presse a repris. Mais les éléments actuels sont-ils suffisants pour tirer des conclusions sur l'attractivité du prioritaire ?

 

Des avantages bien réels

 

"Notez ce chiffre, si intéressant et absolument inédit : dans les mutations demandées par les enseignants en Éducation Prioritaire, alors qu’ils étaient classiquement 92% en REP à demander à quitter l’éducation prioritaire, cette année, pour la première fois, on note une tendance à la baisse : ils sont 70% à l’avoir fait ! En d’autres termes, c’est bien un début de stabilisation des équipes qui apparaît, et c’est une immense victoire", a déclaré N Vallaud Belkacem le 29 août lors de sa conférence de rentrée.

 

Elle ajoute : "D’autant que s’agissant des enseignants exerçant hors Éducation Prioritaire, et souhaitant muter, ils ont été 12% à demander à rejoindre cette éducation prioritaire, contre 6% l’an passé. Là aussi, c’est un début d’attractivité qui apparait pour la première fois, et qui en dit long sur les effets que peut produire notre politique éducative, si elle est poursuivie avec constance et sérieux".

 

La nouvelle politique d'éducation prioritaire a effectivement amélioré les conditions d'emploi des enseignants particulièrement en Rep+. Leur indemnité a été revalorisée (2 312 € en rep+) et du temps a été dégagé pour le travail d'équipe, la formation ou même pour souffler un peu dans le second degré. Ainsi dans le second degré, chaque heure est pondéré à hauteur de 1.1 ce qui réduit la semaine de cours à 16.4 h au lieu de 18h. Le nouvel accord PPCR donnera à ces enseignants un accès accéléré à la hors classe et à la classe exceptionnelle à condition qu'ils aient exercé 8 ans en Rep+, ce qui représente un avantage non négligeable.

 

Le role des mutations

 

C'est probablement ce qui explique la réduction des demandes de mutation de 92 à 70%. L'effort de formation, et donc le souci dont l'institution fait preuve envers ses enseignants, la revalorisation envoient des signaux positifs. L'éducation prioritaire semble être la seule partie de l'institution où la notion d'équipe pédagogique n'est pas qu'une formule mais est prise en compte réellement. Mais l'argument trouve aussi une limite. Les établissements prioritaires restent des lieux qu'une écrasante majorité des adultes souhaite quitter chaque année...  Il reste à faire...

 

Le doublement des taux de demande d'entrée en Rep est peut-être motivé par les nouveaux avantages. Mai s bien d'autres éléments peuvent l'expliquer. Le plus évident ce sont les difficultés à muter. Beaucoup d'enseignants sont "piégés" dans leur académie ou leur département. Et il est plus facile de décrocher un poste en éducation prioritaire qu'ailleurs...Pour une bonne partie de ces demandes, travailler en rep c'est ouvrir la porte d'une académie inaccessible autrement Un autre facteur a pu jouer : les inégalités entre établissements prioritaires.  Le choix des établissements a créé des inégalités entre académies qui ont généré de longues négociations et pas mal d'ajustements. La situation éducative dans certains rep peut être paradoxalement meilleure que des établissements non rep d'une académie voisine. Et ça se sait...

 

Ne boudons pas les efforts réalisés qui constituent des progrès réels par rapport à la situation antérieure. Saluons les. Mais attendons un peu pour voir...

 

F Jarraud

 

Le discours ministériel

Un nouvel élan pour l'éducation prioritaire

 

 

Par fjarraud , le vendredi 02 septembre 2016.

Commentaires

Vous devez être authentifié pour publier un commentaire.

Partenaires

Nos annonces