Comment développer le langage chez les petits ? 

Isabelle Nocus, Agnès Florin, Florence Lacroix, Aurélie Lainé et Philippe Guimard présentent  une étude des plusieurs dispositifs de prévention des difficultés langagières dans des contextes monolingues ou plurilingues. L'étude remet en question les résultats du programme "Parler bambin" et valide des programmes de soutien aux langues locales en contexte plurilingue.

 

Très soutenu par l'institution scolaire, le programme Parler bambin a essaimé dans de nombreux accueils municipaux. Il met en place un bain langagier s'appuyant sur un protocole très rigide. La première évaluation est critiquée pour la faiblesse de l'échantillon, l'absence de suivi de cet échantillon réduit et le non contrôle de l'implication des parents.

 

L'équipe a réalisé une évaluation du dispositif  dans 4 structures nantaises sur 140 enfants. "Les principaux résultats ne permettent pas de mettre en évidence un effet positif global du dispositif « Parler Bambin », ni un effet positif spécifique pour les enfants qui ont participé aux ateliers. Les progrès des enfants sont identiques dans les trois groupes, et donc non imputables au dispositif lui-même. Les petits parleurs16 ont bien un niveau langagier inférieur à celui des autres enfants en début d’étude et, malgré leur progression, ils ne parviennent pas à rattraper leur niveau en fin d’année", estime l'étude.

 

A l'inverse un autre dispositif de groupes de parole en maternelle a été évalué positivement. Surtout, "le suivi longitudinal a aussi montré que le fait d’être « petit parleur » à 2 ans n’est pas prédictif des compétences langagières ultérieures, alors qu’être « petit parleur » à 3 ans est associé à une moindre maîtrise de l’oral les années suivantes et à des résultats scolaires plus faibles", notent les auteurs.

 

L'étude de plusieurs dispositif de soutien aux langues locales (canaques ou polynésiennes) montre que l'enseignement des langues locales soutient nettement celle du français. Ainsi, l'étude montre "un effet massif du dispositif sur le drehu en fin d’année, le groupe expérimental ayant de meilleurs résultats que le groupe contrôle, sans effet négatif sur le français, en dépit de 5 heures hebdomadaires en moins en français. De plus, des effets de transfert du drehu sur les compétences en français de début CP ont été observés. Ainsi, en travaillant dès l’école maternelle sur les compétences en drehu, il est possible de transférer ces compétences sur l’un des indicateurs de réussite scolaire au CP, la lecture-identification de mots".

 

Pour les auteurs, ces dispositifs bilingues " sont destinés à contribuer au développement des enfants comme membres d’une communauté marquée par une double culture, les apprentissages langagiers étant considérés certes en termes de performances, mais aussi comme éléments d’une identité sociale et culturelle. Les effets des enseignements bilingues ainsi développés à l’école maternelle et élémentaire sont attestés sur plusieurs dimensions des compétences langagières, sans pénaliser d’autres apprentissages. Mais les effets durables sont liés à la pérennité de ces dispositifs sur plusieurs années".

 

L'étude

 

 

Par fjarraud , le mercredi 25 mai 2016.

Commentaires

Vous devez être authentifié pour publier un commentaire.

Partenaires

Nos annonces